Lundi 16 juin, Sarkozy s’est rendu à Lyon pour visiter le commissariat du
9ème arrondissement, bénir la promotion de l’école des commissaires de
police de St Cyr au Mont d’Or, clôturer la 2ème journée nationale
d’informations des associations de victimes et celle d’un colloque sur le
thème « sécurité : comment agir contre la mondialisation des risques ». Sa
venue s’est terminée par une réunion publique avec l’UMP à Caluire. Une
manifestation était prévue devant l’Hôtel de Ville de Caluire où se tenait
le meeting. Entre 1000 et 2000 personnes sont venues à Caluire pour
manifester dans le défilé en tant que tel..
Puis elles arrivent devant un barrage de police, une bonne grosse brigade
de CRS (ou policiers de la VRAC) avec barrières et camions anti émeutes.
Impossible d’aller plus loin, impossible de discuter.
Les syndicats décident de la dispersion.
« Pas question de créer les conditions d’un accrochage avec la police. Le
message des responsables syndicaux CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU du Rhône,
organisateurs de la manifestation à Caluire pour s’opposer à la réforme du
système des retraites, était très clair. C’est donc encadré par un service
d’ordre maison que le cortège a marché tranquillement en direction de
l’hôtel de ville de Caluire où se tenait une réunion publique de l’UMP. Les
incidents ont éclaté vers 19 heures tandis que les représentants des cinq
syndicats, attendaient d’être reçus par Nicolas Sarkozy. » (Le Progrès
17/06/03)

Certaines personnes décident de rester, d’autres de s’en retourner prendre
le métro à Cuire.
Des slogans sont criés. Des banderoles sont déployées, ce qui gènent un peu
certains invités au meeting de l’UMP, que les CRS laissent passer. Un
policier casse une banderole et frappe une personne avec un bâton de la
banderole. Devant le refus des autorités de laisser passer, certains dans
les rangs de devant ont commencé à s’asseoir par terre, geste de
protestation pacifique : c’est alors que les CRS ont lancé les premières
grenades lacrymogènes.
Certains qui étaient tout devant ont entendu: « dernière sommation avant que
nous chargions ».
D’autres qui étaient aussi tout devant n’ont rien entendu du tout.
Que dire de ceux qui étaient plus loin ? Peut-on appeler ça une « sommation »
?
A peine 30 secondes après : grenades lacrymogènes jetées à bout portant sur
les gens. Le premier jet a été manuel et à destination des premiers rangs (2
ou 3 grenades), et ils ont enchainé par des tirs plus lointains. Les CRS ont
alors franchi les barrières de sécurité.

Une personne a eu son bas de pantalon brulé par une grenade. Il y aurait eu
4 ou 5 blessés.
Une enseignante, Nicole L., qui rentrait du côté du métro de Cuire, suite à
la dislocation, a reçu une grenade lacrymogène dans le dos : la chemise
totalement brulée et aussi la chevelure. « J’ai entendu un sifflement et j’ai
été frappé dans le dos. Je n’ai entendu aucune sommation ! Plein de gaz
lacrymogènes de partout. Tout le monde s’est mis à courir. Des jeunes nous
ont donné du sérum physiologique. Et les gens m’ont dit: vous êtes brûlée !
J’ai senti l’odeur de brûlé des cheveux. Et puis j’ai senti la douleur de la
brûlure dans le dos. C’est tout à fait scandaleux ! C’était une
manifestation parfaitement calme et pacifique ! Quelqu’un m’a accompagné
jusqu’à la clinique, mais il n’y avait pas de service d’urgences. J’ai dû
prendre un taxi pour aller à l’Hôpital St Luc, où est arrivé un CRS qui
avait eu traumatisme au genou, probablement en sautant une barrière.
Apparemment, il disait lui-même que c’était une manifestation totalement
calme et que c’est très difficile de gérer ce genre de manifestation quand
il y a le ministre de l’intérieur. Je vais porter plainte auprès du Procureur
de la République et je garde ma chemise brûlée comme pièce à conviction.
Cela m’a complètement traumatisé. Il est important que cela ne se reproduise
plus ! »
Une cannette vide et quelques cailloux auraient été lancés du côté des
policiers. Mais ont-ils été jetés avant la première salve de grenades
lacrymogènes ou en réplique aux lacrymos ? Les avis divergent sur ce point.
Des gamins situés en surplomb de la manifestation ont jeté des cailloux sur
les manifestants et sur la police.

Après quelques instants, les CRS ayant rejoint leur position initiale,
nombreux se sont à nouveau regroupés à proximité. Peut-être 300 personnes
reviennent petit à petit devant les barrières.
Une dizaine de motards colériques déboulent à fond la caisse, une banderole,
un speech et ronflements de moteurs.
De nouveau les slogans. De nouveau des invités de Sarkozy qui passent.
Des personnes ont vu des matraques qui s’abattaient sur deux personnes pas
très jeunes d’ailleurs.

Une grosse demi-heure plus tard, vers 20 heures, les gens du quartier s’en
mêlent. Les jets de cailloux à l’origine de la deuxième salve de grenades de
la part des policiers venaient de gamins du quartier et notamment d’un
square en surplomb.
Du bruit et de l’odeur. Ces jets de cailloux déclanchent alors un tir nourri
de lacrymos, avec les lance-grenades cette fois. Personne n’a entendu de
sommation.
Les lacrymos ont été lancées près mais aussi très loin. Certains ont pensé à
ce moment là qu’ils souhaitaient arrêter des gens.
Au départ lacrymos tirées au fusil au plus loin, puis lacrymos au milieu du
rassemblement, et puis devant, et puis au milieu et puis re au loin, et puis
devant et….. bref gazage général de toute la rue, ça court de tous les
cotés. Des jeunes qui jouaient au foot sur un stade sont obligés de détaler.
Une bonne vingtaine de CRS chargent … Une dame (peut-être qu’elle rentrait
chez elle) trés âgée, qui ne se déplaçait pas
rapidement, a dû faire la connaissance des lacrymos (au retour une ambulance
arrivait…)

Un jeune de 23 ans, Imen Troudi, qui n’avait rien à se reprocher, s’était
assis sur le trottoir à l’écart et discutait calmement. C’est à ce moment-là
que des policiers s’en prennent à lui très violemment à coups de matraques.
Il est embarqué.
Le lendemain, Imen Troudi passe en comparution immédiate et est condamné à
QUATRE MOIS FERME ! Il a été ecroué. On l’accuse d’avoir jeté des pierres
contre les policiers, ce qu’il nie formellement. Une vidéo, tournée par des
policiers, le montre bien au sein de la manifestation, mais à aucun moment
on ne le voit lancer des pierres. Il reconnait avoir crié des slogans
hostiles à la police, comme beaucoup de manifestants. Rien ne prouve qu’il
ait lancé des pierres. C’est seulement à cause du dire de policiers qu’il a
été reconnu coupable de tous les faits reprochés.
COMMENT AURAIT-IL PU LANCER DES PIERRES ALORS QU’IL S’ETAIT DEBOITE L’EPAULE
DROITE ET QU’IL EST DROITIER ? Il devait se faire opérer le 25 juin. De plus
il avait trouvé un travail pour tout l’été qui débutait le lendemain…
N’a-t-on pas voulu en faire un bouc émissaire pour couvrir la répression de
cette manifestation ? Où est la justice ? On sait de plus qu’à Lyon, il est
inutile de faire appel si on veut éviter que, comme dans un cas pareil, la
condamnation soit multipliée par trois…
Il est important de s’opposer à ce genre de condamnations où c’est quelqu’un
qui ramasse pour les autres.
Il est important de le soutenir. On peut lui écrire :

Troudi Imen

N° 68348

12, quai Perrache

69002 Lyon

Il est important aussi de savoir si d’autres personnes ont été interpellées,
si d’autres personnes ont été blessées…
En marge de la manifestation, quelques personnes ont réussi à s’introduire
au meeting de l’UMP. Voilà ce qu’elles en disent.
« L’ambiance était terrible et très dure à supporter, ponctuée pendant
l’attente du ministre par les Madame de… et Monsieur Le… de propos
racistes et d’insultes envers les manifestants restés dehors. Quand Sarkozy
a commencé à parler, nous l’avons zappé et invectivé. Et là surprise…! des
personnes du 3ème âge du public ont commencé à nous insulter, à nous mettre
des claques et à nous taper à coup de pied et de poings! Nous avons été
repoussées par des spectateurs déchaînés. Des jeunes UMPistes agressifs
menaçaient de nous casser la gueule. Nous avons été violemment sorties de
force et même portées et traînées jusqu’à l’extérieur. »