Dans l’agglomération nantaise, plus de 3 000 personnes vivent dans 58 bidonvilles. Rien que dans le périmètre de la ZAC Doulon-Gohards, ce sont plus de 350 personnes, installées sur 5 terrains différents.

Dans ces bidonvilles, vivent des personnes roms, de nationalité roumaine, qui résident en France depuis parfois plus de 10 ans. Beaucoup travaillent et sont généralement les bienvenus quand il s’agit d’apporter leur force de travail dans les champs, les déchetteries, pour s’occuper du ménage ou des personnes âgées. Dans l’indifférence des pouvoirs locaux, ces familles vivent dans des conditions indignes et ne sont quasiment jamais traitées comme des habitant-es à part entière.

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Dans les documents de la ZAC Doulon-Gohards, la Métropole ne parle ni de ces familles, ni du devenir des bidonvilles où elles vivent. Ces familles n’ont pas été approchées et ne sont pas au courant du projet.

Pire, plusieurs terrains pourtant habités depuis des années, parfois plus de dix ans, sont destinés à devenir des espaces de compensation pour toutes les terres artificialisées et les espèces détruites. Plus que de l’indifférence, ce choix est une preuve du mépris des institutions envers ces personnes, chassées pour pouvoir compenser les saccages environnementaux causés par la ZAC. La ZAC Doulon-Gohards est un projet antisocial et anti-écologique.

POUR UNE ECOLOGIE POPULAIRE
Alors que, dans certaines communes de la métropole, l’habitat léger et les tiny houses font l’objet d’expérimentations, il y a déjà des personnes qui dans la contrainte ont développé un mode de vie similaire à partir d’habitats autoconstruits, mais sans label. Il y a fort à parier qu’après cette interpellation, Nantes Métropole justifie cette expulsion par la pollution dans laquelle vivraient ces habitant·es. Nous constatons qu’en 4 ans de mandat PS/EELV, il faut attendre que ces habitant·es gênent les politiques de métropolisation pour que la pollution de ces zones pose problème. Sans jamais prendre en compte l’avis des personnes concernées.

Pour élaborer le contre-projet à la ZAC Doulon-Gohards, nous avons discuté avec des familles d’au moins un des bidonvilles et l’association Roata qui accompagnent une partie d’elles.

CONTRE-PROJET : DES BIDONVILLES AUX HABITATS LEGERS
Voici ce que nous prévoyons :
– La pérennisation et la légalisation de l’occupation des terrains pour les personnes le souhaitant, à travers le versement d’un loyer comme c’est le cas dans les Terrains d’insertion temporaire mis en place par la métropole
– Le raccordement légal en eau, électricité et gestion des déchets qu’impliquerait ce nouveau statut
– Un revêtement stabilisé et respectueux des sols pour ne plus vivre dans la boue
– Des espaces mutualisés pour célébrer les mariages, les fêtes religieuses et familiales, avoir accès à des ordinateurs pour les démarches administratives
– La création d’un espace mutualisé pour le recyclage et la récupération d’objets, leur réparation et transformation.

DE RECENTS CHANGEMENTS ?
Suite à notre conférence de presse collective de vendredi 16 février, Simon Citeau, élu du quartier Doulon-Bottière, a déclare à Ouest-France que “dans le projet figure, l’aménagement de deux terrains d’insertion temporaire (avec des mobil homes) et d’un terrain de stabilisation (où les familles posent leurs caravanes)” et annonce “un travail de diagnostic social fin avec les assos du terrain”.

Si ça se confirmait, ce serait une très bonne nouvelle pour les 350 personnes vivant dans des conditions indignes dans la ZAC ! Mais nous prenons la nouvelle avec prudence. Nous demandons un rendez-vous à Simon Citeau et François Prochasson pour connaître le calendrier et les aspects pratiques de ces annonces. Alors que les habitant·es d’un premier terrain appartenant à Nantes métropole est menacé d’expulsion depuis 15 jours, nous exigeons la suspension de l’arrêté d’expulsion dans l’attente de solutions de relogement digne sur la ZAC !