Je précise d’entrée : je ne suis pas membre de cette association, et suis loin d’être acritique envers elle, on pourra y revenir.

Malgré tout, ils ont appelé à deux manifs au Mesnil-Amelot, et à chaque fois, nous étions une vingtaine, seulement. Si les détenus ne s’étaient pas révoltés samedi dernier, le bilan serait pas terrible du tout : que foutait la presse (France culture, le parisien, et un journaleux de je ne sais plus quelle agence de presse) juste à côté de nous, micros allumés devant le centre, à qui les membres d’SOS parlaient sans retenue et filaient les numéros de retenus?

Pourquoi tous ces appareils photos qui mitraillaient dans tous les sens ? Pour mettre en spectacle une mobilisation politique ? Les RG placés sur le toit du bâtiment, avec leur télé-objectif, ne suffiraient pas pour ficher tout le monde ?

Rappelons qu’un manifestant qui prend des photos/vidéos avec son téléphone et autre appareils peut finir en garde à vue comme n’importe quel autre, sauf que celui ci verra ses photos/vidéos servir aux enquêtes de police… Seulement ce Samedi 2 Aout il y avait une proportion d’à peu prés un appareil photo par personne et d’au moins 5 journalistes pour une vingtaine de manifestants.

Qu’un membre (leader) de cette asso se montre ostensiblement devant les flics, donnant ouvertement son nom (par la suite relayé dans la presse, waaaouuu), au fond, on pourrait dire que ça le regarde, si il a envie de tout prendre dans la tronche… Mais le problème c’est que l’État n’attend que ça, de pouvoir isoler des personnes (s’il peut les nommer, alors c’est du gâteau) pour ensuite centrer le problème sur elles. Résultat ici : l’asso « SOS sans papiers », par naïveté (?), ne prend aucune précaution de prudence dans un mouvement risqué (la lutte pour la destruction des CRA), filme ses actions, et se retrouve à faire la une des journaux. Plus encore, je me fiche de savoir si l’asso a comme stratégie de finir en procès contre Hortefeux, espérant jouer les martyrs ou attirer l’attention de « l’opinion publique » sur la question de la chasse aux personnes sans papiers ; le problème ici, c’est que les sans-papiers se retrouvent infantilisés (en gros, si l’asso n’avait pas été là samedi pour encourager à l’incendie, rien ne serait arrivé, les sans-papiers ne sont pas assez intelligents pour pouvoir se révolter eux-mêmes). Je précise bien que cette infantilisation est véhiculée par la presse, par SA façon de relayer les évènements.

Samedi, une banderole a été déployée devant le CRA : « Destruction des centres de rétention ». Très bien ! Mais le truc, c’est que dés qu’on décide d’être nominatif, et de prendre le risque de s’afficher sans prudence, du genre : « Telle banderole= telle asso=tels noms », on ne peut renier ce qu’on fait ensuite, on ne peut pas dire à la presse bourgeoise (ou devant le juge…) pour rassurer le petit monde : « Oh mais c’est faux, on a jamais appelé à brûler les CRA, on est juste pour leur fermeture » (Cf les communiqués de SOS). Car il y a un manque de cohérence à tenir un discours radical et user de méthodes purement réformistes et légalistes.

Si procès il y a, si des personnes qui luttent sincèrement dans ce mouvement s’en prennent plein la gueule quand l’État frappera, NOUS SERONS SOLIDAIRES, parce que nous sommes dans cette lutte depuis le début.

Mais solidarité ne rime pas avec aveuglement ; les membres d’SOS sans papiers devraient peut-être réfléchir aux conséquences de la stratégie qu’ils adoptent, à savoir : parler à la presse, dialoguer avec les responsables du CRA, donner des noms, etc..

Quelques mots encore : si ce texte se veut critique, il n’y a pas d’exclusif : je ne pense pas une seconde que les « militants » de l’association citée viennent devant le CRA par goût du spectacle, et j’en ai bien plus contre tous ceux qui se contentent hypocritement d’un soutien « dans les mots » aux sans papiers, à ceux qui collent ( ou plutôt qui envoient coller leurs jeunes recrues) des affiches demandant la régularisation de tout le monde, mais qui n’auront jamais le cran de pointer leur cul devant les CRA, là où les détenus ont aussi besoin de soutien. En bon révolutionnaires de salon et de plateaux télés qu’ils sont.

Pour finir, ce qui doit compter le plus, c’est la révolte en elle-même, pas de montrer son nom, son visage, pas de s’afficher dans la presse pour se faire mousser, pas d’attirer l’attention sur soi, sur son organisation, plutôt que sur la lutte en elle-même.

Voilà, c’était juste quelques mots à chaud.

E.G
Compte rendu trouvé sur le net.