Prendre d’assaut les lycées bloqués, c’est la nouvelle idée du ministre de l’Education. Quitte à faire appel à la police et à la gendarmerie. Gilles de Robien a donné, jeudi, une «consigne orale» en ce sens aux recteurs d’académie. Selon Reuters, le cabinet du ministre a même invité les proviseurs «à saisir les autorités de police et de gendarmerie pour obtenir les concours nécessaires à la levée des blocages». Le ministère a par la suite précisé que les réouvertures des lycées bloqués par les anti-CPE – selon le dernier décompte du ministère de l’Education nationale, 318 lycées étaient fermés mardi soir et 1.054 perturbés sur un total de 4.300 – devaient se faire «en fonction des situations locales» et qu’il appartient aux recteurs d’en déterminer les modalités.

Mais l’objectif est que tous les établissements rouvrent le jeudi 30 mars au matin, même si leur fermeture avait été décidée pour des raisons administratives.

Déjà remarqué par sa sortie matinale («Je ne suis pas impressionné», a-t-il déclaré mercredi sur d’Europe 1 au lendemain de manifestations anti-CPE qui ont rassemblé trois millions de personnes selon les syndicats, un million selon la police), le ministre s’est mis tout le monde à dos. Le SNPDEN, principal syndicat de proviseurs, a estimé que «la solution n’est pas dans l’ordre public, elle est politique». Le Snes-FSU, premier syndicat d’enseignants dans les collèges et lycées, a dénoncé un «appel irresponsable à la police» et l’UNL, syndicat lycéen, s’insurge contre «la répression, encore et toujours, comme seule réponse aux jeunes». La Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) a accusé le ministre de jeter «de l’huile sur le feu de la mobilisation». Et l’intersyndicale des 12 organisations de salariés, d’étudiants et de lycéens opposées au CPE a mis mercredi «le gouvernement en garde contre toute tentative de coup de force, notamment en direction des étudiants et des lycéens».

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Commentaire rapide
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Reste à savoir si De Robien « débloque » tout seul ou bien plutôt si ce qu’il dit et semble décider ne sont pas des signes avant-coureurs que quelque chose d’important se prépare au sein du gouvernement.

Au même moment, on apprend que les députés UMP, que l’on disait « divisés » entre « pro-dialogue/suspension » et partisans du passage en force se « ressaisissent » et « resserrent les rangs » derrière De Villepin et le gouvernement (et non Sarkozy).

Au même moment, des facs sont fermées administrativement (Tolbiac), les flics rôdent autour de certaines universités…

Un De Villepin qui ne cède pas à 3 millions de manifestants, c’est aussi un gouvernement qui se prépare à une bataille décisive : gagner coûte que coûte, y compris avec la manière forte, répressive, dans une logique « law and order ».
Plus que jamais la vigilance s’impose.

Mais pas seulement. Il faut rester offensifs, imaginatifs, solidaires et déterminés.

Plus que jamais il faut occuper. Occuper facs et lycées. Occuper la rue, l’espace public. Occuper les espaces d’expressions, médiatiques, qu’ils soient alternatifs ou officiels (bravo à l’action sur l’AFP !). Occuper l’espace social. Occuper les rouages de la machine administrative de l’Etat (bravo aux occupants de la DDTE de Toulouse !)

Mobiliser encore plus. Partout.

Dans les lieux où se rassemblent les gens, les salles de concerts et de spectacles (les chanteurs/musiciens/artistes peuvent prendre la parole pour soutenir le mouvement et inciter le plus grand nombre à se mobiliser), dans les théâtres…. Partout.

Rendre impossible toute action répressive.

Imposer le retrait du CPE mais aussi du CNE, RMA et l’ensemble des mesures qui organisent la précarité des salariés c’est-à-dire les majorité de la population.