Dans « Barbe Bleue », juchées sur le donjon du château, la belle princesse, et sa sœur, menacée par son monstrueux époux, se désespèrent de voir arriver le prince charmant qui la sauvera de son tragique destin…

Le « prince charmant » ! Aujourd’hui personne ne croit plus, encore que, à ce genre d’histoire pourtant, à voir certains épisodes de la vie politique contemporaine on ne peut que se remémorer ce conte.

La « gauche de la gauche » se languit de son « prince charmant », celle ou celui qui la sauvera, qui la fera exister. Mais, alors que, dans les contes, le « prince charmant » est seul, on n’a jamais vu en effet deux ou plusieurs « princes charmants » se disputer les faveurs de leur belle, ici ils sont quelques uns à tenter l’aventure.

Du coup, on change d’histoire, du roman à l’ « eau de rose » (rien à voir avec le PS), on passe au combat de chevaliers – l’esprit de chevalerie en moins – parce que là, il y a compétition. Les chants des troubadours laissent alors la place au fracas des armes. Chaque concurrent porte l’oriflamme de son camp. On se bat pour son drapeau, on défend les intérêts de son camps, et si on n’en a pas, le sien.

Quant à la princesse, ne nous méprenons pas, elle n’est pas aussi ingénue qu’elle en a l’air . Quoiqu’elle ne se fasse aucune illusion sur l’avenir que lui réserve son mari, sachant qu’avec lui rien de sérieux ne peut se construire, elle n’est pourtant pas prête à se donner au premier venu. Finalement le tournoi pour désigner le vainqueur s’avère être le seul moyen pour départager les prétendants.

Mais tout combat, même loyal laisse des traces si on ne tue pas l’adversaire, et la mise à mort n’est pas au programme… On le laisse donc vivre avec le goût de défaite dans la bouche… Ca ne facilite pas la cohabitation à venir. Mais on n’en est pas là.

Les lances et les épées ont été remplacées par des armes fictives… ce qui a le don de prolonger le combat. Or, la belle s’impatiente et voudrait une bonne fois pour toute donner son cœur à son champion. Ca gronde dans les tribunes… on commence à échanger des quolibets. Les combattants redoublent d’hardiesse mais n’arrivent pas à conclure le tournoi…

Finalement le spectacle qu’ils donnent est d’un classique affligeant. Eux qui avaient placé les principes de la chevalerie à l’avant-garde de leur action en sont à reproduire les mêmes turpitudes que leurs adversaires. Chacun se déclare vainqueur… le public n’y comprend plus rien. N’est pas chevalier qui veut !

Le « prince charmant » ou plutôt le vainqueur du tournoi, comme dans tous les bons contes, finira peut-être bien par être proclamé, le problème c’est qu’il restera, malgré sa bravoure, devant la porte, devant le fossé, il ne pourra pas entrer dans le château.

La belle se sera morfondue pour rien, elle finira comme toutes les autres épouses de Barbe Bleu… pendue au fond du cagibi noir.

Barbe Bleu peut dormir en paix, ce n’est pas encore cette fois-ci qu’il sera empêché de nuire.

Bonne nuit les petits et faites de beaux rêves !…..

Patrick MIGNARD / Merlin l’Enchanteur