Manifestation du samedi 30 mai 2020 :

nous demandons l’annulation de nos contraventions

Le 30 mai 2020, le collectif inter-organisations de soutien aux personnes exilées avait décidé d’une manifestation en faveur du logement inconditionnel pour tous et toutes, en réponse à l’appel de la marche des Solidarités qui organisait sa propre manifestation à Paris. Celle-ci avait été interdite à Paris mais n’avait pas empêché des milliers de personnes exilées de s’accaparer leur droit à manifester. À Rennes, la préfecture n’avait donné aucune réponse à notre dépôt de manifestation. Ni autorisée ni interdite, les militant.e.s avec ou sans papiers avaient donc choisi de manifester en respectant scrupuleusement le protocole sanitaire en vigueur. Des groupes de 10 personnes masquées disséminés tout le long du parcours ont assuré le respect des conditions fixées nationalement par l’état d’urgence sanitaire.

Une répression policière totalement arbitraire

Or, dès que les manifestant.es ont commencé à défiler, des contrôles systématiques ont été opérés par les forces de l’ordre. Pas moins de 42 contrôles d’identité seront effectués en l’espace de 30 minutes. Beaucoup des contrôlé.es dénoncent le manque de distanciation physique et de masque de la part des forces de l’ordre. L’impression générale fut celle d’un piège tendu pour réprimer. Entre 10 et 20 jours plus tard, 35 personnes ont reçu une contravention de 135 euros pour le motif de « rassemblement interdit dans une circonscription territoriale ».
Le collectif inter-organisation des personnes exilées à Rennes condamne l’attitude déloyale de la préfecture qui a été incapable d’autoriser ou d’interdire la manifestation dans les temps, remplaçant son atermoiement par un traquenard en vue de multiplier les contraventions. S’il s’agissait de décourager les manifestant.es, nous certifions que les contrevenant.es contestent leur contravention et attendent le procès devant le Tribunal de police afin de dénoncer les conditions d’entrave à la liberté de manifester. Nous accusons la préfecture d’avoir interprété les décrets du 10 mai de manière déloyale et totalement arbitraire, en instrumentalisant l’urgence sanitaire pour interdire, dans les faits, toute manifestation. Les forces de l’ordre n’avaient aucune autre consigne que de verbaliser, ne sachant pas si la manifestation était interdite ou non, refusant de désigner le gradé en vue de comprendre la situation confuse. Le déconfinement mis en place à compter du 11 mai avait levé bon nombre d’interdits. Mais, seules les libertés fondamentales restaient confinées : les rassemblements de plus de 10 personnes demeuraient interdits alors même que nous constations tou.te.s qu’il était possible de s’entasser dans les transports en commun ou les centres commerciaux. Les rassemblements de petites tailles jusqu’à dix personnes étaient pourtant autorisés, ce qui était précisément le protocole mis en place lors de notre manifestation. Il s’agit donc bien d’une répression politique.

Quelques soient les circonstances, la démocratie ne doit pas être confinée  !

Or, le Conseil d’État nous a donné raison par deux fois. Le 13 juin, il avait suspendu l’interdiction générale et absolue de manifester qui découlait du décret du 31 mai interdisant les rassemblements de plus de dix personnes. Le 6 juillet, saisi par plusieurs organisations syndicales et associations, le juge des référés avait estimé que l’obligation d’obtenir une autorisation avant d’organiser une manifestation sur la voie publique portait une atteinte disproportionnée à la liberté de manifester.
Le 30 mai dernier, les personnes exilé.es ont été les premières à manifester massivement sur la voie publique pour dénoncer l’oubli, l’indifférence et l’insécurité sanitaire dans lesquels ils et elles étaient plongé.es ainsi que la régularisation de tous les Sans-papiers.
La répression qu’ils et elles ont subi est injustifiée et intolérable.
Nous ne cesserons de nous opposer à toutes les lois et toutes actions contraires aux droits fondamentaux des personnes exilées, et notre opposition passera par la manifestation sur la voie publique comme expression reconnue, sauf par le gouvernement actuel, des libertés démocratiques.

Désormais, la majorité en place organise une entreprise de démolition des libertés publiques fondamentales, à travers la multiplication de décrets et de lois liberticides comme la Loi Sécurité Globale.
Sourd aux mises en garde des organisations internationales, aveugle aux principes fondamentaux de la République, le gouvernement n’a de cesse d’être dans la surenchère répressive. Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés !

P.-S.

Le collectif Inter-organisations de soutien aux personnes exilées et le collectif des amendé.es du 30 mai.
Avec le soutien de : Action Culture d’Entreprises, Accueil Réfugiés Bruz, Attac Rennes, Collectif Justice et Vérité pour Babacar Gueye, DAL 35, Ensemble 35, Étonnant Voyage, FSU 35, GL 14.10, GT-Migrants FI Rennes, NPA Rennes, PCF Rennes, Solidaires 35, UCL Rennes, UL CGT Rennes, UD CGT 35, UL CNT 35, Un Toit c’est Un Droit, VIAMI.