• Le néolibéralisme repose sur l’idée que les marchés ne se constituent pas naturellement, par génération spontanée, mais doivent être construits par la mise en concurrence des individus et des structures, ce qui suppose de produire de la différenciation – et donc un accroissement des inégalités.

 Le néolibéralisme postule que la mise en concurrence est le seul processus collectif qui puisse faire émerger la Vérité, autrement inaccessible à la connaissance des individus, et qui garantit donc une efficience productive optimisée.

  • Pour le néolibéralisme, l’Etat n’est pas l’ennemi à abattre : il y voit un instrument au service du marché, sous le contrôle de celui-ci – moyennant une adhésion et une adaptation de sa technocratie.

Le néolibéralisme coïncide avec une transition d’un capitalisme de profit, fondé sur la production marchande, vers un capitalisme de crédit, fondé sur la financiarisation et sur la dérégulation du marché boursier mondial.

  • Le néolibéralisme vise au contrôle social par un accroissement apparent de la liberté, en développant un imaginaire qui emprisonne les individus dans leurs propres désirs et qui suscite l’adhésion par l’addiction plutôt que par la discipline. Les techniques de néomanagement (projet, évaluation, classement, benchmarking, best practices) et le système de normes réduisant le politique au gestionnaire (gouvernance) ont pour objectif la soumission à ce contrôle par intériorisation des contraintes.

Le néolibéralisme est une entreprise d’évacuation de l’idée démocratique et du libéralisme politique (pluralisme des rationalités en débat, séparation des pouvoirs, systèmes publics de santé, d’éducation et de justice, etc).

  • Le néolibéralisme est un projet de privatisation des existences et d’atomisation de la société, qui ne conduit pas à un “individualisme” mais, au contraire, au règne du conformisme, de l’anomie, du vide de sens et de l’insignifiance.

Le néolibéralisme constitue l’avènement d’une société bureaucratique en ceci qu’il produit une division du travail politique entre une sphère décisionnaire, réduite à l’édiction de normes gestionnaires et soumise à un contrôle actionnarial et aux lobbies, et des exécutants, condamnés à la privatisation de leurs existences.