LA NOUVELLE REPUBLIQUE : LA VOIX DE SON MAITRE !

Dans son édition du 12/11/08, La Nouvelle République consacre une page aux fameux anarcho-autonomes, cette nouvelle  »mouvance » politique inventée par le ministère de l’intérieur. Depuis un an, on nous rebat les oreilles sur ces nouveaux  »terroristes ». Cette campagne de falsification a déjà conduit des gens en prison, Un exemple parmi d’autres :deux personnes ont été incarcérées de manière préventive parce qu’elles transportaient des clous et des fumigènes dans une voiture en se rendant à une manifestation devant le camp de rétention de Vincennes.
Cette campagne a pris plus de vigueur en raison des  »sabotages » dont aurait été victime la SNCF. Le sabotage n’est pas du terrorisme, mais une pratique militante inscrite dans l’histoire du mouvement ouvrier. Emile Pouget (un des fondateurs de la CGT) a publié en 1911 une brochure justifiant le sabotage comme moyen d’action. Sera-t-elle interdite par la ministre de l’intérieur ?
Que l’on soit d’accord ou pas avec ces formes d’action, amalgamer le fait de s’en prendre à un outil de travail et tenter de semer la terreur dans la population ne vise qu’à criminaliser tous les militants s’opposant à la société capitaliste, en faisant d’eux des terroristes. Militer pour la régularisation de tous les sans papiers, pour l’arrêt du nucléaire, contre la culture des OGM devient un acte terroriste pouvant porter atteinte à la vie d’autrui ou à la sûreté de l’Etat.
Mais la police inspire plus de terreur que des militants : combien de personnes se sont défenestrées ou noyées à la seule vue d’uniformes bleus, parce qu’il leur manquait le papier que leur refuse le ministère d’Hortefeux ? Le 18 octobre, une femme s’immolait au Mans et décédait le lendemain à l’hôpital de Tours parce qu’elle ne supportait pas que son compagnon soit expulsé.
La Nouvelle République n’échappe pas à cette propagande. Et publie le 12/11/08, un encart sur la situation en Indre et Loire. « l’ultragauche [synonyme d’ anarcho-autonomes] tourangelle s’agrège surtout autour des comités de soutien aux demandeurs d’asile et aux sans-papiers. Il y a une dizaine de  »meneurs » qui se sont aussi illustrés lors des manifestations contre le CPE et la LRU. Ils ont, à plusieurs reprises, occupé la faculté des Tanneurs. Ils ont aussi organisé un squat de sans-papiers place de la Victoire. S’ils ont eu affaire à la justice, c’est pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre ou diverses légères dégradations. ».
Une fois de plus la NR est en dessous de tout travail journalistique. Nous savons qu’il y a un seul Collectif de Soutien aux Demandeurs d’Asile et aux Sans Papiers en Indre et Loire. Ce pluriel recouvre-t-il aussi RESF 37, Chrétiens Migrants, voire la CIMADE, qui sur le département, militent aussi en soutien aux sans papiers et aux demandeurs d’asile ?
La NR affirme qu’il y aurait 10 meneurs : quelles sont ses sources ?
Les militants du CSDASP participent aux luttes universitaires : quoi de plus normal, puisque plusieurs sont étudiants et qu’ils s’opposent à la marchandisation de l’éducation. Que d’autres du collectif se sentent concernés, quoi de plus normal, lorsqu’ils luttent pour des services publics gratuits et dignes de ce nom !
Le CSDASP lutte aussi sur la question du logement : il interpelle les autorités pour dénoncer que des hommes, des femmes et des enfants soient laissés à la rue, qu’ils aient des papiers, ou pas, ou qu’ils soient français. Il milite pour la réquisition de logements vides : la mairie, la préfecture ne veulent pas réquisitionner des logements vides, comme les autorise la loi, alors nous montrons que c’est possible, en ouvrant un squat à la Victoire avec d’autres. Mais il n’y a jamais eu de sans papiers à la Victoire. Ainsi donc, pour conforter son oeuvre de propagande, la NR publie des informations mensongères !
Le fait que des militants se fassent interpeller lors de manifestations, cela fait partie, des pratiques régulières de la police, qui cherche aussi à criminaliser certaines personnes et qui n’hésitent pas à mentir, en sachant que bien souvent la justice ira dans leur sens. Combien d’entre nous ont subi des arrestations musclées et ont été accusés d’outrage et/ou de violence ?
Est-ce que les militants anticapitalistes sont plus destructeurs que les traders qui ont déjà coûté, au bas mot, 1500 milliards d’euros à la Communauté européenne et dont les activités spéculatives sont à l’origine de la misère et la précarité grandissantes en France et dans le monde ? Les millions de chômeurs à venir en raison de la crise pourront poursuivre pénalement les capitalistes qui les auront conduit à percevoir le RMI et à faire appel aux associations caritatives pour pouvoir se nourrir, s’habiller, obtenir un hébergement ?
Nous ne pouvons passer sous silence le choix de l’expert par ce quotidien : Jean Phillipe Roy, maître de conférence de sciences politiques à l’université de Tours. Il déclare « Elle [l’utragauche] me paraît relever de l’anarcho-syndicalisme, c’est à dire à la fois une vision anarchisante de la société et une organisation qui essaie de se mettre en place. » Ramener l’utragauche à l’anarcho-syndicalisme c’est faire preuve d’une profonde méconnaissance de l’histoire du mouvement ouvrier, de la Révolution espagnole. Mais nous laissons les anarchosyndicalistes de Solidaires, de la Confédération Nationale du Travail ou ceux qui seraient encore à la CGT, le soin de développer ce point.
Ceci nous confirme que ce quotidien régional est un outil de propagande à la solde des pouvoirs locaux et la voix de la police.
Plus grave, il y a tout lieu de craindre, que l’encart cité plus haut soit la version policière de la  »réalité » de  »l’utragauche » en Indre et Loire. Préfigurerait-il une vague de répression dont nous serions parmi les cibles ? Il devient urgent, qu’à l’échelle locale mais aussi nationale, voire internationale, la solidarité entre les personnes, organisations politiques, associations, collectifs, etc. luttant contre l’exploitation et la domination capitalistes se concrétise. Les classes dirigeantes cherchent à imposer les élections comme seul espace politique accessible, afin de pouvoir s’assurer leur pérennité.
Le CSDASP participe à la construction d’une coordination dans le grand ouest des différents collectifs soutenant les sans papiers, mais cela n’est pas suffisant. Réfléchir et agir pour la convergence des luttes. rendra crédible la rupture avec la société capitaliste pour qu’enfin, les êtres humains soient au centre des rapports sociaux et en finir avec les profits, l’exploitation et la domination.
Nous sommes révolutionnaires car nous voulons construire une société fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité sociale et de solidarité.
Tours, le 16/11/08
Collectif de Soutien aux Demandeurs d’Asile et aux Sans Papiers
06 34 19 64 98
csdasp37@no-log.org