Les droits et libertés sont de plus en plus menacés dans le monde, même dans les pays de tradition démocratique. C’est un cliché de le rappeler: la droite, qu’elle soit religieuse ou politique, gagne du terrain partout.

En France, le cas de Rebeker inquiète. Si je vous menace de mort, dans Internet ou en personne, et que je lance contre des individus haineux, il ne fait pas de doute que je serai inculpée. Alors, pourquoi lorsque l’ordre de tuer vient de pouvoirs religieux et politiques ses auteurs n’encourent-ils même pas un avertissement de la justice?

Dans un texte diffusé par la Metula News Agency, Viviane Miles écrit: «Condamné à mort par des groupes islamistes. En 2006, en France. Au lendemain de la publication d’une tribune libre dans le Figaro, dont le thème était la violence de l’islam, une fatwa a été lancée contre son auteur, Robert Redeker, professeur de philosophie dans un lycée toulousain. Depuis près de deux semaines, et pour échapper à cette sentence, l’enseignant est contraint de se terrer «quelque part» dans l’Hexagone, de fuir de cachette en cachette.» («La menace de tuer Redeker, un test pour l’état de notre démocratie», le 3 octobre 2006. Référence d’autorisation de diffuser sur Sisyphe no PR281071006IT).

La députée afghane Malalai Joya, lors de son récent passage au Canada, a déploré le fait que la situation n’ait pas changé dans son pays. «Il faut que je vous dise que, malheureusement, la situation désespérée du peuple afghan n’a pas changé. Lorsque le pays tout entier vit à l’ombre des armes à feu et des seigneurs de guerre, comment ses femmes peuvent-elles jouir des libertés les plus fondamentales? Contrairement à la propagande diffusée par certains médias occidentaux, les hommes et les femmes en Afghanistan n’ont pas été «libéré-es» du tout. «L’Afghanistan en proie à un double incendie». La chercheuse Carol Mann, qui a fait de nombreux séjours en Afghanistan, confirme cet état de choses, en rappelant notamment la difficulté de scolarisation des filles, et elle renvoie dos à dos Moudjhaddins et Talibans. («Un constat désespéré de Sarajevo à Kaboul»). Mais Bush n’a jamais voulu rétablir les droits des Afghans, il a eu son pétrole, et le reste lui importe peu. À présent, la colère monte au Canada car c’est au tour des soldats canadiens d’aller tuer et se faire tuer en vain en Afghanistan.

Au Canada, toujours, le conservateur de Stephen Harper qui se prend pour une copie conforme de George W. Bush veut museler les groupes de défense des droits et les groupes de femmes en posant comme condition des futures subventions gouvernementales l’interdiction de militer pour les droits et libertés. Il faut dire que ce gouvernement, à l’écoute de la droite religieuse, subit la critique de plus en plus virulente des groupes militants. Ses exigences visent ni plus ni moins à les faire taire. La ministre de la Condition féminine, qui a déclaré que l’égalité des femmes avec les hommes était chose faite afin de justifier les coupures bubgétaires à Condition Féminine Canada, s’est attirée les foudres des trois partis d’opposition, la semaine dernière. Une opposition qui profite bien mal de la position minoritaire de ce gouvernement.

Au Québec, le chef de l’opposition André Boisclair, qui espère battre le Parti libéral à la prochaine élection que des analystes prévoient vers le mois de décembre, a commencé à diluer son discours sur la souveraineté du Québec afin de rallier le plus grand nombre et de plaire à tout le monde et son père. Il semble cependant que cela produise l’effet contraire. Il faut dire que le pouvoir de persuasion et l’envergure politique d’André Boisclair ne sont pas très grands.

En Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, une victoire partielle tout de même contre une coutume barbare dont les femmes et les fillettes font les frais: les médecins et les infirmières n’ont plus le droit de pratiquer l’excision. Reste à savoir si l’interdiction sera suivie. Aux États-Unis, le magazine Ms. se lance en campagne pour protéger le droit à l’avortement de toutes les femmes. Alors que l’accès à l’avortement est réduit dans de nombreux Etats, et que le Dakota du Sud s’apprête à voter une mesure qui interdirait quasi-totalement cette pratique, la position de la Cour suprême américaine reste incertaine. Dans sa livraison du 10 octobre, le magazine lance une pétition qui sera acheminée au Congrès. De son côté, Amnistie internationale, section canadienne francophone, lance une campagne contre la traite des enfants et des femmes. «Elles sont environ 2,45 millions de personnes qui sont victimes de la traite dans le monde. Elles sont sans ressource, ne parlent pas la langue du pays. Des conditions de travail justes, elles n’y pensent pas! Isolées, trompées sur leur perspective d’avenir, elles subissent des violences et elles n’ont aucun recours pour obtenir justice. Sans papier, elles sont démunies face aux exigences de leur employeur.»

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Le 10 octobre 2006 – Micheline Carrier, éditrice de Sisyphe