Le changement des relations sociales pendant le septennat de VGE. Origine de tout ce qui se passe aujourd’hui.

Résumé d’un colloque au Sénat le 17 janvier « les questions sociales sous le septennat giscardien »

Une nouvelle approche du monde du travail à l’heure du chômage de masse.

Le septennat de Valérie Giscard d’Estaing est aujourd’hui minoré dans la mémoire nationale (VGE arrive en dernier lors des sondages de mémoire)

Lors de son élection en 74, la situation est exceptionnelle. De justesse (300 000 voix d’avance) mais avec le plus fort taux de participation. L’affrontement droite gauche est alors presque absolu, et son programme social veut « organiser la réconciliation des francais avec eux mêmes ».

Les maîtres mots du giscardisme c’est « décrisper les relations sociales », « consensus social », « débloquer la société », « faire de la france une démocratie paisible et réfléchie ».

Or il est élu dans un dispositif politique extrêmement bipolarisé et un contexte social particulier.

C’est la suite de mai 68, la CGT a à l’époque 4M d’adhérents et la CFDT,en pleine expansion, veut instaurer l’autogestion. Les grèves sont nombreuses dans la métallurgie, remettant en cause toutes les relations de travail, des gens jamais vus en grève aussi s’y mettent. Fin 73,une grève des banques a lieu (émergente d’Arlette), les mouvements étudiants sont permanents, le Larzac est occupé pour empêcher l’installation d’une base militaire.

Le président Giscard dit vouloir décrisper la société. Il faut ajoute rà cela que du coté des gauche,s on est proche du front populaire, les communistes et les socialistes ont signé un programme commun. La situation est donc extrêmement difficile.

Comment VGE pense-t-il régler ca ?

Ils veulent reprendre la main politiquement, obtenir la division des gauches en pratiquant une politique en mettant en oeuvre une partie du programme des gauches alors qu’ils sont de droite. Majorité à 18 ans, condition féminine, saisine du conseil constitutionnel, etc.

Pour le social, l’objectif est de faire la réforme de l’entreprise. On a commandé un rapport à Pierre Sudereau (démocrate chrétien), sénateur maire de blois. Sudereau propose de créer des structures de discussion entre salariés et patrons. VGE prend ce programme pour lui. En mai 76 l’assemblée discute ce projet de loi. Il n’aboutit jamais, le patronat est contre et le CNPF (ancêtre MEDEF) aussi. Le patronat explique que le dialogue est impossible et que le mouvement des salariés est puissant et que ca ne décrispera pas et que les structures seront utilisées par les mouvements ouvriers pour gagner des avantages.

En parallèle, le chômage explose. En 73, 400 000 chômeurs officiels. En 75, il y en a 900 000.

La cause principale de cette augmentation est le début de l’automatisation de la production. Les patrons ont fait le choix, après 68, de régler le problème des luttes sociales chez les OS, de les remplacer par des robots.

Les dirigeants politiques ont donc une stratégie de consensus social qui ne correspond pas aux attentes du patronat. Le CNPF est en train de mettre en place toute une série de moyens de gérer la main d’œuvre d’une autre manière. C’est le début de l’automatisme, des horaires « à la carte », ce qui est dénoncé par les syndicats comme un moyen d’empêcher les distribution de tracts à l’entrée à l’usine.

On commence à « enrichir le travail » : on fait des petites équipes de travail dont le salaire dépend de la productivité du groupe, et ou on cherche à souder les gens pour instaurer un autocontrôle (toyotisme).

Pendant 2 as, il y a une hésitation de VGE, d’autant plus que son premier ministre, Chirac, n’est pas sur la même ligne que lui.

Plan de relance ou lutte contre l’inflation ? plan de refroidissement en 74,plan de relance de 2% du PIB en 75.

La crise éclate entre Chirac et VGE en 76. Arrive alors Raymond Barre. RB décide d’aligner lapolitique gouvernementale sur le CNPF. Il donne la priorité à la lute contre l’inflation. L’Etat a2 buts : moins intervenir dans la redistribution, il doit lutter contre l’inflation et libéraliser l’économie. Les prix des denrées de base sont libérés (pain par ex).

Le gouvernement décide de mener une politique d’accompagnement de la politique du CNPF, une politique sociale délibérément alignée sur ce que le CNPF souhaite.

3 grands axes :

Montrer qu’on lutte contre le chômage et faire une politique qui montre qu’on lutte contre le chômage mais qui aille dans le sens du CNPF.

– Développer le travail à temps partiel pour les femmes. Il y a eu hésitation, certains pensaient qu’il fallait un salaire familial, pour inciter les femmes à ne pas travailler et libérer des emplois. Mais ca va à l’encontre de la politique de VGE en faveur des femmes (pour capter leurs voix). Il reste une petite marge de manœuvre : le travail à temps partiel est une aubaine : cela permet d’avoir un salaire, une vie sociale à l’extérieur, mais de garder du temps pour les enfants. Cela fait une main d’œuvre qui n’est pas impliquée à part entière dans la vie de l’entreprise, ni et surtout dans la vie syndicale.

– Renvoyer les immigrés chez eux. VGE a créé le premier secrétariat d’Etat aux travailleurs immigrés. La classe ouvrière comporte un nombre exceptionnellement grand d’immigrés. La première mesure prise est de suspendre l’immigration. Mais il y a là aussi hésitation. VGE visite en 75 les bidonvilles de Marseille. Il découvre ce qu’est un bidonville. Mais cela ne dure pas, en janvier 77, lionel stoleru, secrétaire d’Etat au travail manuel, sur antenne 2, explique lors d’une interview qu’il y a en france 1 M de chômeurs et 2 M de salariés immigrés. Il explique que c’est anormal. En 70-71 on a fait entrer 250 000 portugais, et en 78-79, un tiers des cartes de travail sont à renouveler. On essaie de ne pas les renouveler.

– Pactes pour l’emploi des jeunes (77-78-79). On commence à expliquer que les jeunes ont du mal à entrer sur le marché du travail. Le discours qui commence alors à monter, c’est que si les jeunes ont du mal, c’est qu’ils font des études déconnectés avec la vie de l’entreprise. Il faut donc faire de la formation professionnelle, il faut instaurer un sas de stages, d’essai, pour insérer les jeunes. En 77, au nom de l’insertion des jeunes, on invente le CDD, réservé aux moins de 25 ans. On dit que les patrons ont du mal à embaucher et qu’ils faut qu’il puissent prendre les jeunes. La seconde mesure est la prise en charge par l’Etat des cotisations sociales patronales. On commence à les appeler « charges ».

En 81, la gauche renonce à ces mesures, mais dès 82, les gouvernements de gauche, avec le tournant de la rigueur, travaillent sur ce type de mesures. En 76 et 81 il y a eu mutation sous l’effet du chômage. Vu l’état du mouvement social, l’insurrection qui aurait du suivre, n’a pas eu lieu, un nouveau 68, craint ou attendu, n’a pas eu lieu par peur du chômage.

Notes :

Le CDD ne bénéficie que d’un effet d’aubaine lors de sa mise en place.

C’est le début de la fragmentation du salariat qui vise à briser tout mouvement social de masse.

Le souci du syndicalisme est très présent. Soubie, conseiller de raymond barre, a négocié entre 76 et 78 le « recentrage » de la CFDT, qui a cassé le front commun CGT-CFDT.