ENTRE LE CHARTER ET LE KARCHER

Actuellement, l’une des charnières principales autour de
laquelle s’articulent les régimes autoritaires et les politiques
oppressives est la chasse aux immigrés. Cette xénophobie, ce
racisme d’état s’affiche et s’assume en tant que tel et permet
ainsi aux partis conservateurs et de la droite extrême,
décomplexée, d’accéder aux plus hauts degrés des appareils de
l’état, comme c’est le cas notamment en Italie, en Hollande, en
Belgique, en Suisse ou en Autriche.

La France n’est pas épargnée par ce fléau. Les migrants y sont
également pris pour cible, afin de justifier l’échec des
politiques économiques. Leurs droits sont ravagés et leur
liberté d’installation compliquée à l’extrême. Le sinistre de
l’identité nationale en est rendu à organiser des « chasses à
coure » dans les bois du calaisis quand ce n’est pas dans la
jungle urbaine, et à expulser les réfugiés afghans par charter
européen alors même que la France est directement partie
prenante des conflits dans ce pays.

Le gouvernement lance aujourd’hui une campagne nationale sur le
thème « qu’est-ce qu’être français ? », après avoir, un an plus
tôt organisé un sommet européen de l’immigration à Vichy.
Ce débat s’avère d’ores et déjà éclairé à la lumière bleue des gyrophares
du 9 place Beauvau, venues ramasser les corps de celles et ceux qui, à
l’issu du débat, sont écartés et désignés comme « incivilisables ».

Malgré les sourires de façade, l’idéal de vie bourgeois, devenu
invivable, ne fait plus illusion. Trouver un exutoire, qui
permette de dévier l’attention des conflits qui entraînent
l’accumulation des richesses, et d’assoir un peu plus le diktat,
s’avère une priorité.
L’exaltation nationaliste et civilisationnelle, à travers l’Europe
forteresse, répond aux objectifs et intérêts que se fixent les couches
dominantes.

Les guerres coloniales pour le contrôle et la détention des
ressources énergétiques, la liberté de circulation cadenassée
et restreinte aux marchandises (et leurs propriétaires) permettent entre
autre de maintenir le pillage et la domination de l’empire sur les pays à
sa merci, tout en refoulant les conséquences de cette exploitation.

La diffusion des théories nationalistes, qu’elles correspondent
à des critères de race ou de patrie, s’expliquent également par
les résonances qu’elles provoquent et trouvent dans les
penchants apathiques et les instincts autoritaires des
populations sur lesquelles elle s’exerce.
Pour ce faire les partis réactionnaires ont recours aux amalgames les plus
grossiers, et tentent d’enraciner dans l’imaginaire collectif des
rapprochements, par exemple entre immigration et insécurité,
précarité et intérêts protectionnistes, valeurs traditionnelles de
la famille et invasion islamique. La diffusion d’une telle idéologie
nauséabonde repose sur l’idéal grégaire d’un homme fort, capable de
repousser l’angoisse d’une terrible contamination du corps social, d’un
patriarche salvateur et garant de l’ordre moral justifiant toutes les
exactions et soumissions.

La question n’est pas « d’accueillir toutes la misère du monde »
comme le fustigent déjà depuis trop longtemps certaines bonnes
âmes pourtant si enclines à la charité, mais bien au contraire,
de prendre le mal à la racine en faisant cesser, en enrayant
cette domination et l’exploitation qu’elle entraîne. Que ce soit
à l’extérieur de la muraille européenne ou à l’intérieur de
celle-ci, de nombreuses luttes sont menées pour briser le tabou
de cette idéologie identitaire et le clivage qui marque la
distinction entre ceux dont on prétend ainsi défendre
l’intégrité et ceux que la république n’arrive pas à digérer,
ceux qui après avoir satisfait les appétits du patronat sont
raflés et séquestrés dans des camps de rétention, ceux qui
finissent noyés (comme à Marne la Vallée) ou défenestrés à la
suite d’une contrôle aux faciès…

Certes, ces luttes peuvent sembler spécifiques, mais elles
concernent tout le monde, migrants ou non, et participent à la
construction d’un rapport de force plus global et concret, en tissant
notamment des liens entre différentes luttes comme celles des squats et de
la réquisition des logements vides par exemple, ou du travail. Le karcher
ou le charter et l’enfermement ou l’exclusion ne sont pas des horizons
indépassables comme voudrait nous le faire croire le gouvernement, ce ne
sont que des moyens réactionnaires que ce vieux monde utilise pour
maintenir et gérer les inégalités qu’il produit.

RASSEMBLEMENT DEVANT LA SALLE DES FÊTES DE PARÇAY MESLAY
MERCREDI 2 DECEMBRE 2009 à 17h30

C.S.D.A.S.P

Collectif de Soutien aux Demandeurs d’Asile et aux Sans-Papiers 37
06-34-19-64-98
csdasp37@no-log.org – http://csdasp37.free.fr