Al Haj Adam Hamed Abbas est né le 30 janvier 1991 à Laayoune, au Soudan.
Sa région d’origine a été attaquée par les milices Janjawids, soutenues
par le gouvernement soudanais, courant 2007. Au cours de cette attaque, il
aurait perdu son frère et n’aurait à ce jour plus de nouvelles de sa
famille. Al Haj faisait partie d’un mouvement politique rebelle : « Sudan
liberation movement » et aurait été repéré par la milice.
Craignant pour sa vie, il a quitté le Soudan et est arrivé en France le 24
octobre 2008 après un périple de plusieurs mois.

Le 31 octobre 2008, à Angers, il s’adresse à une plateforme d’accueil et
d’orientation des demandeurs d’asile.
En tant que mineur, il est accueilli dans un établissement d’éducation
spécialisée dans le cadre d’un placement immédiat. Un juge des enfants
prononce une ordonnance de placement le confiant à l’Aide Sociale à
l’Enfance jusqu’à sa majorité. Il commence alors une scolarité pour
apprendre le français et préparer son projet professionnel. Il souhaite
faire une demande d’asile et commence à rédiger le récit de son histoire
avec les travailleurs sociaux.

Le 15 décembre 2008, le commissariat le convoque pour complément
d’informations et il est aussitôt placé en rétention administrative. En
effet, lors de sa première interpellation à Angers, quelques temps
auparavant, il était en possession d’une obligation de quitter le
territoire belge.
Al Haj avait refusé de faire une demande d’asile en Belgique car il y
avait passé 2 mois (aout 2008) en centre de rétention administrative, dans
des conditions qu’il décrit comme très difficiles.

Une « réadmission » est alors demandée auprès de la Belgique et Al Haj est
conduit à l’aéroport, dans la nuit, afin d’être reconduit en Belgique.
Arrivé sur place, il a 5 jours pour quitter le territoire car il n’a pas
fait de demande d’asile en Belgique la première fois qu’il y a été arrêté.

Sans aucun moyen, il revient en France, erre de ville en ville, sans aucun
contact, dort dans des squats, et revient finalement dans la seule ville
où il a eu des repères, une structure et des liens : Angers.
Il réussit à nous informer de sa présence par téléphone mais est à nouveau
arrêté dans la rue le 11 mars 2009.
Une nouvelle décision de reconduite à la frontière est décidée et Al Haj
est conduit au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes en vue
de son expulsion en Belgique.
Nous rentrons en contact avec la Cimade et l’avocat d’Al Haj.
La préfecture doit alors demander au juge des libertés et de la détention
(JLD) l’autorisation de le garder au CRA, en vue d’une expulsion vers la
Belgique, prévue pour le mercredi 18 mars (hier soir).
Suite à cette décision, un rassemblement devant la préfecture d’Angers
est aussitôt organisé, un entretien avec le directeur de la réglementation
est obtenu et la situation d’Al Haj semble débloquée. Il ne partirait
plus. Son arrêté de réadmission vers la Belgique serait suspendu. Le
dossier Ofpra pour sa demande d’asile serait débloqué du centre de
rétention. Il n’y aurait plus qu’à attendre qu’il arrive à l’Ofpra.

Faux espoir ; une nouvelle demande de « réadmission » en Belgique est
malgré tout lancée par la préfecture d’Angers, le lendemain pour cause,
cette fois, de franchissement illégal des frontières. Son dossier OFPRA
est bloqué à la préfecture dans l’attente d’une réponse de la Belgique.
Une « réadmission » en Belgique signifie à terme le retour d’Al Haj au
Soudan.

Une nouvelle mobilisation a donc lieu le 19 mars à 16h devant la
préfecture afin d’interroger le préfet sur cette demande de réadmission en
Belgique alors qu’Al Aj n’y a jamais fait de demande d’asile, qu’il a eu
une obligation de quitter le territoire belge, et que la prochaine fois
qu’il pénétrerait sur ce territoire, il serait expulsé au Soudan, pays
dans lequel il est en danger de mort.
Nous avons donc interrogé le préfet sur la responsabilité de la France
dans cette demande de réadmission en Belgique, pays qui peut ; soit
l’expulser au Soudan, soit l’obliger à quitter le territoire à nouveau
alors
que la préfecture du Maine et Loire a la possibilité et le devoir de le
proteger au nom de la France terre d’asile, en permettant le transfert de
sa demande d’asile à l’Ofpra.
L’absurdité administrative dans laquelle se trouve Al Haj rend impossible
toute démarche de demande d’asile. Al Haj est littéralement noyé et
balloté d’un pays à l’autre.
Son état de fatigue physique et mentale est inquiétant. Il ne souhaite
aujourd’hui qu’une chose : vivre en sérénité.
Nous attendons donc activement une réponse de la préfecture. Nous
poursuivons le combat samedi 21 mars à 15h, devant la
préfecture.