COMMENTAIRE SUR UNE PETITION PLEBISCITE
Sur l’usage électronique de la démocratie il y a pire encore actuellement que le doute sur un choix ainsi proposé, car à la pratique des débats en collectifs avec recherche du consensus s’est substitué pour la fraction pro-bové la validation d’une pétition électronique qui serait un meilleur substitut à nos pratiques en situation d’échec !

Mais de qui se moque t-on ? De quel processus démocratique parlons-nous ici avec le recueil de milliers de signatures d’inconnus jamais vus dans les collectifs pour la plupart ? Combien ont lu les propositions et s’y reconnaissent ? Que penser des appels sur forums à voter JB puis abstention deuxième tour en contradiction avec une des premières mesures prises par consensus qui était de battre la droite au deuxième tour quel que soit le scénario du premier ? Ne voyons nous pas que la force qui émerge est à la fois pour une part d’entre elle anticommuniste d’abord et probové ensuite ? Que la fraction ici en cause accepte que «la politique autrement » accepte de s’affranchir du débat pour lui substituer le plébiscite sans même s’interroger sur l’origine des votes et leur adhésion au programme que nous avons élaboré collectivement sur plusieurs mois ? C’est clairement faire table rase de plusieurs mois de travail que de vouloir légitimer un candidat-non-candidat-auto-exclu-déja-par-lui-même par cette méthode…

Et puis si j’étais sarkosien je donnerai consigne d’envoyer vingt mille signatures pour JB pour confirmer le bordel à gauche et affaiblir un peu plus la rivale du Poitou, en faisant croire à José que le peuple n’attend que lui ! Il est assez ahurissant que nos alters-divers ne prennent pas eux-mêmes conscience que la méthode utilisée est un déni du processus engagé et aussi la porte ouverte à toutes les manipulations d’ici la fin février…Alors bonne chance à ceux-là…Je ne signe pas l’appel JB comme déjà expliqué dans « José Bové , 10% et alors ? »

Si nous devons « sauver quelque chose » de ce processus c’est en constatant l’échec actuel, mais avec la volonté de ne pas compromettre la poursuite de la démarche programmatique d’abord puis politique pour l’ensemble de la gauche antilibérale. Quelle gauche antilibérale ? Toute ! La même ! Sans exclure personne et mieux en réussissant demain l’élargissement et l’unité que les logiques d’appareil et de fraction ont entravé cette fois-ci, aucune place pour l’anticommunisme ou la stigmatisation dans ce processus, sauf à continuer de «rouler » pour l’un ou pour l’autre en tentant d’instrumentaliser l’ensemble. Chaque partie de cette gauche devra bien au lendemain de son échec annoncé avec des scores éparpillés lamentables, se poser quelques questions sur ses pratiques et ses illusions ; ceci étant également vrai pour les illusionnistes de la dernière heure qui veulent remettre en selle José Bové « à son insu de son plein grès »…

J’ai déjà explicité pourquoi je considérais qu’il s’agissait d’une faute politique lourde, avec pour effet collatéral non accessoire de « griller » José pour longtemps alors que nous avons énormément besoin de lui pour des combats assez spécifiques dans lesquels sa notoriété et sa crédibilité sont de première importance. Que certains de ses plus proches amis dans ces combats ne prennent pas la mesure du péril qu’ils prennent me semble très regrettable, à moins que certains ne soient prêts à « utiliser » José Bové comme caution d’une autre démarche dans une perspective électoraliste qui n’a plus rien avoir avec la présidentielle et avec le projet de « changement de société » et de « changement d’institution » qui motivait la recherche du candidat unique, crédible pour le premier comme pour le deuxième tour… Nous nous sommes irrémédiablement éloignés de ce scénario, il ne reste plus que les candidatures de témoignages et la satisfaction des ego, ce qui n’est pas une démarche politiquement responsable, car elle occulte le devenir même du processus, pour 2007, 2008 et au-delà, dans la réactivité que nous devons maintenir possible face au gouvernement qui va ramasser le fruit de nos divisions dans des proportions qu’il n’aurait jamais osé espérer au lendemain du vote NON à l’Europe libérale…

Nous avons été « mauvais », ne soyons pas « nuls » en feignant de croire possible un miracle, Lourdes n’est pas dans le Larzac et Bové aussi ne peut à lui seul incarner l’ensemble du rassemblement. J’espère qu’il aura l’intelligence et la pensée stratégique qui lui permettront de survoler d’autres horizons que la consolation de nos erreurs, pour confirmer rapidement lui-même sa non-candidature, au mépris de l’applaudimètre électronique qui n’est que l’image de la dérision en face des débats que nous n’avons pas à rougir d’avoir su mener, même si le terme en reste décevant.

JACQUES RICHAUD (collectif 31) Je suis aussi favorable au non-anonymat qui devrait être une règle assez large, surtout pour les débats politiques…Conservez vos pseudo pour publier vos fantasmes littéraires si vous voulez.. 12 janvier 2007