A 2 mois des élections présidentielles sénégalaises, quel est le bilan de Abdoulaye Wade? Décevant, décevant sur tous les plans, ce que l’espoir de la population sénégalaise a qualifié d’alternance, s’est révélé souffrir des mêmes travers que ses prédécesseurs socialistes avec peut-être encore plus de scandales, peut-être encore plus de détournements d’argent et autres malversations en tous genres et une personnification du régime et de sa famille qui le font surnommé Kim Jong Il par des esprits railleurs mais qui est véritablement du domaine du culte de la personnalité.

Essayons de tirer un bilan sans parti pris, objectif, des 7 années de pouvoir du régime Wade et des différents avancées ou reculs qu’il a fait connaître au Sénégal. Economiquement, Dakar la capitale est en pénurie d’électricité quasi permanente quand ce ne sont pas des pénuries de gaz et l’on voit les sénégalais parcourir la ville avec leur bonbonnes de gaz vides sous le bras pour chercher un point de vente disposant encore de pleines, donc dans la capitale même pas d’électricité pour les frigidaires ni de gaz pour faire la cuisine alors sans être trop caustique disons que le régime Wade a ramené Dakar au charbon de bois, un progrès de l’alternance sûrement

Economie suite, l’Etat sénégalais a touché autour de 45 milliards de FCFA du FMI ce qui doit faire 70 millions d’€ si je ne me trompe pas dans le change pour déréglementer son marché sur les huiles raffinées, argent dont on ignore évidemment s’il est passé mais mesure libérale dont les conséquences sur l’économie sénégalaise et sur les populations sont incalculables, elle met en danger 70% de la population qui vit de l’agriculture et de l’arachide sans parler de l’industrie de raffinage sénégalais particulièrement la SONACOS qui est condamnée à  brève échéance par l’application d’une telle mesure mettant entre 3000 et 5000 personnes sur le carreau. La filière arachidière au Sénégal est particulièrement sinistrée les paysans n’étant pas payés ou par des bout de papiers inutiles et sont dans l’incapacité de nourrir leur famille ce qui je le répète concerne 70% de la population sénégalaise soient plusieurs millions de personnes..

Je passe sur le détails des différents détournements d’argent dans les administrations et organismes publics, il faudrait des livres pour les lister toutes et ce livre ne serait pas mis en vente au Sénégal ce qui m’amène au point suivant les libertés au Sénégal, liberté d’expression et liberté de s’opposer au régime, bref les dérives anti-démocratiques.

Il suffit de regarder le journal de 20h30 sur la RTS, unique chaîne de télé sénégalaise, pour être horrifié. Ce sont une suite d’applaudissements rémunérés évidemment avec une claque à  10.000 FCFA par personne amenée en cars payés par le contribuable avec dans une première partie du journal les applaudissements de foules sur Wade himself, Kim Jong Il, dans une deuxième partie du journal les applaudissements de foules en délire cadrées savamment sur sa femme Viviane Wade, et dans une troisième partie les applaudissements sur son fils Karim et, en fin de journal, les applaudissements des discours des différents ministres en déplacements dans des fiefs là  encore bien cadrés et organisés avec rien qui dépasse que des applaudissements et lecture docile par le présentateur de service des communiqués officiels du gouvernement, un vrai journaliste pourrait faire une crise cardiaque ou une syncope en regardant ça, c’est déontologiquement honteux, ce n’est pas du journalisme et énerve chaque soir tous les sénégalais enfin ceux qui n’ont pas renoncé à  regarder cette parodie de journal télévisée qui ferait paraître tf1 pour un modèle d’impartialité, notons au passage que les groupes français, Bouyghes, Vivendi, France Télécom avec leur changements de noms réguliers comme les truands changent d’identité quand leur pedigree devient trop lourd sont aussi derrière tout ça au Sénégal, la France est loin d’être absente de cette gabegie généralisée le même mot qu’on utilise pour le cancer et ça y ressemble dans ses effets sur la société sénégalaise.

Le nombre d’emprisonnements arbitraires et abusifs subis tant par des journalistes que par des opposants politiques est tellement élevé qu’il est impossible là encore de les lister tous dans un article résumant la situation, il faudrait un bottin, le dernier en date qui mériterait qu’on fasse quelque chose pour le sortir de là  et qui a été emprisonné il y a deux jours est l’informaticiens de l’opposant principal à  Wade, Idrissa Seck, qui a 21 ans et qui est un jeune très doué intellectuellement ce qui rend particulièrement insupportable de le voir emprisonné pour raison politique mettant son avenir en danger et emprisonnant la richesse et l’avenir du pays, quand un pays met ses jeunes et ses jeunes cerveaux les plus brillants en prison alors c’est vraiment l’avenir qu’on obère, c’est un crime contre l’avenir du pays, je mettrai la photo de ce jeune qui s’appelle Dame Dieng à la fin de l’article peut-être pourrons nous faire quelque chose pour le faire sortir au plus vite et qu’il ne connaisse pas les séquelles que laisse la prison et ses traitements inhumains qu’on ne souhaitent pour personne mais qui mettent l’avenir du pays en danger quand ce sont en plus les plus doué qui sont incarcérés ça semble encore plus absurde.

Les journalistes sont harcelés, par une police spéciale qui s’appelle la DIC et qui convoque chaque rédacteur qui n’aurait pas saisi tout le génie de Kim Jong Il et de ses fulgurantes visions. Wade fait de merveilleux discours sur les droits des femmes mais une femme battue au Sénégal doit payer une somme importante pour obtenir un certificat médical, somme hors de portée de l’immense majorité des femmes sénégalaises et le droit à l’avortement n’est même pas évoqué pour un avenir proche, les femmes sont formidables est l’essentiel du contenu des envolées lyriques et autres dithyrambes creux du patriarche de 80 ans et des poussières.

Enfin dernier point du bilan de l’alternance wadienne que je voudrais aborder : la paix en Casamance.
Echec total, on entend encore les bombardement à  certains endroits de Casamance au moment où j’écris ces lignes, cette guerre de basse intensité est totalement passée sous silence par les média internationaux et les négociations de paix sont un fiasco total. La région de Casamance n’a pas une seule route digne de ce nom, n’est desservie par aucun moyen de transport fiables, les coupeurs de routes sont embusqués entre la Gambie et la Guinée Bissau et rendent tout déplacement par route risqué en plus des cratères qui font qu’il est souvent plus commode de rouler sur les bas-coté que sur la route elle-même. La région est véritablement enclavée, beaucoup de zones ne sont pas encore électrifiées, pas de perspective d’emploi pour les jeunes, pas d’industrie, pas de tourisme, cette guerre de basse intensité qui à mon avis est un jeu diabolique et dangereux entre les services secrets gambiens, sénégalais et Bissau guinéen se joue aux dépens des populations, le plus dramatique de l’histoire étant que de nombreuse zones de Casamance sont minées et donc dangereuses pour les populations qui n’osent plus cultiver de peur de voir leurs enfants se faire arracher une jambe ou un pied ce qui est fréquent dans la région il suffit de voir l’atelier de prothèses à l’hopital régional pour se faire une idée de l’ampleur du désastre, il y a des milliers de mutilés à cause de ces mines et des milliers de personnes déplacées dans différentes parties de la région ou en Gambie. Wade la semaine dernière a évoqué le déminage de la Casamance et ce à 2 mois des élections présidentielles alors que rien n’a été fait dans ce sens jusqu’à  aujourd’hui et alors qu’il est au pouvoir depuis plus de 6 ans, je trouve ce cynisme politique inqualifiable, parler du déminage de la Casamance à 2 mois de l’élection et alors qu’on a rien fait pour cela pendant tout son mandat est une putasserie méprisable qui piétine la vie des gens et l’avenir même des enfants de Casamance, le genre de déclaration ignoble et irresponsable qu’on ne peut pas pardonner, il y a des limites.

Je voudrais dire une seule phrase sur l’éducation au Sénégal pou laquelle le pouvoir se targue d’allouer 40% du budget de l’Etat, ils ont effectivement dépensé beaucoup pour des infrastructures, construction de lycées mais sans financement prêvu pour les faire fonctionner et qui sont voués à devenir autant d’éléphants blancs dans le paysage sénégalais et dont les us et mauvaise coutumes politiques font que nous savons parfaitement que ces grands travaux servent à récupérer en sous main des pots de vin par les entrepreneur choisis pour réaliser les chantiers et ainsi financer la vie de son parti pour plusieurs années, c’est tout bénéfice pour le PDS, le parti de Wade, aucun bénéfice pour les élèves qui sont en moyenne 60 par classe avec un taux de réussite au brevet et au bac entre 15 et 20% et des professeurs vivant sous le seuil de pauvreté et souvent en grêve pour obtenir un logement ou un salaire moins indigent, bref le système éducatif sénégalais ne fonctionne pas.

Il serait malhonnète de conclure ce bref bilan sans ajouter que les socialistes d’Abdou Diouf au pouvoir précédemment souffraient exactement des mêmes travers, et ne représentent en aucun cas un espoir pour les sénégalais qui les ont vu à l’oeuvre de nombreuses années avec les mêmes prévarications et autres détournements de l’argent destiné à soulager les souffrances des populations, le désespoir des sénégalais étant justement là, il n’y a pas eu d’alternance mais la perpétuation des mêmes pratiques malhonnêtes et inefficaces avec quand même un accroissement de la persécution des opposants les vieillards au pouvoir ayant la fâcheuse tendance à ne pas tolérer la contradiction Abdou Diouf était quand même un peu moins autocratique que la fin de régime de Wade qui envoie désormais en prison tout contestataire, il est évident que je ne suis pas au Sénégal pour oser écrire tout cela sinon la DIC viendrait me chercher demain matin à  6h.

Je vous rappelle enfin le cas du jeune Dame Dieng qu’il faut vraiment essayer de faire sortir de la prison de Reubeuss à  Dakar.