Le mardi 22 octobre, le Marais, squat d’habitation et de convergence des luttes ouvert depuis un an et demi à Caen, a été pris d’assaut par un important dispositif policier. Plus de 250 membres des forces de répression ont été mobilisés pour expulser ce lieu, symbole de la lutte pour l’accueil solidaire de toutes les personnes en exil. 250 c’est aussi le nombre de personnes qui vivaient au Marais et sont aujourd’hui sans solution de logement pérenne, et ce à une semaine de la trêve hivernale. La préfecture du Calvados se vante d’assurer la « sécurité » des personnes en évacuant le Marais, mais elle ne dit pas que seule une soixantaine de personnes auront droit à un logement provisoire, pour 3 nuits maximum. Ce sont donc 250 personnes qui ont déjà rejoint ou rejoindront les centaines d’autres dormant déjà à la rue – dont de nombreux enfants – et ce malgré les squats encore ouverts à Caen.

Pendant que s’entassent les cadavres dans la Méditerranée, l’Etat donne la chasse aux survivant-e-s. Pendant que la démocratie libérale, les militants de l’économie et leurs milices de colons mènent leur guerre aux quatre coins du monde, leurs dépendances nationales sapent tout ce qui n’intègrent pas leur comptabilité. Au moment de l’intervention, la plupart des habitant-e-s avaient fui le lieu par peur de la police. Seules 70 personnes étaient encore sur place, dont une vingtaine d’enfants. A leurs côtés, près de 80 soutiens s’étaient mobilisés .

Raid, bac, gendarmerie mobile ; tazer, LBD40, fusils d’assaut, chiens et serflex en guise de menottes, voilà comment ont été « évacuées » les personnes qui s’étaient réunies dans les bâtiments pour protester contre l’expulsion. Après avoir séparé les habitant.e.s de leurs soutiens, les services de la Préfecture les ont parqué.e.s pour les trier. Des camarades exilé.e.s ont ensuite été envoyé.e.s aux Centres de Rétention Administrative de Rennes et de Oissel – véritables prisons pour migrants -, en attente de leur expulsion probable du territoire nationale.

L’Etat a beau se féliciter de la réussite de l’opération, dans les esprits, il a déjà perdu et continuera de perdre. Certes, nous avons perdu un toit et des murs. Mais le Marais est bien plus que 3,2 hectares de terrain. Lieu de convergence politique, espace de liaison : plus qu’un simple espace d’organisation, un fragment de contre-monde, une communauté de vie et de lutte. Le Marais concrétise tout ce qui bouillonne depuis plusieurs années à Caen et dans la région. C’est un lieu qui a ancré les solidarités bien au-délà des milieux militants qu’un Etat prédateur s’obstine à criminaliser. Nous laissons ses agents en compagnie de ces quelques murs dont ils ne comprendront jamais l’histoire. L’esprit du Marais, lui, a déjà inondé la ville. Son histoire – et celle de ses enfants – commence tout juste. Elle a débuté le 28 avril 2018, au coeur d’un moment d’effervescence politique, au coeur de la grève, et l’expérience collective engagée sème indubitablement les graines de la victoire à venir.

C’est pourquoi nous appelons à continuer la lutte, à propager l’esprit du Marais hors de ses murs.

NOUS APPELONS A DES RASSEMBLEMENTS DE SOUTIEN DEVANT LES CRA OU NOS CAMARADES EXILE.E.S SONT EMPRISONNE.E.S.

Rassemblement devant le CRA DE RENNES DIMANCHE 27 OCTOBRE à 16H.
Rassemblement devant le CRA DE OISSEL MERCREDI 30 OCTOBRE à 17h.