L’extrême droite se caractérise avant toute chose par la défense d’une vision du monde « naturellement » et profondément inégalitaire ; c’est là sa marque de fabrique et ce qui la distingue des autres courants politiques. Cependant, elle peine à assumer totalement et publiquement cette posture, ainsi que l’encombrant héritage de ses expériences passées, nazie et fasciste : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle n’a pu faire son retour qu’en avançant masquée, et en faisant croire qu’elle venait de nulle part.

Le Front national, son principal représentant, pourtant fondé par d’authentiques héritiers du fascisme historique, a su, en quelques décennies, se faire passer pour un parti qui défend la liberté et la république, voire même, tout récemment, pour un parti d’émancipation sociale, tout en conservant ses fondamentaux inégalitaires et discriminatoires. Du côté de l’extrême droite radicale, le même tour de passe-passe a été opéré au début des années 2000 par les identitaires : là aussi fondé par des néofascistes racialistes, le mouvement identitaire a réussi à se débarrasser du folklore fasciste, sans rien lâcher sur le fond, mais en offrant une vitrine acceptable et moderne. Pour réussir à faire prendre des vessies pour des lanternes, les uns et les autres ont joué sur une certaine confusion, afin de brouiller leur image et de rendre caduque la notion même d’ « extrême droite ». Aujourd’hui, l’extrême droite réussit à faire croire qu’elle n’est pas d’extrême droite, puisque « ni de droite ni de gauche », qu’elle est pour la liberté d’expression, que l’extrême droite c’est les autres (en particulier celles et ceux qui s’opposent au développement de ses idées), qu’elle est ouverte au dialogue et qu’elle vaut la peine d’être essayée, comme si elle n’avait jamais été au pouvoir. Elle a su en outre récupérer à son compte le discours, les postures voire les symboles de la gauche ; certaines personnalités considérées à tort ou à raison comme « progressistes », ont participé à ce brouillage, soit en s’engageant à ses côtés, soit en faisant preuve d’une grande tolérance à son égard. Au nom de la lutte contre le « système », certains défendent ainsi l’idée d’une convergence de tous ses « ennemis », de droite comme de gauche : une idée ancienne à l’extrême droite, mais qui connaît aujourd’hui une nouvelle vitalité, et dans tous les milieux, en particulier dans les nouveaux espaces de politisation, réels ou virtuels. Ce « confusionnisme » ne peut bien entendu que profiter à l’extrême droite, et c’est pourquoi il mérite d’être analysé et déconstruit, afin que renaisse une certaine intolérance à l’égard des courants nationalistes, racistes, sexistes et autoritaires qui, s’ils ne disent pas toujours leur nom, garderont tout l’espace qu’on leur laissera, afin d’y imposer leur ordre. Il sera alors un peu tard pour se demander ce qui s’est passé… Re?union publique vendredi 29 mai : 20h30 à L’Etincelle – 26 rue Maillé, 49100 ANGERS

En présence de la Horde, méchamment antifasciste !

La Horde n’est ni une organisation, ni un groupe militant local : c’est un collectif d’individus (le plus souvent investiEs dans la lutte antifasciste depuis des années) qui propose aux collectifs de terrain et à toute personne souhaitant lutter contre l’extrême droite et partageant une même conception d’un antifascisme autonome un certain nombre d’outils, quelque soit sa situation géographique.
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