Le 20 octobre 2000, une centaine de détenus politiques déclenchaient une résistance, un ‘jeûne de la mort’ contre le projet des prisons cellulaires de type F.

Cette résistance a eu un écho sans précédent dans tout le pays.

Un large mouvement de sympathie s’est développé, très tôt réprimé par la terreur d’Etat.

Une deuxième vague de répression s’abattit le 19 décembe 2000 mais cette fois, la cible, c’étaient les grévistes de la faim eux-mêmes.

C’est ce jour-là qu’ils furent déportés vers les nouvelles prisons de type F.

Au cours de cet assaut militaire, 28 prisonniers furent tués par balles, à coups de gourdins, asphyxiés par les gaz ou brûlés vifs. Ce massacre n’a pourtant pas suffi à stopper la résistance.

Ainsi, des centaines d’autres prisonniers rejoinrent le mouvement de grève de la faim.

Entre-temps, les familles et les camarades des prisonniers entamaient eux aussi une grève de la faim par solidarité dans plusieurs villes de Turquie.

Pour en finir définitivement avec cette résistance, les autorités imposèrent un black out médiatique total.

Mais avec les premiers décès, le mur de la censure s’est peu à peu lézardé.

Hors-les-murs, les yeux étaient désormais rivés sur le quartier stanbouliote de Küçükarmutlu ou là aussi, les premier décès déchirèrent le silence imposé.
Pour étouffer la voix des détenus, les autorités ont recouru à d’autres subterfuges.

Finalement, les autorités ont opté pour la libération conditionnelle des prisonniers grabataires, non pas dans un élan de compassion pour les prisonniers mais en guise de corruption, dans le but avoué de briser le mouvement de grève. En vertu de l’article 399 du code de procédure pénale les prisonniers ayant atteint l’article de la mort ont été effectivement libérés.

Les prisonniers du DHKP-C relachés n’ont pas pour autant abandonné leur combat: regroupés dans le quartier Küçükarmutlu, ils poursuivirent leur résistance côte à côte et s’éteignirent les uns après les autres (de nombreuses organisations révolutionnaires ont participé à cette résistance en dehors des prisons. Cependant, la seule organisation à avoir respecté ce mot d’ordre, c’est l’organisation des prisonniers du DHKP-C).

Débordé par le mouvement de sympathie envers les grévistes de la faim, l’Etat imposa un blocus autour du quartier de Küçükarmutlu pour empêcher les milliers de visiteurs de rencontrer les résistants.

Le 5 novembre 2001, la police lança l’offensive sur le quartier d’Armutlu, assassinant cette fois quatre camarades: un simple visiteur, une accompagnatrice des grévistes de la faim, une gréviste de la faim sur le point de mourir et un vétéran des grèves de la faim de 1996.

Une semaine plus tard, l’Etat procéda à une seconde rafle pour arrêter d’autres grévistes de la faim.

Décidé à en finir définitivement avec la résistance, l’Etat s’attaqua au droit de résistance en ratifiant une nouvelle loi interdisant le jeûne de la mort. Parallèlement, l’Etat a fait passer une loi qui légalise l’alimentation forcée.

Pourtant, la résistance continuait à donner des martyrs tant dans les prisons qu’à l’extérieur (et même à l’étranger).

Cette résistance carcérale, la plus grande de l’histoire, dans laquelle près de la moitié des participants sont morts à l’extérieur a coûté la vie à 107 personnes.

En outre, plus de 500 prisonniers souffrent du syndrome de Wernicke-Korsakoff (amnésie, ataxie) des suites de leur médicalisation forcée.

Il faut ajouter à ce bilan celui des victimes des attaques policières visant les manifestations de solidarité avec les grévistes de la faim.

La résistance continue envers et contre tout.

Depuis le début de cette résistance, quatre gouvernements et trois ministres de la justice se sont succédés.

La vitrine a changé mais pas la politique de terreur qui a été le dénominateur commun de tous ces gouvernements, qu’ils aient été (d’apparence) de gauche, de droite ou islamiste.

Tous ces gouvernements ont les mains maculées de notre sang.

Ils sont tous collabos des impérialistes et n’ont pas hésité à verser notre sang lorsqu’il s’agissait de mettre à exécution les plans US et UE.

L’UE, les USA et l’oligarchie veulent tous les trois isoler la lutte révolutionnaire en vue de l’anéantir.

Pour cela, il arborent que les prisons de type F sont des produits conformes aux “normes européennes”.

Outre le caractère anti-démocratique de l’Europe, ce qu’il faut retenir par cette appellation, c’est que la lutte contre l’isolement en Europe n’a pas été conséquente.

Appel mondial à toute la gauche et aux forces révolutionnaires:

Toutes les forces, révolutionnaires ou non, qui s’opposent à l’impérialisme sont soumises à diverses formes d’isolement : l’embargo contre Cuba, le blocus autour d’Arafat, les listes noires, l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak sont toutes des formes de “guantanamisation” du monde.

Ces formes d’isolement sont utilisées en toute impunité malgré les législation nationale et internationale en vigueur.

Si le droit de résistance est bafoué en Turquie, il l’est tout autant en Irak: les Etats-Unis sont en effet parvenus à légaliser leur occupation par une résolution des Nations Unies, criminalisant ainsi la résistance patriotique du peuple irakien.

La résistance est en l’occurrence une nécessité vitale. Le jeûne de la mort contre les prisons de type F est foncièrement un combat contre les guerres, les occupations et la misère qui frappent l’humanité.

Il s’agit d’une résistance pour la souveraineté nationale, la dignité et la liberté.

A ce titre, il est un devoir pour toute organisation engagée dans toute lutte nationale, démocratique ou sociale de se battre contre la répression carcérale en soutenant la résistance des grévistes de la faim.

De même, l’impérialisme s’attaque aux peuples sur tous les fronts, de même nous devons fédérer nos forces et développer une résistance commune contre l’impérialisme.

LA LUTTE CONTRE L’ISOLEMENT SE POURSUIT MALGRE 107 MORTS

L’ISOLEMENT CARCERAL, LES LISTES NOIRES ET LES GUERRES D’OCCUPATION SONT L’OEUVRE DE L’IMPERIALISME

VIVE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE

Le 20 octobre 2003
DHKC International