« ecole maternelle », une expression archaique !
Catégorie : Global
Thèmes : Education
« ECOLE MATERNELLE », UNE EXPRESSION ARCHAIQUE !
Qui est choqué ou simplement interpellé par l’expression « Congé parental » disant qu’il faudrait lui préférer celle de « Congé maternel » ? Personne !
Même si dans les faits, plus de mères que de pères y ont recours (l’inégalité salariale dont les femmes sont victimes y est pour beaucoup), aucun individu ne peut aujourd’hui sérieusement prétendre qu’endormir bébé ou lui changer les couches est un « travail féminin » !
Le tissage du lien qui unit le père comme la mère à l’enfant est aussi lié à la présence et à l’investissement de l’un comme de l’autre au quotidien et ce dès la naissance.
Le choix des mots est donc important, et ce n’est pas qu’un problème de sémantique ! La terminologie utilisée est le reflet d’une culture.
Mais aucun parent n’a compétence dans tous les domaines et c’est donc aussi pour cela qu’une grande majorité d’entre eux font appel à l’école (un quart des enfants de deux ans, 95% des enfants de trois ans et 98% des enfants de quatre et cinq ans sont scolarisés) pour préparer leur progéniture aux fondamentaux de l’éducation (lecture / écriture / calcul) sans oublier la socialisation.
Dressons un bref historique :
En 1770 le pasteur jean Frédéric Oberlin (Alsacien né en 1740 et décédé en 1826) crée la première « salle d’asile » destinée à accueillir les jeunes enfants. Cent dix ans plus tard, soit en 1880 on en comptera 4655 et en 1881, alors que l’enseignement primaire devient gratuit et laïc (Loi Jules Ferry), les salles d’asile deviennent « écoles maternelles ».
Sociologiquement, comme culturellement, en rapport avec l’éducation, il s’agit là d’indéniables avancées majeures ! Mais sous l’angle de l’égalité de droits hommes / femmes, quelle était alors la situation féminine et que révèle le terme école maternelle ?
Les exemples qui suivent sont édifiants !
– Le Code Civil consacre l’incapacité juridique des femmes mariées.
– Le Code Pénal qualifie l’adultère de la femme de délit mais celui du mari n’est passible que d’une amende et si les faits ont eu lieu au domicile conjugal d’une façon répétée.
– Les femmes n’ont pas le droit de vote.
– Etc. etc.
Bref, l’expression « Ecole maternelle » est apparue dans un contexte fortement machiste ou il était de bon ton que madame torche bébé pendant que monsieur est à la chasse ou au bistrot avec les copains…
Dans un tel contexte, oui il faut parler d’ « Ecole maternelle » et d’ailleurs ce sont des institutrices qui y travaillaient, les instituteurs exerçant dans le primaire (pour garçons).
Mais qu’en est-il à présent ?
Restons dans l’histoire en rappelant -quelques- faits :
– 1909 : le port du pantalon par une femme ne constitue plus un délit à condition que celle-ci tienne par la main un vélo ou un cheval.
– 1920 : Les femmes peuvent se syndiquer sans demander et avoir obtenu l’accord du mari.
– 1924 : Le baccalauréat passé par les filles devient identique à celui passé par les garçons.
– 1938 : Les femmes mariées peuvent ouvrir un compte en banque librement.
– 1944 : Le droit de vote et d’éligibilité est accordé aux femmes.
– 1946 : IV° République : sa Constitution reconnaît le principe d’égalité entre hommes et femmes.
– 1972 : La loi « garantit » l’égalité de rémunération quel que soit le sexe.
– 1984 : Congé parental ouvert à chacun des parents salariés sans distinction de sexe.
Aussi, parler aujourd’hui encore et toujours d’école maternelle, n’est-ce pas un archaïsme ?
Nous avons là une expression apparue non pas au siècle dernier mais au cours celui qui le précède et la culture qui y est rattachée (rappelons que nous ne parlons pas du droit à l’éducation) est peu glorieuse et ne constitue en aucun cas un exemple à suivre. D’ailleurs nul n’envisage d’en faire un modèle à réhabiliter et à restaurer !
Parce qu’un choix de mots n’est jamais neutre, il me semblerait donc judicieux d’abroger le nom des établissements accueillant les « tous petits » !
Mais pour le remplacer par quoi ?
Les Belges utilisent comme terme « école gardienne » et les Suisses « école enfantine ». Toujours de mon point de vue, cela n’est pas non plus pleinement satisfaisant : cette école ne fait pas que de la garde -elle n’est pas un parking- et la terminologie « école infantile » occulte son côté pédagogique et formateur.
Aussi, de la même façon que notre droit parle de « congé parental » et non pas de congé maternel, pourquoi ne pas dire, au lieu d’école maternelle, « école parentale » ? Son rôle éducatif serait souligné et le côté machiste, héritage du passé, supprimé !
COLPIN Didier
…on s’invente des combats…
non, plus sérieusement, on peut se poser la question, cela dit, justement :
-> étant donné le rôle formateur, essentiel, valorisant, de cette école pour les enfants, rôle que vous rappelez bien ici,
il n’y a donc rien de machiste à l’appeler « maternelle », bien au contraire.
Il ne s’agit pas là de laver des couches sales, mais d’instruire, d’habituer à la vie en société, etc… Rien de dévalorisant là-dedans.
-> à cet âge, les enfants sont encore très attachés à leur mère ; le détachement ne s’est pas encore fait ; la référence rassurante qui permet d’aller vers les autres, de se sociabiliser, de découvrir son environnement, est la mère (en théorie, après évidemment il y a certains problème sou blessures familiales qui empêchent que ce soit le cas).
Je parle, là, de psychologie et de comportement (on observe la même chose chez le chat ou le chien).
D’où l’appellation « maternelle » qui rappelle qu’il s’agit d’un cadre et de personnes se substituant à ce rôle proprement maternel,
de fournir à l’enfant un cadre et des référents rassurants lui permettant de découvrir et d’apprendre, sans angoisse.
-> « école parentale », c’est moche. ça sonne froid et technocratique. merci bien.
-> prendre « maternel » pour une insulte, ou un terme archaïque, ou dépassé, ou un gros mot,
c’est pour le moins non pas tout à fait misogyne mais, heu, anti-mère.
Pour ma part, je trouve qu’au contraire, appeler cette école « maternelle » pour son rôle par vous rappelé ci-dessus, permet justement d’éviter de réduire la signification de « mère » à un rôle de « faire le ménage – laver les couches – laver les biberons »… …comme auraient voulu le réduire les mâles du XIXe.