Les dents de l’amer

Comme nous l’avions présenté dans les numéros précédents, le mur va déconstruire pierre par pierre le pourquoi du comment du réaménagement du quartier Thiers-Boisnet.

Face à St Serge 2000 et ses cyber-bâtiments se dresse Thiers-Boisnet, et ses 5,5 hectares, attendant les fraiseuses des urbadentistes.

LAISSER POURRIR

En effet, en même temps que le projet St Serge 2000 se montait, le conseil municipal de mars 1990 gelait tout aménagement et réhabilitation du quartier Thiers Boisnet. Face à la pétition des habitant-e-s qui suivit en mai, le maire Jean Monnet se défendit :

“Il n’est pas question de raser le quartier comme on l’a fait pour la
> République, ni de chasser personne. Il n’est pas question non plus de geler longtemps toute opération immobilière.” (Courrier de l’Ouest du 21 juin 1990)

Son projet : Eviter un aménagement “anarchique”, et “garder un ensemble cohérent”, en bloquant les initiatives individuelles au profit d’un projet global de 28 429 000 euros qui sera mené par la SARA. Il entama même une pseudo concertation avec les habitant-e-s.
Mais elle ne sera que factice, les thèmes abordés toujours secondaires, et les décisions verrouillées par la municipalité.

“UNE CARRIE EN CENTRE VILLE” … ON L’ARRACHE

Cette anesthésie de 6 ans a eu pour conséquence le pourrissement des bâtiments que la mairie a donc pu acheter, puis vider de leurs
habitant-e-s, pour enfin raser.
Le détartrage attire les opportunistes comme le journal Ouest France, qui titrait dans un article de 1981 “Thiers-Boisnet,[…] une carie en centre ville” pour appuyer l’initiative de la mairie. Pourtant quelques années plus tard le quotidien est l’un des premiers à installer ses locaux dans le quartier.

Malgré le gel imposé par la mairie, Thiers-Boisnet ne se refroidit pas .

THIERS-BOISNET: UNE DENT CREUSE… COMBLÉE ! ?

A deux pas du centre-ville bourgeois et commerçant, Thiers-Boisnet gardait avec ses bâtiments, l’héritage d’un passé ouvrier ; ce secteur, entre quai de la Maine et gare de marchandise, fut un endroit particulièrement actif au début du XXème siècle. C’est cet héritage industriel que les habitant-e-s on voulu conserver, notamment grâce à une étude du “Service des Bâtiments de France”.[1]

Sur les 14 façades répertoriées par les chercheurs, seules 3 seront conservées. Le front de Maine est entièrement reconstruit, seule reste
l’usine Cointreau, du fait de son statut particulier, protégée, conservée,
mais transformée en banque. Une vitrine pour la Ville, dans le cadre de ” La reconquête des rives du fleuve”, qui seront à terme bordées de bâtiments tous propres et d’une “superbe blancheur”, symbole du sourire carnassier de l’office de tourisme et de la chambre de commerce.
En dépit de cette politique du pourrissement, cet ancien quartier ouvrier reste encore un lieu vivant, abritant un réseau assez important
d’associations et de résistances. Elles seront pourtant délogées pour être remplacées par un grand parking et un parc locatif, profitant aux différents promoteurs du projet (entre autre Bouygues immobiliers). Avec 900 logements neufs, le quartier est censé accueillir 2000 habitant-e-s suplémentaires.
Une hyper-densification incisive que ne verront pas les personnes expulsées et expropriées.
Ainsi, la mairie et ses assistants urbadentaires auront bientôt fini
d’effacer les traces d’un passé ouvrier et d’un présent atypique, qui
faisait tâche avec l’image lisse et policée présentée dans les brochures touristiques… C’était sans compter sur le MUR qu’illes vont se prendre dans les dents!

[1]
Service des Bâtiments de France : Service de l’inventaire général des
monuments et des richesses artistiques de la France”

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Gouter-discussion autour du MUR
le dimanche 30 novembre à 15h
au [sli:p], 26,5 rue Maillé
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Yeah yeah !