Le temps est venu d’un statut des langues et cultures de france
Catégorie : Local
Thèmes : Elections
Lieux : LorientQuimperRennesTours
Comment oublier ces deux phrases, prononcées à Lorient le 14 mars 1981 par François Mitterrand à quelques jours de son élection à la Présidence de la République ? Comment ne pas les rapprocher des propos de Ségolène Royal qui, le 26 mars dernier à Nantes, en Bretagne, confiait que son “vœu le plus cher était de voir la France retrouver le souffle culturel du 10 mai 1981” ?
Monsieur Strauss-Kahn,
A Quimper ce soir, vous serez le dernier “ténor” du Parti Socialiste à intervenir en Bretagne avant le 2e tour des élections présidentielles. Direz-vous à vos amis socialistes, comme vous le fites à Tours le 22 mars…
“Nous allons gagner ! Je parcours la France chaque semaine. J’écoute ce que me disent les Françaises et les Français. Ils ne veulent pas d’une illusion.} (…) Le 6 mai, je veux un vote de valeurs, pas à un vote de calcul; je veux un vote d’adhésion, pas un vote utile; je veux un vote dans la clarté pour faire gagner la gauche, pas un vote tactique.
Le 6 mai prochain, je veux que nous puissions tous ensemble fêter le second Président socialiste de la Vème République, et aussi la première femme Présidente de la République française.”
Les langues régionales aussi veulent gagner !
Je ferai ratifier la charte des cultures et des langues régionales a déclaré Ségolène Royal, notamment à Rennes le 21 février dernier. Mais sans modification de l’article 2 de notre Constitution, nous savons tous que cette ratification sera impossible.
Alors, nous vous le demandons solennellement : Vous engagez vous à modifier la Consitution ? Mme Ségolène Royal s’engage-t-elle à modifier l’article 2 de la Consitution ?
Nous sommes des milliers, en Bretagne, en France, à attendre une réponse positive à cette question.
Nous partageons vos propos de Tours et comme vous, nous ne voulons pas d’une illusion, nous voulons un vote de valeurs, un vote d’adhésion, un vote dans la clarté…
A défaut d’obtenir ce engagement, devrons-nous, 26 ans après celles de François Miterrand, pourtant si prometteuses, remiser les paroles de campagne de Ségolène Royal dans la liste des engagements déjà condamnés à demeurer sans suite ?
A Nantes, le 26 mars dernier, Erik Orsenna était dans vos rangs et plaidait pour une égalité des langues régionales avec le français, des “langues riches, il est dommage de s’en priver.”
Nous souhaitons aussi vous rappeler ces quelques lignes qui concluait un rapport sur les langues régionales, remis le 1er juillet 1998 au premier ministre de l’époque, M. Lionel Jospin. (1)
“La place faite aux langues et cultures régionales doit illustrer, accompagner et soutenir les grands choix vers lesquels le pays s’est engagé ou a commencé à le faire :
– Le choix européen : Notre exception culturelle en Europe ne doit pas signifier l’exclusion de notre diversité linguistique et culturelle en France. C’est pour cela que la position à l’égard de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires est importante. C’est pour cela que le gouvernement doit faire le choix de sa signature et prendre le chemin de sa ratification.
– Le choix girondin : La reconnaissance des langues et cultures régionales est en quelque sorte un prolongement logique de la décentralisation. Celle-ci n’est pas un mouvement terminé. Ce choix n’est pas contradictoire avec l’affirmation de l’importance de l’Etat. Le besoin d’Etat est essentiel mais sa forme concentrée est paralysante. La République est notre forme de vie en commun mais sa forme jacobine a épuisé ses effets. La France est notre nation et sa capitale n’est pas toute sa réalité.
– Le choix de la francophonie : la langue française a besoin d’être défendue et développée à l’étranger. Elle est notre langue commune. Son rayonnement à l’extérieur comme langue étrangère, sa défense comme langue minoritaire seront d’autant plus convaincants que la place des langues de France sera affirmée. Nous sommes un pays qui connaît une grande diversité de langues parlées, qu’elles soient historiques ou issues de mouvements migratoires. C’est pour cela que la langue française est primordiale ; c’est pour cela qu’il faut avoir une politique suivie et cohérente pour les autres.
– Le choix du multilinguisme. Connaître ou apprendre deux, trois, quatre langues est sans doute l’horizon de la jeunesse pour le XXIème siècle. C’est une bonne chose pour l’échange entre les hommes, pour la vie professionnelle ou simplement touristique, pour la compréhension entre les peuples et leur respect réciproque. La langue française, la langue régionale, dès le plus jeune âge, ne sont pas des handicaps pour apprendre une langue étrangère. Certains disent que la troisième langue est toujours plus facile à aborder. Un tel choix constitue un enrichissement pour le pays tout entier et un épanouissement pour tous ceux qui s’y engagent.”
Que dire de plus ? Ce rapport était écrit par {{M. Bernard Poignant}}, député européen et ancien maire de Quimper. Il sera dans la salle ce soir. L’entendrez-vous ?
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