De point de vue d’un certain psychanalyste du nom Patrick Leclerk publié par le Monde du 12 Août 2004

On peut se demander pourquoi le Monde a cru bon de publier – édition du jeudi 12août – un texte tout de haine serti, titré « Je hais l’islam, entre autres » signe un psychanalyste du nom de Patrick Leclerck.
Le « entre autres » n’y changeant pas grand-chose, c’est là un discours haineux visant principalement l’Islam. Quelle est la pertinence de cet écrit ? Ses fioritures stylistiques et son vernis philo-psychanalystique cachent mal ce qui n’est qu’un simple « sus aux Mohamétans !»

Il y va de la ligne éditoriale d’un journal comme du cœur, elle a des raisons que la raison ignore. On peut supposer que l’honorable quotidien du soir a voulu donner à ses lecteurs un échantillon de la pensée néofasciste. On peut généreusement le supposer ! De ce point de vue l’écrit de Patric Declerck n’est pas insignifiant.
Surchargé d’effets de style qui ne vont pas sans rappeler l’abus de zoom chez l’apprenti cinéaste, le propos du haineux psychanalyste s’annonce comme un coup de pied dans la fourmilière de la pensée convenue et de la langue de bois, un « y en marre » des faux semblants et de l’autocensure, un « ça suffit « du refoulement que nous impose la culture démocratique. Et donc à contrario, vive la haine, vive la violence et la – ce qui est bien facile à un moment où la guerre tue un peu partout des Musulmans ! … Tout logiquement, il en vient à évoquer Nietzchze et Zarathoustra, le bien aimé héros d’Hitler, cela pour nous expliquer que la vaillance a toujours mieux fait que la pitié – admirable glissement qui permet de rendre synonyme haine et vaillance – peut-on confondre Hitler avec Rommel – ou « amour du prochain » et non violence ! : bravo donc pour Pinochet, bravo pour Bokassa, et tant pis pour Gandhi , tant pis pour Luther King – ces pauvres imbéciles n’ont jamais rien changé à l’Histoire.

En réalité, cette envolé puérilement fiévreuse en guise hommage nietzschéen à la force et à la virilité, n’est qu’une devanture sur intellectualisée exprès pour faire passer la pilule. En effet cette devanture a le double rôle de détourner l’attention sur la dose de venin en même temps que de préparer la seringue nécessaire à son injection dans la veines de ses lecteurs.

L’islam rendrait fou ! … En pensant que le vaillant psychanalyste a visité tous les asiles de France et de Navarre pour s’en convaincre, on peut se demander en quoi ce pouvoir aliénant de l’Islam le concerne t-il puisqu’il ne touche que les adeptes de cette religion ? Ne devrait-il pas au contraire s’en féliciter lui qui n’aime ni la subjectivité ni l’émotion ni l’affect…

L’islam rendrait fou parce qu’il instaure un partage entre les sexes !!! Houlà ! Comme ça va vite. Inévitable et imparable ce cliché de la misogynie de l’Islam. Raccourci bien injuste pour une religion qui a fait de la fornication un credo. « Faites l’amour sans limite et toujours avec plaisir, oh ! Croyants, jouissez et faites jouir votre compagne, je vous y oblige… ». Commentaires du prophète, le florilège de textes érotiques détaillant les multiples manières de cultiver l’orgasme féminin, le chef-d’œuvre qu’est les Mille et une nuits, l’attestent admirablement.
Non vraiment, s’il y a une chose dont l’Islam n’a pas peur, c’est bien le sexe. Et après tout les Musulmans ne récitent pas chaque matin « Merci Allah de ne pas m’avoir fait femme » et rien n’est plus éloigné de son esprit que l’Immaculée Conception. En Islam le sexe est réel, il est bon, il donne la vie… Ce qui le préoccupe grandement est par contre ses conséquences : tirez et son coup et laisser la femme se démerder avec le ballon, voila ce qui est violemment reprouvé. Faites l’amour sans faire de bâtard ! Et en conséquence pour pouvoir contrôler la paternité, tout acte sexuel dû être consommé au su de tout le monde. Comment ? Par le mariage. Ainsi été institué un nombre incalculable de mariages, faciles d’accès et faciles de rupture. On peut contracter un mariage pour une nuit ( mariage de cojouissance). Tous les mariages se valent et si enfant il y a, celui-ci doit être reconnu et ses droits respectés à l’égal de tous les autres enfants.

Il est évident qu’en ces temps de pilules, d’IVG et autres procédés anticonceptionnels, tout cela a perdu de son cœur. Mais à l’époque, incontestablement, ce fut la une grande avarice pour la femme.

Mais est-ce bien la libido des Musulmans ou le tort fait au droit à la jouissance sexuelle de Aïcha on Falima qui choquent notre psychanalyste si insensible à la charité ?!! Son combat est ailleurs…
« … Si la démocratie était en fin de compte aussi une maladie mentale ?… » c’est ce coup de gueule – épistémologique dirons-nous- qui lui sert de prémisse.

Pourquoi cette « hussarderie » contre la démocratie qu’il prend garde de définir ? S’agit-il de la démocratie libérale qui rayonne de nos jours et qui n’a plus ne serait-ce un iota de commun avec un système social basé sur le pouvoir du peuple ?

« La démocratie, c’est de la merde » vieille ritournelle des fascistes et autres dictateurs de tout bord… ! Pourtant c’est bien vrai, la démocratie est bien malade, malade des détournements des pouvoirs des élus au profit d’une poignée d’hommes de l’ombre : financiers, patrons de multinationale et autres boss de la mafia…

Aux yeux de notre subtil psychanalyste, le pêché originel de la démocratie est d’avoir substitué l’Homme à Dieu dans le système chrétiens des valeurs. Ainsi infecté par le démocratie – « n’est in fine que le dernier masque avili et souillé su christianisme » – la chrétienté a perdu de sa vaillance et de sa virilité, elle n’est plus capable de penser son ennemi, inapte à haïr, aveugle à tout objectif, entendez par là , incapable de renouer avec l’esprit des Croisés ! En somme, selon le haineux psychanalyste, la chrétienté depuis des siècles ne fait que refouler ce qui gît au plus profond de son subconscient : la haine de l’Islam et des Musulmans.
Une montagne de phrases finement ciselées pour finalement un message tout ce qu’il ya de plus élémentaire et que l’exigence du parler vrai si chère au cœur de Patrick Declerck aurait dû pousser à formuler d’une manière concise et simple : <>
Un hallali en bonne et due forme. Et s’il devait rester impuni, alors les Musulmans n’ont plus d’autre à faire que de porter une étoile jaune sur la poitrine et de prier.

Hassen Bouabadellah, cinéaste, écrivain.
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