[rennes] manif pour l’autodéfense et la solidarité féministe !
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Themes: Contrôle socialGenre/sexualitésGuerreLibérations nationalesRépressionResistances
Places: Rennes
Place du parlement de Bretagne - RENNES
DROIT A L’AUTODEFENSE DES FEMMES ET LGTBQI ! MANIFESTATION MERCREDI 23 AVRIL – PLACE DU PARLEMENT DE BRETAGNE – 18H – en mixité
Un cours d’autodéfense autogéré sera organisé avant le départ en manifestation – en mixité
Un jugement sexiste et lesbophobe
Le 8 avril 2014, la justice a condamné une femme pour s’être défendue d’une agression violente commise à son encontre par un homme. Celui-ci était soutenu par d’autres hommes et s’en est pris à elle dans la rue, proférant des insultes sexistes et lesbophobes ainsi que des propos et menaces à caractère sexuel. La justice a défendu la version de l’agresseur en condamnant la victime à 5 mois de prison avec sursis et à des dommages et intérêts jusqu’à 10 000 euros. Au rendu du verdict, 18 féministes présent.e.s en soutien à l’accusée ont manifesté pacifiquement leur désaccord. Elles ont été évacué.e.s avec force et violence de la salle, puis ont été reconduit.e.s vers la sortie. Emmené.e.s au commissariat, il leur a été signifié que certain.e.s d’entre elles seraient prochainement convoqué.e.s pour répondre aux accusations d’outrage à agent et de dégradation de matériel.
Une situation inacceptable
Dans un contexte de recrudescence des violences à la fois dans les espaces privés et publics contre les femmes, les trans et les lesbiennes (viols, menaces de viol, agressions physiques, harcèlement sexuel, insultes, attouchements, remarques/propos à caractère sexiste, sexuel et homophobe) nous, féministes, ne pouvons accepter le verdict qui a été rendu et les poursuites engagées envers les personnes qui le contestaient. Nous tenons à dénoncer cette justice patriarcale qui ferme trop souvent les yeux sur les violences que subissent les minorités mais n’hésite pas à les condamner lorsqu’elles se défendent. Nous tenons à rappeler que dans les pays de l’Union européenne 40 à 50 % des femmes subissent des avances sexuelles non désirées ou des agressions sexuelles (le viol concernerait 16% de femmes). Seuls 4% des rapports forcés ou tentatives seraient signalés à la police ou à la gendarmerie. Seules 28% des plaintes seraient déférées au Parquet, 54, 8% des mis en cause seraient effectivement condamnés. Quel message nous est ainsi envoyé lorsque nous décidons de nous défendre face aux agressions perpétrées par des hommes? La logique de la “réponse proportionnée” nécessaire pour la reconnaissance
de la légitime défense conduit toutes les minorités à subir des violences sans soutien de la justice et sans possibilité de se défendre par elles-mêmes.
- Nous, Féministes enragé.e.s rennais.es, soutenons nos camarades et exigeons avec elles et eux : la relaxe pour la personne condamnée,
- l’abandon des poursuites à l’encontre des personnes interpellées au TGI,
- la reconnaissance du principe de légitime défense pour les femmes et les LGBTQI (lesbiennes, gays, bi, trans, queers, intersexes) sans condition.
MANIFESTATION MERCREDI 23 AVRIL – PLACE DU PARLEMENT DE BRETAGNE – 18H – en mixité
Un cours d’autodéfense autogéré sera organisé avant le départ en manifestation. – en mixité
Ramène tes ami.e.s, fait tourner l’info, partage l’évènement, manifeste ta rage et ta solidarité, soit inventif/ve, réapproprie toi cette manif…
Je suis en faveur du droit à l’autodéfense pour les femmes et les LGBT, mais j’ai du mal avec l’expression “avance sexuelle non désirée”… Faut qu’on m’explique, j’ai du mal à comprendre. C’est quoi une avance sexuelle non désirée ? Il faut lire dans les pensées des femmes ? C’est quoi ce nouveau truc ? Bon, et si la femme répond “non” et que ça s’arrête là, où est l’embrouille ? Le scandale ne serait-il pas plutôt que les femmes ne puissent pas faire d’avances sans passer pour des putes ?
Une avance sexuelle non désirée (en tout cas c’est ce que je comprends), c’est tous ces moments où des types croient que, parce que tu es une femme, ils peuvent (liste non exhaustive) : te faire des propositions à caractère sexuel, te siffler, te dire que tu es très belle, poser leur main sur ta cuisse, te regarder de haut en bas, te demander d’aller boire un verre avec eux…
Quand c’est dans la rue, on appelle ça en général du harcèlement de rue, mais ça peut venir aussi de collègues, d’amis, qui te draguent avec insistance alors que tu fais tout pour les éviter (ben oui, on n’apprend pas aux femmes à dire non clairement, donc elles essayent d’éviter les types lourds, sauf que ces types ont appris à insister et à ne pas comprendre les messages corporels qui disent clairement non). Oh alors ça paraît pas bien grave, non, surtout que par exemple, « tu es très belle » c’est un compliment, donc où est le problème ? Le problème, très souvent, c’est que ce sont des remarques que l’on n’a pas demandées et juste on n’en a rien faire là maintenant alors qu’on se promène tranquillement d’être belle ou pas, et aussi on n’a pas envie d’avoir l’avis d’un type qu’on ne connaît pas et qui nous dit ça sur un ton graveleux.
Et puis « si la femme répond “non” et que ça s’arrête là, où est l’embrouille ? » Le problème est déjà, comme je l’ai dit avant, que les femmes ont beaucoup de mal à dire non, et que leur non est souvent interprété comme un encouragement à insister, parce que les femmes ne savent pas ce qu’elles veulent, elles sont un peu bêtes, donc si on insiste, elles vont finir par céder ! Et pour répondre à ta question, si ça s’arrête après le non, il n’y a a priori pas de problème, mais c’est somme toute assez rare que ça se termine après seulement un non. Ou alors on est insultée.
Il ne s’agit pas de lire dans les pensées des femmes, il s’agit d’arrêter de penser que les femmes sont accessibles à tous les hommes à tout moment, sauf si elles sont en couple. Il s’agit de comprendre tous les signes qui montrent que la femme à qui on s’adresse n’est pas intéressée. Il s’agit de réfléchir à pourquoi les hommes se sentent toujours légitimes à draguer sans penser que la femme à laquelle ils s’adressent n’est pas là juste pour leur plaisir.
Et votre dernière phrase me pose problème. Ce n’est pas parce que ce combat ne vous paraît pas important que vous avez le droit de dire aux féministes et aux LGBT qu’il y a des combats plus importants. Parce que dans ce cas-là, il y a toujours plus important à faire autre part. D’ailleurs, on devrait aider les Afghanes plutôt que de réclamer le droit de se promener tranquillement dans les rues ici, parce qu’elles, elles sont vraiment dans la merde. (Bien sûr, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire pour les Afghanes, mais le fait est que c’est un argument souvent avancé pour faire taire les féministes ici, alors qu’on sait très bien que nous ne vivons pas encore, loin de là, dans un pays parfait du point de vue des droits des femmes.)
Ok, je comprends mieux, ça méritait une explication. J’avoue avoir (toujours eu) une vie sociale assez pauvre, et puis j’ai jamais été du genre dragueur. Une seule fois dans ma vie j’ai fait une avance explicite à une femme, mais j’ai posé la question de telle manière qu’elle ne pouvait répondre que oui ou non. Elle a répondu “non” et j’ai lâché l’affaire, nous n’en avons plus jamais reparlé, à part ça on est devenu très copains sans rien de plus.
Je ne donne aucun ordre aux féministes, c’était réellement une question.
Sérieusement, ça ne doit pas être facile, je ne comprends pas pourquoi les femmes qu’il y a autour de moi ne me parlent jamais de ces choses là… Je vais essayer d’en discuter avec elles, sans être trop lourd, pour avoir leur point de vue…
Merci pour ta réponse.