La guerre au Liban est une guerre contre le prolétariat.

Au-delà du fait d’être une guerre pour se garantir une zone de sécurité au Nord, ou pour s’assurer le contrôle de l’eau dont l’Etat d’Israël a besoin de manière récurrente,

Au-delà de la propagande médiatique aussi bien locale que mondiale présentant cette guerre sous l’angle exclusif de la nécessité pour l’Etat d’Israël de se défendre contre une énième agression extérieure.

En bref, au-delà de tel ou tel intérêt particulier de l’une ou l’autre fraction bourgeoise locale et/ou mondiale, la guerre menée au Liban par l’Etat d’Israël depuis l’été 2006, a été, et est encore sous couvert de l’ONU: une guerre qui vise directement le prolétariat de toute cette région!

L’Etat d’Israël est l’Etat gendarme de toute la région du Moyen-Orient et sa tâche fondamentale est d’y maintenir depuis des dizaines d’années un niveau de paix sociale suffisant pour assurer la bonne marche de l’économie capitaliste en réprimant toutes velléités de lutte, tout foyer de contestation, d’organisation en force du prolétariat, que ce soit dans les territoires occupés et au Liban.

Cette opération de police s’est effectuée en deux temps

Dans un premier temps l’Etat d’Israël est intervenu massivement dès le mois de juillet, soutenu ouvertement par les Etats-Unis et implicitement par l’Etat français, semant la désolation, les massacres sur son passage.

Dans un deuxième temps, puisque la résistance du prolétariat est manifeste et refuse de tomber dans le piège de l’union nationale et de la division entre groupes « confessionnels » différents, puisque la guérilla encadrée par le Hezbollah a fait subir de lourdes pertes à l’armée israélienne, suréquipée, arrogante mais pas adaptée à ce type d’affrontement, c’est l’ONU, cette caverne de brigands impérialistes, sous l’égide de l’Etat français, qui est appelée à continuer et parachever cette vaste opération de police.

Et pendant toute cette période n’oublions pas que jamais la répression n’a fait autant de morts parmi les prolétaires des territoires occupés. L’intervention directe de l’Etat d’Israël montre à quel point les différentes fractions bourgeoises, comme le Hamas et le Fatah, sont incapables de mater un prolétariat dont les conditions de survie ne cessent de se dégrader au fil des années et qui aujourd’hui mènent des grèves pour exiger le paiement de salaires, non payés depuis des mois.

L’OFFENSIVE MILITAIRE DE JUILLET-AOUT

Les frappes dites « ciblées » ( réputées avoir une précision au mètre près) ont surtout frappées les prolétaires que ce soit directement en les tuant, que par la destructions de villages, de quartiers entiers, rendant ainsi leur vie encore plus insupportables (900 000 réfugiés). Des bombardements massifs ont eu lieu sur des zones où il n’y avait pas de combattants du Hezbollah et des bombes à fragmentation soi-disant « interdites » sont utilisées sur des zones civiles. Tsahal a largué des milliers de bombes à dispersion ( plus de 1,2 millions de petites bombes /sous munitions sur tout le sud Liban). Sur ce total, environ 30% n’ont pas explosé (environ 350 000!!) de suite, mais peuvent le faire dans les mois ou les années à venir soit au toucher, ou pire encore de manière intempestive. Prétextant l’objectif d’interdire à long terme au Hezbollah et à leurs lanceurs de se mettre à portée de tir des villes israéliennes, Tsahal a fait pleuvoir la terreur du ciel dans des zones où la population civile allait revenir, empêchant les prolétaires de se rendre dans leur champs et de reprendre leurs activités, aggravant ainsi leurs conditions de survie. Depuis cette pluie mortelle, tous les jours, au moins trois personnes sont blessées ou tuées.

Le bombardement de toute l’infrastructure économique du Liban – laiteries, dépôts d’essence, centrale électrique… – ne peut que provoquer rapidement une pénurie accrue, ainsi qu’une augmentation des prix, cela sans oublier la marée noire provoquée par 15 000 tonnes de mazout et toutes les particules polluantes contenues dans les centrales électriques détruites. Comme toujours c’est le prolétariat qui paie la facture en se serrant davantage la ceinture et en crevant à petit feu de cancers et autres maladies dues à ces pollutions! Le blocus maritime (levé le 8 septembre), soi-disant pour empêcher des livraisons d’armes au Hezbollah – alors que 90 % des armes transitent par la frontière syro-libanaise – touche là aussi en premier lieu les prolétaires, interdit d’aller pêcher en mer.

Les bombardements par le Hezbollah du nord d’Israël touche aussi le prolétariat de cette zone (Haïfa, frontière avec le Liban). L’Etat d’Israël, malgré ses énormes moyens en logistiques, a laissé ses propres prolétaires se démerder pour se reloger (300 000 réfugiés). La logique économique capitaliste s’est « occupée » d’eux à sa manière: en triplant par exemple le prix des hôtels dans le nord du pays. Que cette réalité bourgeoise pousse ces prolétaires à rompre avec la formidable union nationale, sacrée dont l’Etat d’Israël a tant besoin pour continuer sa politique répressive!

Les Etats mènent leurs guerres au nom de la sécurité, pour éradiquer le « mal » et ainsi justifient les frappes de la population. Ce « mal », c’est le prolétariat car c’est lui le danger pour la bonne marche et la pérennisation du capitalisme, à partir du moment où il n’est pas entièrement soumis à la logique du capitalisme. Son affaiblissement signifie sa soumission. Celle-ci est obtenue non seulement par les bombardements mais aussi par les appels lancés par les différents Etats à l’unité nationale. C’est toujours avec le slogan « unité nationale », que les Etats essaient de nous faire adhérer à leur politique qui ne sert que leurs intérêts de classe et leur économie mortifère alors que cela implique pour nous nous serrer la ceinture, se retrousser les manches pour un salaire de misère, et au bout du compte crever sous les bombes.

Parallèlement avec la nécessité de nous faire adhérer à ce slogan mensonger « d’unité nationale », l’Etat-gendarme israélien a tenté de diviser le prolétariat et de casser la dynamique de solidarité qui rapidement s’est mise en place. Par exemple tout le monde (chrétiens, chiites, druzes) aidaient tout le monde pour rechercher des victimes sous les décombres. Tsahal a choisi des cibles bien précises: les quartiers chrétiens de Beyrouth; la radio « voix de la paix » qui appelait à la solidarité avec les prolétaires « chiites » et le bombardement de beaucoup de réfugiés sur les routes du nord du Liban, loin du fief du Hezbollah qui a depuis longtemps concentré son armement au sud.

Pourtant les différentes tentatives de faire éclater ces mouvements de solidarité n’ont pas abouti et jusque dans les camps de réfugiés palestiniens des prolétaires déplacés ont été hébergés.

Par contre les forces étatiques présentes dans la région et censées protéger la population, ont d’abord défendu la propriété privée. Par exemple l’armée libanaise a empêché les prolétaires qui cherchaient un endroit moins exposé à la mort de s’installer dans des bâtiments ministériaux vides, ou encore les militaires de la FINUL ont chassés les prolétaires de leur camp avec des chiens.

AUJOURD’HUI.

Au-delà des différents objectifs impérialistes affichés par les différents Etats, comme la volonté de l’Etat français de reprendre pied solidement au Liban, l’objectif central pour l’Etat mondial, par le biais de l’Etat d’Israël, de l’ONU, de l’Etat français, des Etats-Unis, de l’Etat italien, de l’Etat turc et des différents encadrements bourgeois comme le Hezbollah et d’autres milices locales est la pacification du prolétariat de cette région. C’est toujours la même politique qui vise à réprimer les velléités de lutte, de résistance et d’imposer toujours plus fort la démocratie comme mode de vie, éradiquer de la surface de la terre tout réflexe communautaire, humain, même le plus élémentaire comme l’entraide entre prolétaires et ce que ce soit en Haïti, en Côte-d’Ivoire, en Irak… où à chaque fois sont envoyés des troupes militaires de différents pays, qui sont spécialisés dans la répression des émeutes, grèves, guerre de guérilla.

Le prolétariat de cette région a mené d’importantes luttes aux cours des années 1970, ’80, et malgré la répression menée par l’Etat syrien, israélien, onusien… malgré des défaites sanglantes, il continue à ruer dans les brancards, à s’organiser, à résister. Ce qui s’est passé dernièrement montre que les traditions d’entraide entre prolétaires n’ont pas été détruites et que la politique du « divisez pour régner » et les différentes guerres entre factions bourgeoises rivales n’ont pas suffi pour transformer le prolétariat en une masse soumise, prête en s’entre-déchirer.

Quant au Hezbollah, que les différents groupes gauchistes en Europe ou ailleurs dans le monde soutiennent, c’est une organisation qui encadre le prolétariat et qui en aucune façon ne remet en cause les fondements même de la société capitaliste: respect et défense de la propriété privée, de l’argent, de l’Etat. Par le biais d’un encadrement dans différents domaines comme l’éducation, les centres de santé… cette organisation contrôle la force des prolétaires, leur combativité, pour l’utiliser à son profit exclusif. Le sort particulier réservé à la femme -obligée de s’habiller en noir, de ne pas pratiquer la danse du ventre, de rester confinée à la cuisine, etc.- permet d’affirmer sans ergoter plus loin que cette organisation est contre le prolétariat: l’avilissement de la femme est un trait caractéristique de la civilisation bourgeoise, qui n’oublie pas que les femmes sont bien souvent à l’avant-garde dans la lutte!

Lors de la grève générale de mai 2004 contre la vie chère le Hezbollah, tout affairé à défendre la bonne marche de l’économie, a dénoncé les prolétaires grévistes comme manipulés par les Etats-Unis, alors qu’au même moment l’Etat libanais réprimait et tuait des prolétaires.

Dernièrement, le fait que Nasrallah, leader du Hezbollah, ait déclaré aux militaires de l’ONU que si ceux-ci désarment des hommes rencontrés sur un chemin, cela ne poserait pas de problème. Nous assistons une fois de plus à la convergence d’intérêts en fractions bourgeoises, qui au-delà de leurs rivalités pour s’approprier le gâteau, veulent désarmer le prolétariat et garder pour eux le contrôle des armes.

Notre responsabilité.

Face à une telle situation, la responsabilité du prolétariat, de ses groupes organisés est importante. C’est l’isolement de notre classe dans telle ou telle région du monde qui explique sa défaite et son relatif encadrement par des groupes bourgeois comme le Hezbollah au Liban ou des groupes islamistes en Irak. Ainsi la bourgeoisie arrive à contenir la lutte et à la réprimer.

Le premier pas à faire est de comprendre que c’est notre classe qui se bat « là-bas ». Le premier pas à faire est de lutter contre toute vision bourgeoise centrée sur les intérêts particuliers de telle ou telle fraction étatique, qui voit la guerre récente soit comme l’affrontement entre un Etat impérialiste et des groupes de guérilla qu’il faudrait soutenir comme de vulgaires porteurs de valise, soit comme une guerre interimpérialiste où le prolétariat est étrangement absent, totalement soumis à la paix sociale.

D’autres pas sont à effecteur pour comprendre que le meilleur soutien à nos frères de classe « là-bas » est d’approfondir les ruptures de classe déjà présentes « ici », comme la lutte dans les « banlieues » en France, d’approfondir la lutte contre notre Etat, de saboter cette économie mortifère, là où nous sommes. L’action de quelques prolétaires en Ecosse est une des multiples voies à suivre et bien sûr à transformer, à étendre, à radicaliser: ceux-ci ont réussi à s’introduire dans un avion rempli de munitions venant des Etats-Unis et ont ainsi contribué à perturber l’approvisionnement de l’armée israélienne.

Notre responsabilité est grande pour paralyser les forces répressives internationales qui interviennent partout dans le monde, là où les bourgeoisies locales sont dépassées par la force de notre lutte.

Solidarité prolétarienne avec la lutte du prolétariat au Liban, en Irak et partout dans le monde!
Lutte sans compromis partout là où nous sommes!

proletairesenavant@hotmail.fr