Comment et pourquoi empêcher une manif fasciste – Retour sur une expérience nantaise
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Antifascisme
Lieux : Nantes
À l’heure de l’accélération et du durcissement des politiques d’exploitation, expropriation, privatisation, de repli nationaliste, attrayant aux régimes capitalistes néolibéraux et colonialistes profitant aux bourgeois, et accentuant la répression pesant sur les contestations sociales, nous observons une montée internationale de l’extrême droite, sous toutes ses formes. La plus frappante est celle des partis institutionnels, dont on voit comme exemple le plus marquant le régime fasciste de Netanyahu en Israël, et dont les accès au pouvoir se multiplient comme récemment en Italie, aux Pays Bas ,en Argentine et ailleurs.
Nationalement aussi, les lois ouvertement xénophobes sur l’immigration, attaquant nos libertés au nom de la sécurité, ou prolongeant et durcissant la pauvreté et l’exploitation des classes les plus précaires se multiplient. Le parti du RN, fondé par des waffen SS, se voit attribuer 88 sièges à l’assemblée nationale tandis que le racisme est décomplexé dans les médias des milliardaires et dans les institutions.
C’est dans ce climat que les sphères réactionnaires et fascistes tentent la récupération de faits divers comme la mort de Thomas ou d’un touriste allemand, pour essayer d’instaurer un clivage racialisante t un “mouvement sécuritaire”. En première ligne de ces tentatives, on retrouve les groupes organisés de fachos de rue, aux tendances royalistes ou nazies, qui en profitent pour sortir du terrier où ils se sont cachés durant la période de mouvement social. Ils essaient en effet d’organiser ratonnades et manifs aux mots d’ordres racistes dans tout le pays, en se victimisant lorsqu’ils échouent.
Localement à Nantes, nous avons eu affaire à la tentative d’implantation d’un groupuscule nazi issu d’une cission de l’action française, puis au relai de l’appel à ces manifestations racistes, en posant une première date le 13/12 à 19h30 devant la préfecture.
En réponse à ce processus de fascisation, nous, Assemblée Générale Antifasciste de Nantes (AG), avons souhaité : proposer un espace ouvert, rejoignable le plus largement possible, et réappropriable, coordonnant différents collectifs. Nous pensons en effet que l’antifascisme est au coeur de nos luttes sociales et spécifiques, et doit donc être abordé comme tel, à savoir un véritable levier révolutionnaire. Notre AG s’est donc réunie pour faire exister publiquement et politiquement l’antifascisme, en portant une réflexion et des mots d’ordres larges, dépassant la question des fachos de rue, tout en s’organisant pour empêcher leur existence et leurs manifs puisqu’ils sont les militants actifs de ce processus plus large d’accession au pouvoir de l’extrême droite.
En effet, ces pourritures souhaiteraient, grâce à leurs manifs, recruter de nouveaux militants en portant leurs mots d’ordres sécuritaires sous un couvert citoyenniste, ou en cas d’interdiction préfectorale, faire ce qu’ils savent le mieux faire : se victimiser.
Il est inacceptable de les laisser exister et porter leurs idées racistes et excluantes pour de nombreuses populations. De plus, le fascisme a toujours été une force contre-révolutionnaire, et les laisser s’installer leur permettrait de s’en prendre à nos formes d’organisation et aux mouvements sociaux (comme à Nantes en 2016, à Paris pendant les Gilets Jaunes, ou récemment à Lyon lors d’une conférence sur la Palestine),
Nous avons donc organisé une contre-manifestation, l’occasion pournous de porter un discours large sur le processus global de fascisation et d’y affirmer notre résistance. En l’occurrence, nous n’avons pas eu affaire aux nazillons qui se sont terrés hors du centre-ville, mais à la police, autre pendant de ce processus de fascisation, dont une écrasante majorité vote pour des partis d’extrême droite, portant au travers de ses syndicats des revendications de toute puissance en voulant le pouvoir sur la justice, et dont les exactions racistes et discriminantes sont largement documentées.
Face aux flics et même nassé.e.s, nous avons réussi à tenir une stratégie qui a porté ses fruits : refuser l’individualisation du cortège en donnant un nom collectif (Camille Dupont). Celle-ci a permis de protéger les personnes recherchées ou sans papiers, et decompliquer très fortement le travail d’identification nécessaire aux flics pour nous mettre des amendes (135€ pour participation à une manif interdite). Nous avons ainsi pu éviter ces dernières pour une large majorité du groupe, et être tous.tes relaché.e.s sans suite judiciaire.
Nous avons donc réussi à empêcher la manifestation fasciste,en appelant à notre propre manifestation au même endroit 1h avant la leur. Notre appel émanant d’une AG, et non d’un groupe défini, sans la déclarer en préfecture donc sans donner de noms, nous protégeait de poursuites judiciaires pour organisation de manifestation interdite en cas d’interdiction préfectorale.
Cette interdiction a bien évidemment eu lieu, la préfecture jouant son rôle d’institution et renvoyant dos à dos les deux appels en voulant se placer en arbitre impartial, leurre que nous refusons d’accréditer.
Nous avons ainsi pu maintenir notre rassemblement malgrél’arrêté préfectoral, tandis que les fascistes ont annulé le leur. Ils n’auraient de toutes façons pas pu maintenir leur manif face à notre appel collectif.
Dans cette situation, nous appelons toutes les personnes quisouhaitent s’opposer activement au fascisme, quel que soit sa forme, à rejoindre les Assemblées Générales, les manifestations et les autres évènements antifascistes.
Plus largement,
NOUS APPELONS À LA CREATION D’ESPACES OUVERTS ETRE JOIGNABLES PARTOUT EN FRANCE POUR S’ORGANISER ENSEMBLE SUR LA QUESTION ANTIFASCISTE
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