Miss France est Picarde.

« J’ai toujours cru que le bon était le beau mis en action, que l’un tenait intimement à l’autre, et qu’ils avaient tous deux une source commune dans la nature bien ordonnée » écrivait Saint Preux à Julie dans la Nouvelle Héloïse. Les temps ont changé et Miss France est picarde. Si la Picardie peut le supporter, tant pis pour eux ! On n’ira pas leur prendre, même avec le meilleur destrier.
Par contre la jeune fille qui a franchi comme une jument dressée les épreuves dégoulinantes de ce concours a l’affront d’être étudiante en lettres. Là ça coince.
A l’heure où nos élites ne jurent que par les sciences et les bio-technologies après nous avoir terbolisés avec l’informatique dans les années 80, on ne s’étonnera pas. Des émissions navrantes de la télévision où l’on fait croire au peuple qu’il peut devenir célèbre en ridiculisant l’espèce humaine jusqu’au titres de France Inter sur les perdants du Loto, on ne plonge plus dans le misérable, on y est jusqu’au cou et cela depuis longtemps. Croyez-moi j’y étais !
Les gens semblent bien avoir perdu toute estime d’eux-mêmes et ils pensent se racheter en téléthonant un week-end par an car là aussi il leur est promis un deux minutes en direct, une façon moderne de racheter ses fautes. Misère des temps. Et misère pour les suivants.
Les facultés de lettres ont bien des défauts mais elles n’avaient pas celles d’être une garderie pour poupées Barbie. Budgets en baisse, chute des recrutements, je vous passe les réalités de l’Université Française ou Rabelais, un vieux camarade, va jurer. Certes les platoniciens jugeaient que le beau était vrai…mais ces grecs chenus qui préféraient les garçons, n’auraient pas imaginé qu’on puisse utiliser le fruit de leurs débats pour présenter quelques siècles plus tard cette figure honteuse de la vertu.
Cher Miss France, cessez vos études de lettres, elles ne seront qu’un encombrement pour votre cervelle qui ne rêve que de sourire aux lumières fades de ce siècle spectaculaire.
Désormais, on ne confondra plus picaresque et picarde, c’est toujours ça de pris.

C.G. Université de Provence. Capétien comme Hugues.