Le mouvement contre la loi El Khomri et son monde est le mouvement le plus long, le plus dur, le plus enthousiasmant depuis de nombreuses années en France, et celui qui rend le plus tangible une perspective révolutionnaire. Ce qui permet de dire qu’il est révolutionnaire, c’est qu’il lie plusieurs plans : des manifestations offensives, des blocages, des grèves coordonnées dans un grand nombre de secteurs stratégiques, des occupations, des liens qui s’établissent entre les différente composantes de la lutte. Tout ceci a été rendu possible par une réelle volonté de composition à l’intérieur du mouvement et par son auto-organisation qui se structure par des assemblées générales, des commissions qui en dépendent et la multiplication d’initiatives qui s’y rapportent, souvent avec intelligence.

Dans un contexte où l’antagonisme avec le pouvoir est aussi saillant et où penser la sécession n’est plus inenvisageable, il est nécessaire de prendre le temps de construire ensemble de nouvelles perspectives. Un des énoncés qui a spontanément circulé tout au long de ce mouvement est celui de la commune. Que ce soit à la fac, dans les AG, dans les têtes ou sur les murs, l’imaginaire de la commune n’a cessé de se déployer.

La semaine dernière, des rencontres sur la commune se sont tenues sur la Zad de Notre-Dame-des- Landes. Il ne s’agissait pas tant de se rapporter au geste monolithique de la proclamation de la Commune de Paris en 1871 que d’explorer ensemble comment de multiples expériences ont pu se rapporter à la question du commun. C’est moins la Commune que les communes qui nous intéressent.

Comment faire commune, comment partir de nos besoins et des liens que nous avons construits dans la lutte pour mettre en échec l’économie et destituer le pouvoir nous semble une question vitale à ce stade. Si nous voulons tout bloquer, c’est pour frapper l’État mais aussi pour nous offrir l’opportunité de réinventer un nouvel usage du monde qui ne soit pas soumis aux logiques de la marchandisation et des oppressions.

Depuis le début, le mouvement a été très pris par des questions pratiques, logistiques et d’organisation contre la répression. Sans rompre avec ces préoccupations plus que nécessaires, nous vous invitons à une soirée de discussions pour inscrire les questions des moyens de la lutte et de l’organisation de la vie quotidienne dans une dynamique révolutionnaire réaffirmée. Nous proposons d’y faire un bilan des Rencontres sur la commune et de s’en inspirer pour voir ce qui, dans l’imaginaire de la commune, résonne dans la situation rennaise actuelle. Rendez-vous vendredi à 20h au Soupirail.

Vive la grève, vivons la commune !