Dans ses rêves de grandeur urbaine, la mairie de Rennes a prévu le réaménagement des Prairies Saint-Martin : les jardins ouvriers quasi centenaires seront nettoyés et feront place à un « parc naturel urbain ». Quelle réalité se dissimule sous ces trois petits mots aguicheurs ? On nous parle d’« amphithéâtre végétalisé », d’espaces de détente, de pistes cyclables, aux ambiances « écologiques » séductrices… Une certaine idée de l’écologie, que nous ne pouvons qu’adorer : celle qui préfère rayer de la carte huit hectares d’espaces de culture potagère au profit d’un « parc naturel urbain » dont personne ne pourra réellement avoir l’usage.

Le gang Delaveau a encore frappé ! Inondations annuelles et pollution des sols (et donc des légumes qui y sont cultivés), telles sont les fables qui justifient l’expulsion des jardiniers, que cette parfaite petite bande organisée nous a concocté en confiant l’étude à un organisme bien sûr TOTALEMENT indépendant. Certains jardiniers, déjà constitués en association pour résister à leur expulsion (Préservons les Prairies Saint-Martin), n’ont pas eu de difficulté à dévoiler l’entourloupe sous la rhétorique experte.

Pour notre part, nous envisageons la création d’un collectif public d’opposition et une campagne publique de contestation de cette décision, accompagnés d’une occupation des jardins des Prairies. Ceci dans le but d’y créer des jardins collectifs pour cultiver des légumes et d’empêcher pratiquement la destruction des lieux. Des réunions publiques marqueront le début de cette initiative. L’organisation d’une manifestation d’importance pourrait aboutir au lancement de l’occupation des jardins des Prairies – action inspirée de tentatives déjà expérimentées récemment à Notre-Dame des Landes ou encore à Dijon en 2010. La production de nos propres légumes pourrait servir à alimenter des cantines publiques ou celle de la Maison de la Grève, et ainsi contribuer au développement de notre autonomie alimentaire vis-à-vis des productions industrielles et capitalistes, en apprenant ou ré-apprenant les techniques de base du jardinage.

La Mairie se sent relativement tranquille et à l’aise jusqu’ici, assez pour ne pas prendre en compte l’avis des usagers des lieux : mais que se passerait-il si les jardiniers trouvaient du soutien, si une détermination collective pour ne pas détruire ces lieux et leur inventer un autre usage venait à exister à Rennes ?

– 7h00 – 10h00 : petits déjeuners
– 12h00 : cantine

PRÉSENTATION
Lors du dernier mouvement contre la réforme des retraites, à l’automne 2010, nous avons réquisitionné les anciens locaux de la CFDT pour y installer la Maison de la Grève. Ça allait de soi : se doter d’un lieu pour s’organiser de manière déterminée par-delà les corporatismes et identités sociales (étudiants, travailleurs, chômeurs, travaillant dans le public ou le privé…). Un lieu pour partager nos analyses de la situation et coordonner nos actions, faire une caisse de grève pour s’entraider financièrement, organiser des cantines de grévistes alimentées en partie par des paysans nous soutenant, se retrouver dans des fêtes. Et imaginer comment faire durer la grève.

Au bout d’un mois et demi, la mairie de Rennes nous a expulsés, comme d’autres socialistes et toutes sortes de dirigeants organisent l’austérité ailleurs en Europe, et répriment ceux qui ne veulent pas plier. Après cette expérience, retrouver un lieu, cette fois pérenne, était une évidence. Pour construire, au fil des temps, une force locale déterminée à vivre autre chose que le capitalisme. Nous avons fini par nous installer dans les locaux d’une association au 37 rue Legraverend.

La Maison de la Grève est un lieu politique mais pas celui de professionnels de la politique. Ici, vous ne trouverez pas la clef pour sortir de l’impasse. La Maison de la Grève n’est qu’une ébauche, un commencement ici et maintenant d’autres possibilités. Avec son lot de difficultés et de joies.

Il est impossible de dire ce que la Maison de la Grève recouvre exactement et ceci pour une bonne raison : elle est plus que la somme des activités qui s’y passent, des événements qu’elle provoque ou auxquels elle prend part. Elle a la prétention de réussir à être en même temps plusieurs réalités, positions politiques, initiatives parfois même contradictoires sans se perdre dans l’éparpillement des luttes et le cloisonnement dans les manières de s’organiser.

Nous ne voulons plus laisser notre quotidien au hasard de ce monde. Nous voulons nous en ressaisir collectivement, partager et étendre des pratiques offensives. S’organiser contre le réaménagement de nos espaces, soutenir les grèves, imaginer des actions en dehors des mouvements sociaux, tout en se liant avec des initiatives d’ailleurs. Être un lieu d’où partir et où revenir, un lieu pour se projeter collectivement. Un lieu pour une mise en échec pratique et politique du pouvoir.

A la Maison de la Grève, vous trouverez une cantine, une université populaire, un atelier informatique, un magasin gratuit, une imprimerie (photocopieurs, sérigraphie), pour apprendre, manger, échanger, avancer. Vous pourrez aussi vous y rendre sans raison, pour prendre un café, trainer avec un ami, trouver un livre. Parce que la constitution d’une force tient autant dans sa capacité matérielle, à ses savoirs-faires, qu’à sa façon d’être et de marcher ensemble.

Ces dix jours ne sont qu’un debut ! Vous êtes les bienvenus !

https://maisondelagreve.boum.org/maintenant/article/du-…de-la