Le verdict est tombé en début d’après-midi. Antoine accusé par deux flics d’outrage, violence et rébellion lors de la manif nationale de la coordination lycéenne et étudiante du 13 avril 2005, vient d’être relaxé en appel.

Il avait été condamné en première instance à trois mois de prison avec sursis et 1500 euros d’amende par une cour complaisante.

Les flics doivent manger leur képis, leur avocate doit bouffer sa robe… mais les mensonges mal tissés n’ont pas suffi à condamner à nouveau Antoine.

Mais la guerre judiciaire continue pour les accusés de l’occupation de l’annexe du ministère de l’éducation nationale du 21 avril 2005… Comme avec tou-te-s les autres…Solidarité !

Pour avoir des infos sur les inculpés du mouvement lycéen : Defense-collective (at) echanger.propagande.org

Texte appelant à venir au procès d’Antoine en appel le 9 février

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=76025

Le mouvement lycéen, vous vous souvenez ? Et sa répression, savez-vous qu’elle continue ? Dans les bureaux des juges d’instruction, dans les salles d’audience, la « justice » joue un drôle de rôle, le même que celui de la police lors de ce mouvement, enterrer une révolte, faire peur aux soi-disant « coupables » et autres « responsables », coupables de quoi sinon de rester ferme sur leur convictions, de demander que justice leur soit faite.

Il était juste, alors, en avril 2005, de retirer un projet, la loi Fillon, qui avait permis à une fraction de la jeunesse de se mettre en mouvement, d’élaborer des formes de luttes allant au-delà des défilés syndicaux classiques.

Quand, après le vote de la loi au parlement, le 21 mars 2005, certain-e-s ont, malgré le retraits des syndicats lycéens de l’ordre (UNL et FIDL), continué la lutte, pour obtenir non de simples négociations mais le retrait du projet, les politiques, les médias les ont vite appelé les « irréductibles », les « radicaux ».

Alors que les participants de la coordination lycéenne et étudiante voyaient ces nouveaux éptithètes, s’étaler sur les écrans, les ondes et dans les articles des journaux, une perception nouvelle de la réalité s’est élaborée.

Sur les cendres de l’espoir de la reconnaissance médiatique, de la légitimité sous contrôle des manifestations, ont poussé nombres d’initiatives (occupations de lycées et de bâtiments administratifs, interpellations de responsables politiques) qui ont relancé le mouvement, lui donnant une nouvelle coloration, plus radicale, plus conforme aux aspirations des lycéen-ne-s et de tous ceux qui ont participé alors au mouvement.

Le 13 avril 2005, la coordination nationale des lycéens et étudiants appelle à une manifestation centrale à Paris tandis que plusieurs centaines de lycées sont toujours bloqués.

Ce jour-là, sans banderolles ni mégaphones, ce sont plus d’un miller de personnes qui défilent. Il fait froid mais le coeur y est plus que jamais : chacun a appris durant les dernières semaines à compter sur ses proches, sur les copains et les copines rencontré-e-s au cours des blocages ; chacun sent la puissance qui pourrait émerger d’un mouvement dont les espoirs vont au-delà des simples revendications syndicales. Certain-e-s parlent d’autogérer leurs lycées, d’autres questionnent le système scolaire lui-même ; Tous enragent en tout cas de ne pas être entendu-e-s, de voir ce qui se cache derrière le visage tranquille et « ouvert » de notre sacro-sainte démocratie.

Le 21 mars, jour du vote du texte, est aussi le jour à partir duquel va commencer véritablement la répression du mouvement. Il n’est pas un jour depuis sans que l’on apprenne que tel-le-s lycéens ont été gazé, que des policiers sont intervenus pour « libérer » un lycée du blocage de ces élèves.

Le 13 avril, plus de vingt jours plus tard, chacun est exténué, mais la peur, la réticence face à certaines actions auparavant jugées trop radicale ou trop « hors des clous », s’est peu à peu effacée.

Le 13 avril, c’est la joie d’être ensemble, forts et sans étiquette qui domine, et le parcours, dicté par les autorités, ne plaît à personne : être sage est la meilleure façon de se faire marcher dessus. Nombreux sont ceux qui alors ont envie de faire dévier la manifestation, d’aller faire un petit bonjour au ministre, de faire un petit tour à la Sorbonne, histoire de montrer sa détermination au prince.

L’une de de ces déviations déverse le flot de lycéens et d’étudiant sur une rue adjacente au boulevard Saint-Germain ; toute la manifestation suit, ce que la juge appelera au premier procès d’Antoine, ce « diverticule » qui n’était en réalité que le nouveau chemin emprunté par la manifestation.

C’est au bout de cette rue que les manifestants sont stoppés net, par la force des lacrymogènes et les coups de matraque ; c’est à ce moment-là qu’Antoine est interpellé.

On l’accuse de violences, d’outrage et de rébellion contre deux agents des forces de l’ordre, ceux-là mêmes qui ont réalisé son arrestation plus que musclée. On l’accuse pour justifier la violence d’alors, on l’accuse parce qu’il s’agit désormais d’instaurer la peur dans les rangs juvéniles gagnés par la solidarité et la détermination. On l’accuse parce qu’il faut bien attraper quelqu’un afin de refroidir les autres. « Qu’est-ce qu’on lui met ? » « La totale ! » répondra le chef des policiers a deux pas du fourgon où se trouve Antoine.

Son premier procès a été l’occasion de voir se déployer une série d’inventions, de mensonges : on invente qu’on aurait cherché à l’interpeller depuis une bonne dizaine de minutes suite à son comportement violent, on annonce qu’il a été attrapé dans une autre rue que celle où s’est déroulée réellement son interpellation. Bref, certains diront, rien que du banal : les policiers inventent une situation, des ordres qui les disculpent, une situation qui les légitiment, ils assomment l’accusés de différents motifs d’inculpations en espérant le faire plier, pour qu’il assume finalement quelque chose qu’il n’a pas fait.

Comme toujours aussi, c’est la parole de la police contre la sienne, la parole du détenteur de l’autorité face à celle de celui qu’elle opprime et condamne d’avance.

Antoine avait été condamné le 6 octobre 2005 à trois mois de prison avec sursis et 1400 euros d’amendes (700 euros pour chaque policiers) [1]. Il a fait appel de cette décision parce qu’il espère pouvoir prouver son innocence, mais sait bien que cela sera difficile… Il vous appelle à venir le soutenir ce vendredi à 13h00 à la 11e Cour d’appel du tribunal de grande instance de Paris (métro cité).

Ce procès est la suite d’une longue série et est loin d’être le dernier. Rappelons qu’un juge d’instruction continue de plancher sur l’occupation d’une annexe du ministère de l’éducation nationale le 21 avril 2005. Lors de cette occupation, toutes les personnes présentes avaient été interpellées (près de 180 personnes ), la plupart avaient passé la nuit en garde-à-vue. Ce sont bientôt 17 personnes qui vont comparaître dans cette affaire pour dégradations, violences, etc. Là encore, il s’agit de faire peur, de stigmatiser la violence des lycéen-ne-s et des autres participants aux mouvements et d’opérer ainsi un véritable renversement : ceux qui insultent, frappent, humilient et restent sourds sont les participants aux mouvements sociaux, non ceux qui les répriment et fournissent de fausses rumeurs.

Merci à tou-te-s celles qui l’ont soutenu, à son avocate qui a cru en une victoire possible…