Depuis le cinq janvier, les ouvriers de l’usine Böhler de Châtillon-le-Duc (dans les environs de Besançon) sont en lutte contre les licenciements. En effet, dans cette usine de douze salariés, huit travailleurs ont appris, peu avant les fêtes, qu’ils allaient être licenciés pour « raison économique ». Ces licenciements, sans aucun plan social, ont été avalisés par le Comité d’Entreprise et ce, sans qu’aucun des « élus du personnel » ne se déplace pour rencontrer les salariés de Besançon.

Aussi, dès le 5 janvier, les huit travailleurs menacés de licenciement se sont mis en grève, pour ouvrir au moins des négociations avec la direction du groupe Böhler-France, sur d’éventuels reclassements, ou pour obtenir, au minimum, une indemnité de licenciement égal à 20.000 euros. La direction n’a même pas daigné répondre aux travailleurs. Et il faut savoir, qu’en l’absence de toute négociation et plan social, les travailleurs licenciés n’auront le droit, en indemnité de licenciement, qu’au minimum conventionnel. Un ouvrier qui n’a pas tout à fait cinq ans d’ancienneté, a ainsi calculé qu’il devrait toucher une prime d’environ 1.200 euros ! Voilà, comment la direction de Böhler traite les travailleurs ! On peut d’ailleurs aussi noter que pour deux ouvriers du site de Châtillon, la direction avait laissé entendre une possibilité de reclassement à l’usine d’Auray, dans le Morbihan, soit à l’autre bout de la France ! Et le pire, c’est que ce reclassement aurait été réalisé « grâce » au licenciement de deux ouvriers du site breton !!

Le samedi 15 janvier, cinq travailleurs ont reçu leur lettre de licenciement officiel. Et la direction les a « dispensés » des deux mois de préavis, bon moyen de mettre fin à la grève. En même temps, les démarches sont lancés pour licencier le Délégué du Personnel, convoqué le 14 janvier, un « avis favorable » a été donné par le Comité d’Entreprise pour procéder au licenciement, et la direction n’attend plus que l’avis de l’inspection du travail. Aussi, les ouvriers de Böhler ont mis fin à la grève le 20 janvier, mais la lutte devrait continuer.

Les licenciements à l’usine Böhler de Châtillon peuvent d’ailleurs faire craindre à une restructuration de l’ensemble des sites en France, avec la même méthode, c’est à dire des licenciements secs sans plan social (rappelons que la loi Balladur permet aux patrons d’éviter de s’embarrasser d’un plan social en procédant à trois charrettes de licenciements de moins de neuf salariés). On voit bien d’ailleurs par quel mépris la direction de ce groupe traite les travailleurs ! Et on pourrait ajouter des détails spécifiques à l’usine bisontine, comme le jour où un des grévistes a retrouvé ses affaires personnelles, dont les photos de ses enfants, dans la poubelle. Voilà comment on traite les ouvriers chez Böhler !

La direction justifie les licenciements sur la base des déficits du seul site de Châtillon. Mais rien n’est dit sur les chiffres réalisés par le groupe Böhler-France. D’ailleurs, lorsque le groupe Böhler a racheté l’usine de Châtillon, au 1er décembre 2003, le site connaissait déjà des difficultés financières, si bien que pour justifier les licenciements, la direction indique les déficits depuis l’an 2000 ! Cette situation n’a d’ailleurs pas empêché le groupe Böhler d’acheter aussi une nouvelle usine à Auray ! Et sur le site de Böhler-France, on peut lire que « Sur les 100 marchés sur lesquels nous travaillons, nous voulons être, rester ou devenir le numéro 1. »

Quant aux chiffres de la multinationale autrichienne Böhler-Uddeholm, privatisée en novembre 2003, ils sont loin d’être dramatiques ! Parce que si l’usine Böhler de Châtillon ne compte que douze salariés, le groupe à qui appartient le site, Böhler-Uddeholm, se présente comme le « numéro 1 de l’acier ». Et les chiffres de la multinationale indiqués sur leur site internet, eux, sont tous en hausse, le chiffre d’affaire passant de 1.351,8m€ en 1998 à 1499,8m€ en 2003. Et plus récemment encore, on pouvait lire que « le groupe sidérurgiste austro-suédois BÖHLER UDDEHOLM annonce une progression de son chiffre d’affaires, pour les neuf premiers mois de son exercice en cours de 25% et de 50% de rentrées de commandes sur cette même période, par rapport à l’exercice 2003 ».

Bref, pas besoin de long discours pour montrer que Böhler-Uddeholm avait non seulement largement les moyen de conserver les emplois sur le site de Châtillon-le-Duc, mais n’aura aucun problème à satisfaire les revendications des ouvriers licenciés, soit 20.000 euros d’indemnité de licenciement pour tous minimum.

Il est fort probable que les grands actionnaires du groupe Böhler-Uddeholm ne savent même pas où se situe Châtillon-le-Duc… Aussi, petite unité de production au sein d’un grand groupe capitaliste, il est important de montrer aux patrons de la multinationale que les ouvriers de Châtillon ne sont pas seuls, important aussi de montrer aux travailleurs que la solidarité ouvrière n’est pas un vain mot. Important pour la dignité de tous les travailleurs ! Important aussi que Böhler-Uddeholm paye le prix pour les licenciements !

—————————————————————————————————————-

Pour montrer que les ouvriers de Böhler ne sont pas seuls, nous demandons à toutes les structures syndicales (sections, syndicats, UL, Fédérations, UR, etc.) d’envoyer le texte suivant aux adresses de Böhler-France, au siège social international de Böhler et à celui de la multinationale Böhler-Uddeholm.

Adresses :
BÖHLER-UDDEHOLM France S.A.S.
12, rue Mercier; Zone Industrielle de Mitry Compans
F-77297 Mitry Mory Cedex
info@bohler-uddeholm.fr

BÖHLER-UDDEHOLM AG
Modecenterstraße 14/A/3
A-1030 Wien
AUTRICHE / OSTERREICH
office@bohler-uddeholm.com

BÖHLER EDELSTAHL GMBH,
Mariazeller Straße 25,
A-8605 Kapfenberg
AUTRICHE / OSTERREICH
info@bohler-edelstahl.at

Voici la lettre-type rédigée avec les travailleurs de l’usine Böhler de Chatillon :

Nous (ou nom de la structure) avons été informé que les travailleurs de Böhler à Chatillon-le-Duc, dans les environ de Besançon (Doubs / France) sont en lutte depuis le 5 janvier 2005.

En effet, huit travailleurs de ce site sont victimes de licenciement et ce sans qu’il n’y ait eu aucun plan social. Si les salariés ont tenté de faire des propositions quant à des reclassements, aucune négociation n’a eu lieu entre les salariés et la direction de Böhler-France.

Nous nous interrogeons : pourquoi le groupe a-t-il décidé de cesser l’activité du site de Chatillon ? Quels sont les chiffres du groupe Böhler-Uddeholm qui justifieraient de tels licenciements ?

Enfin, nous affirmons notre solidarité avec les grévistes du site de Chatillon-le-Duc et demandons un minimum de 20.000 euros d’indemnité pour chacun des salariés licenciés.

Date – signature

Merci d’envoyer une copie de vos courriers de protestation à l’Union Locale CNT de Besançon.

CNT – c/o CESL – BP 121 – 25014 Besançon Cedex

Adresse mail : cnt-doubs@cnt-f.org