A l’initiative de l’Action Antifasciste Tolosa (AFA), plus d’une centaine de personnes ont participé à la rencontre toulousaine « Construire un antisionisme victorieux » avec la participation du groupe juif décolonial Tsedek ! et du Collectif Palestine Vaincra. Introduisant la soirée, un membre de l’AFA a souligné que « l’antisionisme est pour nous indispensable en tant qu’antifasciste » notamment en dénonçant « le rôle criminel de la France qui soutient Israël » et en affirmant que « la libération de la Palestine est une lutte centrale qui cristallise les tensions de l’impérialisme mondial ».

Afin de témoigner de la réalité du mouvement sioniste en Palestine, une militante palestinienne du Collectif Palestine Vaincra est ensuite intervenue pour affirmer que « le sionisme est une idéologie politique coloniale qui n’a rien à avoir avec la religion ni avec un quelconque mouvement de libération nationale alors que les Juifs ne constituent pas un groupe national ni ethnique homogène. En réalité, c’est un projet politique de colonisation de peuplement qui a vu le jour grâce à une convergence d’intérêts avec l’impérialisme occidental ».

« Le sionisme me renvoie aux 23 années que j’ai passé en Palestine, à toutes les exactions et les oppressions que j’ai vu et vécues. Ce que l’on voit aujourd’hui, on le vit depuis plus de 76 ans. La situation n’est pas le fait d’un dirigeant, d’un parti ou d’un gouvernement en particulier. Preuve en est, pendant longtemps les partis au pouvoir en Israel étaient des partis de gauche, et le syndicat majoritaire Histadrout a eu un rôle clef dans la colonisation de notre terre » a souligné la militante. Enfin, elle a terminé son intervention en mettant en évidence que « face à toute la répression quotidienne et l’ingéniosié sioniste qu’il a mis en œuvre pour renforcer l’oppression coloniale, le peuple palestinien a toujours su faire preuve lui aussi d’inventivité dans ses formes de résistances. La preuve ultime c’est ce qu’il se passe à Gaza aujourd’hui, où malgré le génocide en cours le peuple palestinien résiste encore et toujours. »

Dans la continuité de la discussion, un membre du Collectif Palestine Vaincra est intervenu pour rappeler que « le sionisme est une forme de colonialisme dans la continuité des nationalismes européens de l’époque, théories foncièrement suprémaciste et raciste dont il s’est inspiré et qui n’aurait pu se matérialiser sans l’appui des impérialismes occidentaux, en particulier la France et la Grande-Bretagne, dès le début XXème siècle. Face à cela, nous pensons qu’un antisionisme conséquent doit avoir une approche anticolonialiste, anti-impérialiste et antiraciste ». En effet, la position que nous portons n’est pas de défendre « un Etat ou deux Etats » ou une égalité formelle dans une société construite sur le colonialisme de peuplement et la dépossession. Au contraire, notre orientation est de soutenir la décolonisation de la terre et du peuple de Palestine de la mer au Jourdain afin de permettre au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination et permettre le retour et les réparations des Palestiniens expulsés. C’est l’étape nécessaire vers une société libre, démocratique et multiculturelle sur toute la Palestine où chacun qui le décide pourra vivre en paix et en harmonie.

Enfin, un militant de Tsedek ! est longuement intervenue sur leur engagement à défendre « une judéité qui s’émancipe du sionisme, c’est-à-dire qui refuse l’assimilation à l’Etat d’Israël et l’uniformisation des cultures juives et évidemment apporte un soutien absolu à la libération du peuple palestinien, de la mer au Jourdain. » Par exemple, il a rappelé que « le sionisme détourne notre histoire, nos symboles et notre foi, même si évidemment c’est pas quelque chose qui lui est propre, chose qu’on retrouve cette liberté d’interprétation dans d’autres religions, courent de pensé etc. Prenons la phrase “l’an prochaine à Jérusalem”. Cette phrase exprime le souhait des Juifs de revenir à Jérusalem. On l’interprète bcp aujourd’hui comme l’idée d’un retour dans la ville de Jérusalem en tant que capital des juives et des juifs. Mais dans la tradition juive, la portée symbolique de Jérusalem est bien plus importante et renvoie aussi à la préfiguration d’un monde fait de justice (Tsedek ca veut dire justice en hébreu). Pour nous, le “retour” à Jérusalem, c’est pas un déménagement où on s’accapare une terrain qui est sainte pour l’ensemble des monothéistes, c’est plutôt le devoir de transformer le monde pour le rendre plus juste, pour construire “Jérusalem” autour de soi ou cohabitent et s’émancipent toutes les communautés conjointement. C’est ce qu’on souhaite à nous même et à tous. Ça a plus de gueule que le colonialisme, non ? » Avant de conclure son intervention, il a rappelé « qu’aujourd’hui, l’antisémitisme persiste. Pas de manière résiduelle, mais il est bel et bien structurel. Il tue, et vous en savez malheureusement quelque chose à Toulouse avec le terrible attentat de l’école Ozar Hatorah qui a provoqué la peur et le deuil des communautés juives dans leur chair. »

Suite à un débat avec la salle, la soirée s’est conclue autour du constat partagé que ces espaces de rencontres et d’échanges sont plus que jamais salutaires pour permettre de lutter contre les idées fausses autour de l’antisionisme et affirmer sa légitimité politique alors que le peuple palestinien fait face à un terrible génocide à Gaza. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons clamer l’illégitimité politique du projet sioniste et affirmer que la seule voie anticolonialiste et antiraciste pour les peuples de la région passe par une Palestine libre, de la mer au Jourdain.

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