Lutte contre les mesures darcos à nantes : solidarité contre la répression policière !
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Le mercredi 11 juin, des enseignants du premier degré manifestent devant l’inspection académique à Nantes. Ils protestent contre les attaques que constituent les mesures Darcos. Alors qu’une partie des manifestants reste devant le bâtiment avec les enfants, les autres envahissent pacifiquement les couloirs et les escaliers en demandant à rencontrer Gérard Prodhomme, l’inspecteur d’Académie, pour lui présenter leurs doléances. La réponse de ce haut fonctionnaire de l’État ne se fait pas attendre, il appelle la police.
Très vite les forces de l’ordre apparaissent aux portes des escaliers dans lesquels sont stationnés les manifestants. Sans aucune sommation, les policiers se jettent sur eux pour les obliger à rebrousser chemin vers la sortie. Ces policiers n’ont pas de protection individuelle parce que les enseignants ne sont pas assez nombreux pour nécessiter une intervention lourde. Mais ce sont des fonctionnaires de la sécurité publique, l’une des unités les plus violentes et parfaitement préparée à ce genre d’intervention.
La vidéo qui a circulé sur Internet montre bien la violence du choc (http://retrait.mesures.darcos.over-blog.com/article-203…5.htm 1). L’objectif est clair : il faut couper le souffle des manifestants, leur faire mal, les impressionner. Sans ménagement, hommes et femmes sont poussés dans les escaliers, il y a des habits déchirés, certains tombent les uns sur les autres au milieu des cris et des pleurs. Ceux qui s’accrochent à la rampe sont pris à la gorges, on leur tord les doigts pour qu’ils lâchent prise. Telle est la violence déterminée de la classe dominante lorsqu’elle défend ses privilèges, cette classe qui, sous les uniformes bien coupés de la gauche ou de la droite, parade au sénat, au parlement et autres institutions de l’État avec ses bonnes manières et son langage châtié. C’est pourtant cette classe qui, par l’intermédiaire de ses sbires, matraque sans merci les travailleurs qui cherchent à se défendre contre des attaques injustes et répétées.
Après la violence viennent les mensonges. La presse publie un communiqué de la Préfecture annonçant qu’il y aurait eu trois blessés parmi les policiers dont l’un s’est vu attribuer vingt et un jours d’incapacité. Il faudrait leur conseiller de ne pas taper si fort, les pauvres, ça leur fait mal. Mais l’objectif n’est pas difficile à deviner : il faut préparer le terrain pour des poursuites judiciaires, complément indispensable des violences policières afin d’imposer l’ordre et la soumission, la crainte et la démoralisation.
L’un des enseignants placé au premier plan et qui, comme les autres, essaie de se protéger des coups reçus, se fait attraper par les policiers qui le tirent en arrière, l’immobilisent au sol, genou sur le visage et sur la poitrine, avant de le menotter. Il est placé en garde à vue. Les manifestants se portent alors vers le commissariat central aux cris de “Libérez Samy !” Notre collègue est libéré dans la soirée mais il est convoqué pour interrogatoire le vendredi à 9 heures. Par téléphone et par mail, ceux qui étaient présents informent les écoles et appellent à un rassemblement devant ce commissariat. Le jour dit, les enseignants sont 200 devant la porte, la colère et le sentiment de solidarité grandissent d’heure en heure. Ils sont bientôt 300 et 600 l’après-midi. Pour montrer à leur collègue qu’ils sont là et qu’ils le soutiennent, ils frappent dans leurs mains, crient des slogans et tapent pendant de longues heures avec des bouts de bois contre une palissade métallique d’un chantier voisin. Dans les écoles, les enseignants se relaient par trois ou quatre pour garder les élèves dans la cour pendant que les autres se précipitent au rassemblement.
Les agents des impôts qui travaillent dans le bâtiment d’à côté décident de débrayer pour venir apporter leur solidarité aux enseignants. L’un d’eux intervient au mégaphone pour expliquer que, eux aussi, ont subi une violence extrême de la part de la police lors des dernières manifestations. Une clameur et des applaudissements s’élèvent pour saluer cette intervention.
Au bout de six heures d’interrogatoire, Samy sort du commissariat, il est à bout. Depuis longtemps, les policiers français utilisent les mêmes méthodes inhumaines que la Stasi dont on voit les exactions dans le film La vie des autres. La pression psychologique est énorme, les policiers doivent lui faire avouer à tout prix qu’il a bien résisté aux forces de l’ordre. Il lui passe et repasse la vidéo qui, si on la regarde objectivement, prouve non pas la culpabilité de notre collègue mais bien l’agressivité des policiers. Mais il craque. Le magistrat décide alors de le faire passer en correctionnelle pour violence envers les forces de l’ordre, le procès est prévu pour le 23 février 2009. S’il est condamné, il sera alors révoqué de l’Education nationale. La violence, les mensonges et la justice, voilà les piliers d’un ordre fondé sur le profit et l’exploitation, un ordre qui, toujours plus explicitement, tourne le dos à toute forme d’humanité.
Tous les témoignages concordent : les accusations envers Samy sont toutes fausses et nous montrent le vrai visage de la démocratie bourgeoise. Sans scrupule, elle ment, elle brutalise, pour elle tous les moyens sont bons. Il est clair que l’isolement est une faiblesse qui nous livre sans défense aux coups de la répression. Comme les enseignants, les travailleurs des impôts et du CHU luttent en ce moment chacun dans leur coin alors que s’ils étaient tous unis, ils représenteraient une force énorme. La seule façon de se défendre efficacement a été montrée par l’attitude de solidarité des enseignants et des agents des impôts pendant l’interrogatoire de Samy. Mais cette solidarité ne doit pas être ponctuelle. C’est par l’unité dans la lutte commune dès le début, en se serrant les coudes entre les différents secteurs qui sont tous confrontés aux mêmes attaques, en présentant des revendications unitaires avec des négociations au grand jour, contrôlées par les assemblées générales, que nous pourront faire reculer la bourgeoisie et nous protéger de la répression.
A. E. – Courant Communiste International
1 Ce site reprend le journal télévisé diffusé par la chaîne locale Nantes7 le 11 juin au soir (la lutte des enseignants est le deuxième sujet traité par ce JT, il faut donc patienter quelques minutes pour apercevoir les images de la répression policière).
salut,
je trouve qu’il faudrait se méfier un peu des schémas à priori vrais plaqués sur toutes les situations. C’est à dire de l’idéologie… qui n’est bonne qu’à dégoutter tous les prolétaires tentés par l’action.
Dans l’introduction de ces infos, il est question de “l’importance de la solidarité ouvrière”… N’importe qui un tant soit peu honnête et observatrice sait bien que les enseignant-e-s ne se voient pas comme des ouvriers – ni par la langue, la consommation, les habitudes, la conscience de leur rôle dans la société (la reproduction) et leur rapport à l’idéologie dominante, leur valeur intellectuelle et leur rang social, etc – et que l’auteur de cette info nage en pleine projection idéologique; je ne sais s’il puise ses sources chez Bordiga ou Pannekoek, Lenine ou Luxemburg, mais il pourrait aussi se questionner sur les employés des impôts, qui à mon humble avis ne se voient pas forcément comme des “ouvriers”…
Des prolétaires, certes, qui n’ont que leur force de travail à vendre, mais qui révèrent l’Etat, leur employeur, et voient avec effroi des pans entiers de l’appareil s’effondrer pour céder la place aux “marchés”. L’ouvrier est éloigné de ces préoccupations de fonctionnaires, enfoncé dans le marché jusqu’au cou…
Bref, pour relater les évènements graves de l’inspection académique (où le pouvoir politique montre son intention de briser toute résistance chez les enseignants , comme il le fait chez les cheminots et autres traminots) le CCI devrait descendre de son cheval et ne pas chercher à évoquer la glorieuse classe ouvrière, qui est bien fatiguée. Merci pour elle.
On lira avec profit le petit livre de guillaume Paoli: “éloge de la démotivation”, pas cher , avec plein de réflexions justes même si la conclusion reste à discuter.
Le commentaire précédent a le mérite de mettre en avant certaines questions importantes : qu’est vraiment le prolétariat aujourd’hui et qui s’en revendique ? Le prolétariat en ce 21ème sicèle n’est plus celui du 19ème ou de la première moitié du 20ème, l’industrialisation massive n’étant plus la force motrice du dit prolétariat. Pour autant, on peut considérer que les ouvriers, les employés, les précaires, les chômeurs et même une partie de la classe moyenne supérieure, sont l’expression actuelle du prolétariat. Les profs, sont souvent perçus comme des corporatistes et des intellectuels au dessus de la masse des exploités, ce qui est à la fois vrai et faux; Vrai, parce que les syndicats cogestionnaires du Capital très présents dans l’Education nationale font tout pour encadrer leurs troupes et faire passer le message suivant : “Nous sommes le savoir”. Eh oui, mais au service de qui, des élèves ou de la Nation ? Au service de l’Etat capitaliste via leur implication directe dans la formation des élèves à la citoyenneté versus “démocratie” électorale… Mais, paradoxe, tout aussi “faux”, car de nombreux profs sont de plus en plus conscients qu’ils sont manipulés par les syndicats, par les partis de gôche et de l’extrême gauche officielle et qu’en ce sens, leurs positions ne peuvent qu’aller vers toujours plus de compromis avec l’Etat, leur employeur ! Ce dit paradoxe vaut aussi pour tous les fonctionnaires. Il y a d’un côté une volonté de se battre contre les injustices et le libéralisme, mais le fractionnement des luttes imposé par les syndicats cogestionnaires du Capital, pousse le prolétariat du “public” à se désolidariser du prolétariat du “privé” et amène à la démobilisation progressive et constante des uns comme des autres. C’est tous unis contre les partis, syndicats et organisations favorables à l’Etat comme au capital qu’il faut se battre. En ce sens, le message du CCI depuis des dizaines d’années a toujours été très clair sans tomber dans la naiveté que demain sera meilleur et ce de façon spontané. C’est un combat de longue haleine qui doit être mené à la fois contre l’idéologie dominante capitaliste, qu’elle soit libérale ou pour l’Etat (position de la gôche et de l’extrême gauche officielle), mais aussi contre le pourrissement des mentalités via les syndicats mais aussi la société du spectacle devenue institution généralisée et ce par l’individualisme de l’instant “panem et circem” !
Par classe ouvrière je pense qu’il est question ici de tout être humain devant vendre sa force de travail pour pouvoir survivre, contrairement au capital qui lui achète cette force de travail(ouvriers de l’industrie, profs de l’éducation nationale, postiers, employés….) afin d’en tirer une plus value…
que l’onsoit chômeurs, prof du public , du privé ou ouvrier de l’industrie , l’enjeu et l’obligation de subir ce contrat inégal et injuste est le même…donc oui tous les salariés et les chômeurs par le chantage sur leur force de travail font parti de la classe ouvrière sauf bien évidemment dans les discours a- classistes des universitaires payés par le pouvoir et des directions syndicales acquises au libéralisme et à sa cogestion
Si cette conscience de solidarité ouvrière était généralisé, alors le pouvoir aurait enb face de lui une solidarité offensive qui pourrait menacer ses privilèges…