Ca fait plus d’un an que j’écris et réécris ce texte. Certaines diront que ce n’est pas bienvenu de le publier maintenant, au milieu d’un shitstorm médiatique anti-trans. Mais peut-être que justement, la temporalité s’y prête.

Quand Moutot et Stern publient un torchon complotiste qui fait du lobby trans une menace pour les femmes « biologiques », je dégobille et j’enrage tout autant que mes adelphes. Et tout de suite après je déteste voir ce genre d’épisode nous amener à rigidifier nos positions, à rejeter toute critique, évacuer tous nos doutes. Je ne défends pas le « circulez y’a rien à voir » que porte les tribunes médiatiques mainstream. C’est un discours publique défensif. J’aimerais qu’il ne nous empêche pas d’en avoir d’autres, plus fins (pas nécessairement à voix basse). Parce que balayer le débat interne à nos milieux d’un revers de main ne me paraît pas une si judicieuse idée. Sauf si l’on tient à sombrer dans un dogmatisme rance, et à entretenir l’idée qu’on est seuls, en lutte contre tous.

Oui il y a une droitisation alarmante du débat public. Oui, nous sommes attaqués de toutes parts par des fachos à gueule d’ange. Mais faire front en n’opposant qu’un seul discours, qu’une seule réponse: qu’il n’y aurait rien à questionner chez nous et tout à défendre; bah à mon sens c’est une stratégie assez puante.

Je prends le parti de dire que nos contradictions, nos oppositions, nos expérimentations et nos incertitudes, ne sont pas à mettre sous le tapis. Ni aujourd’hui, ni demain.

Je prends le parti de dire que nos contradictions, nos oppositions, nos expérimentations et nos incertitudes ne constituent pas necessairement des ruptures. Et que dealer avec elles nous renforcerait plus que de les taire.

Je prends le parti de dire que nos contradictions, nos oppositions, nos expérimentations et nos incertitudes existent déjà. Et que c’est sûrement ce qui fait la vitalité de nos mouvements féministes radicaux.

J’ai des doutes, tu as des doutes, nous avons des doutes. Et nous gagnerions à  pouvoir en parlons sans crainte. Parce que se méfier constament du backlash qui vient des facho est déjà une lourde charge; Nous gagnerions à cesser de considérer nos propres errances comme des menaces à l’intégrité de nos communautés.

Le dogmatisme n’est pas une réponse désirable aux attaques que nous essuyons, de ça au moins, je suis certain

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