> Présentation du numéro 37 « (im)mobilisation générale »
> Court métrage autour des transports gratuits
> Interventions autour de l’autostop

Le développement de la cité capitaliste continue, le zonage et la spécialisation des territoires se renforcent. Ici on produit de la carotte, là du divertissement et là-bas du traitement des déchets. La « réduction » de la durée de nos trajets, parfois quotidiens, entre deux villes modernes – avec leur traditionnel centre-ville piétonnisé où l’on consomme dans les mêmes chaînes de magasins en circulant sur les mêmes pavés- détruit une notion du temps, un rapport d’être au monde.

L’accélération des transports accompagne et justifie celle de nos vies : au travail ou chez soi, l’on se retrouve avec toujours plus de tâches à faire, toujours plus vite. À l’heure où l’enracinement, l’amélioration longue et patiente de ses conditions d’existence, la création de liens stables d’entraide et de solidarité sont combattus ou rendus quasi impossibles par le fonctionnement quotidien de la société techno- industrielle, l’immobilité peut ainsi apparaître comme une valeur révolutionnaire. La mobilité des travailleuses et des travailleurs ainsi que des touristes est continuellement valorisée, voire imposée, mais de nombreuses contraintes à l’immobilité existent également. Les personnes sans papiers ou les travailleuses et les travailleurs migrant-e-s ne le savent que trop bien. Pour certains emplois, elles et ils sont assigné-e-s à résidence, ou leur passeport leur est confisqué à leur arrivée dans le pays exploiteur. Les femmes, que l’on a voulu assigner à l’espace privé, subissent également des contraintes dans leurs déplacements du fait de la violence masculine intrinsèque au système patriarcal.

Contre l’idéologie libérale de la circulation massive des marchandises, y compris humaines, contre l’étalement urbain et le triomphe de la bagnole, contre la grande vitesse et ses destructions, il ne s’agit pas de refuser en bloc toute perspective de déplacement, mais de retrouver la pleine et entière maîtrise de notre mobilité. La relocalisation et le questionnement sur l’utilité sociale et écologique de nos activités, l’immobilité choisie, la pratique de l’auto-stop, du vélo ou de la marche sont des pistes à creuser pour arrêter de circuler toujours plus vite et plus souvent, d’un lieu d’exploitation-consommation à un autre.