A Nantes, le contexte est particulier, puisque la police vient de battre un nouveau record dans l’absurdité répressive. Après avoir attaqué des manifestants bloqués dans une impasse la semaine passée, et gazé des enfants à la fête foraine, une nouvelle affaire défraie la chronique locale. « L’affaire de la banderole ». La police a organisé, vendredi 12 avril, un véritable guet-apens, pour rafler en enfermer des Gilets Jaunes qui voulaient préparer des … banderoles ! BAC, police anti-émeute, chiens policiers et commissaires, réunis pour mettre en garde à vue des mères de famille, des étudiants et un homme handicapé, munis de peintures et de draps.

Cette histoire rocambolesque est donc dans les têtes pour la manifestation du samedi. A 14H, lorsque le cortège s’élance du cœur de la ville, c’est derrière un étendard adapté : « ceci n’est pas une banderole ». Une plaisanterie façon Magritte. Ce premier défilé rejoint un point de rendez-vous à la préfecture, où des syndicats manifestent contre la « loi anti-casseurs ». Après une pause devant le monument, la manifestation grossit, et prend la direction du commissariat, où sont enfermés les peintres malfaiteurs.

La marche est interrompue par des Gendarmes Mobiles. La foule, plus de 1000 personnes, scande tout au long de la manif « libérez nos camarades ! » Mais le dispositif répressif oblige les manifestants à emprunter le traditionnel tour balisé. Retour à la préfecture, toutes les issues sont bouchées. Demi tour, jusqu’à Place du Cirque, où les détachement de casseurs de manifestants créés par Castaner – BAC et BRI en escadrons ultra-violents – attaquent. La banderole est volée, et un manifestant arrêté, apparemment pour s’être dissimulé le visage. Par des policiers eux mêmes entièrement cagoulés.

Les gaz lacrymogènes pleuvent, alors qu’il n’y a pas eu la moindre amorce de tension. La manifestation finit par se disperser à Commerce, entre sitting et chants collectifs, repoussés par les lignes de CRS. Au cœur de Bouffay, la BAC s’illustre en poussant un homme à terre, dont la tête heurte violemment le sol. Il sera évacué, inanimé, sur un brancard.

Mais la journée n’est pas finie. Le soir, c’est carnaval de nuit ! Des mannequins et des messages ironiques ont été fabriqués pour faire un cortège Gilet Jaune au milieu des festivités. Une banderole « visage dissimulé, carnaval annulé », dénonce le danger que représente la nouvelle loi gouvernementale pour toutes les fêtes populaires masquées.

Entre deux chars, il y a donc un cortège animé, avec fumigènes et portraits de Benalla en gilet, juste à côté d’un char dont le thème, « punk », couvert de tags, parait tout à fait approprié. Autour, beaucoup d’enfant crient « Macron, démission ! », et des badauds acclament l’initiative. Quelques perturbateurs, issus de la sécurité de la mairie viendront gâcher la bonne ambiance.

Des feux d’artifice qui crépitant dans la nuit nantaise pour conclure cet acte 22. A la semaine prochaine !