ré-ré-occupation de la forêt de mandres !
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : EcologieLogement/squatNucléaireResistances
Lieux : Bure
EN MOINS BREF
Les feuilles rougissent de plus belle chaque jour. Le vent fraîchit. La nuit s’étire peu à peu. Les brumes givrantes du matin pointent le bout du nez. Il y a des bouquets flamboyants où que l’on tourne le regard, les chemins défrichés couverts de tapis craquants, et les hourras de chiens joueurs. Le vert tendre a laissé place au rouge rage, l’automne a embras(s)é l’été et, contrairement à ce que nous écrivions dans notre premier appel, à Bure, nous allons toujours aux champignons ! Après presque 5 mois de manifestations, d’occupations, de balades, d’expulsions, de réoccupations, d’affrontements, de recours juridiques, de pique-nique, de tractages, de constructions de vigies, de boums improvisées, de sabotages de mur… le bois Lejuc est plus que jamais libéré !
Sans crier gare, voici que depuis l’épique chute du “Bure de merlin” le 14 août, des dizaines de hiboux ont refait leurs nids dans cette jolie forêt. Cette fois, il n’y a pas eu d’appels pétaradants, pas de textos urgents, pas d’overdoses d’informations ou de demandes de soutien. La nouvelle occupation s’est installée tranquillement, profitant de la douceur automnale : le plaisir de monter une grande plate-forme au cœur d’un hêtre, de s’initier à la grimpe, de redécouvrir cette forêt aux couleurs changeantes, sans pression des flics. Prendre le temps de discuter avec celles et ceux qui continuent de s’y promener. Apprendre à respirer à nouveau après avoir passé un été en apnée furieuse et euphorique. Le changement de saison : d’été d’urgence, à automne paisible…vers un hiver déter !
EN MOINS BREF
Les feuilles rougissent de plus belle chaque jour. Le vent fraîchit. La nuit s’étire peu à peu. Les brumes givrantes du matin pointent le bout du nez. Il y a des bouquets flamboyants où que l’on tourne le regard, les chemins défrichés couverts de tapis craquants, et les hourras de chiens joueurs. Le vert tendre a laissé place au rouge rage, l’automne a embras(s)é l’été et, contrairement à ce que nous écrivions dans notre premier appel, à Bure, nous allons toujours aux champignons ! Après presque 5 mois de manifestations, d’occupations, de balades, d’expulsions, de réoccupations, d’affrontements, de recours juridiques, de pique-nique, de tractages, de constructions de vigies, de boums improvisées, de sabotages de mur… le bois Lejuc est plus que jamais libéré !
Tôt ou tard les barricades de papier tomberont
Car nous ne sous-estimons pas les VRPs de l’atome, qui ne sont pas restés bras croisés à flemmarder dans leurs costumes trop grands et leurs bureaux aseptisés. Ils ont fait appel de la décision de suspension des travaux du 1er août; celui-ci sera jugé en novembre ou en décembre selon les différentes audiences encore à venir. La procédure d’obtention d’autorisation de défrichement est en cours. Contre toute attente, le Conseil Général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD) n’a pas daigné nécessaire d’exiger une étude d’impact environnementale (Rappelons qu’il s’agit du plus grand chantier des 100 000 ans à venir !).
Le bois libéré gagne en popularité
Début octobre un huissier est venu se balader avec à son bras l’homme de main de l’Andra et deux vigiles armés de bâtons. Ceux-là même qui tentent des embuscades ou testent notre vigilance en lisière. Chaque semaine, au moins une fois l’hélico nous survole, les bleus rôdent dans les alentours. Même Commandant Dubois cherche insidieusement à se faire inviter en promenade. Pour couronner le tout, l’Andra semble à présent prendre mesure de la richesse inestimable de ce bout de forêt : elle veut en effet venir reboiser des parcelles qu’elle aurait malencontreusement piétiner des grosses bottes de Cigéo.
Côté répression, des ami-e-s ont pris 2 mois de sursis pour un graff sur une ruine, un autre une interdiction de Meuse pour 2 ans, et des convocations s’accumulent pour l’affaire du mur. Une nouvelle préfète s’est installée en Meuse, et un nouveau directeur du cru pour CIGEO. L’Andra a aussi recruté un expert en droit public pour éviter de reproduire les erreurs passées. Bref, ils se réorganisent, et les menaces d’expulsion de la forêt et de reprise des travaux de forages se rapprochent. À nous de les anticiper, comme nous l’avons toujours fait depuis ce fol été.
Des dizaines de personnes ont choisi de s’installer sur place
Par ce nouvel appel, après un relatif temps de repos, nous souhaitons donner des nouvelles à toutes les amies passées cet été, l’an dernier, depuis 20 ans. À tous les curieux qui ont préféré des destinations de vacances plus exotiques qu’un été en Meuse (on ne vous en tient pas rigueur). Aux tritons sans frontière qui résistent, de Calais à Notre-Dame-des-Landes, assourdis par le bruits des bottes bornées qui clôturent cette fin de règne en annonçant une ère encore plus martiale. À celles et ceux qui cherchent quelques raisons d’espérer.
Ici, c’est avec un optimisme joyeux et déterminé que nous enracinons cette petite victoire; des arbres sont replantés dans les gravats; et aux solides branches de leurs ancêtres centenaires des cabanes sont reconstruites. De là-haut, les vigiles et autres sbires de l’Andra paraissent enfin à leur taille : ridiculement minuscules face à la grandeur de cette forêt. Malgré le froid, les hiboux en tout genre semblent s’y plaire et se sont même mis à hululer des tas de camarades partout en France et en Europe pour leur prêter main forte ! Cabanes, plate-forme, cuisine, toilettes sèches, tipi avec feu central, préau récolteur d’eau de pluie, espace de couarail chauffé avec dortoirs… sortent de terre et des aires comme les champignons qui poussent et les grues cendrées qui passent…
L’un d’entre nous, Swen a décidé d’élire officiellement domicile dans le bois Lejuc. Ensemble, nous y fêterons ses 30 ans le 13 décembre.
Défendre dans la diversité des tactiques
Nous amplifions notre hululement, qu’il résonne au plus loin et que encore plus nombreux-euses nous convergions. Même si déjà des dizaines de personnes ont choisi de s’installer sur place après l’été. Nous savons que c’est aussi, en grande partie grâce à la condamnation juridique de l’Andra* que la forêt est protégée. Toutefois, ne nous faisons aucune illusion : comme dans toute l’histoire des recours juridiques et des luttes anti-nucléaire, les barricades de papiers tombent, tôt ou tard les travaux seront régularisés. Quelques semaines, quelques mois : c’est une question de temps. À ce moment là, nous devrons être suffisamment fort-e-s, créati-ve-s, solidaires, ensemble pour les bloquer!
Dès maintenant que des dizaines et des dizaines de personnes profitent de ce bois, viennent y vivre, s’y balader et s’organiser. En cas d’expulsion ou de reprise des travaux, le samedi suivant une marée humaine déferlera sur eux pour défendre dans la diversité des tactiques la forêt libre, pour les arrêter ! Entre temps nous allons continuer de vivre, rire, attiser les braises et faire des étincelles, squatter des terres agricoles, aller aux champignons, construire nos nids un peu partout dans le coin, apprendre à nous connaître, tisser des liens, inventer quelque chose de beau et contagieux qui se répand.
Signé : Les chouettes hiboux hululants de la forêt de Mandres
Mercredi 30 novembre après-midi, l’Andra, Hance, ses vigiles et le petit prince Dubois, sont venus dans le bois, pas pour nous serrer la pince. Ni pour poursuivre des travaux de déboisements, ou même de sondages géotechniques. Non : pour faire des travaux de « reboisement ».
Car il est clair que l’agence agit maintenant « dans les clous ». C’en est fini des attitudes m’as-tu-vu de cet été, à coups de défrichements illégaux, de coups de lattes des vigiles, de militarisation énorme du territoire. Qu’on se le tienne pour le dit, l’Andra et la « justice », ça fait un !
Donc, ce fameux reboisement permet à l’Andra de remplir ses obligations vis-à-vis des tribunaux, conformément à la décision du TGI du 1er août enjoignant l’Andra à obtenir l’autorisation de défrichement dans un délai de 6 mois, ou remettre en état les zones défrichées. L’agence est en cours pour l’autorisation. Et là, elle commence donc à reboiser….pour mieux pouvoir revenir complètement dans la forêt sous peu et continuer ses travaux dégueus.
À 14h30 donc, à l’entrée nord du bois Lejuc (accès Ribeaucourt), Hance, flanqué de 3 vigiles est arrivé – après que deux véhicules de flics sont venus vérifier le terrain un peu plus tôt, certains posant tranquillement en treillis militaire, boucliers etc. De quoi reposer une ambiance très sympathique. Les cerbères attendent, sans que le beau soleil d’hiver semblent aller plus loin qu’effleurer leur crâne sans y faire rentrer de lumière. Pendant ce temps-là, trois véhicules de gendarme mettent un coup de pression à l’entrée sud.
À 16h, l’objet de l’attente paraît : un tracteur, flanqué à nouveau d’un pick-up de vigiles. La machine est munie d’une roue dentée qui peut creuser des sillons.
De 16h à 17h30, le tracteur, vaguement protégé par les vigiles, va tracer 2 sillons de 15-20 cm sur environ 100 m, sous la direction de Emmanuel Hance, qui, quand il ne pousse pas les agriculteurs à bout ou au cancer pour récupérer leurs terres, ou quand sa maison n’est pas crottée, endosse volontiers le rôle de chef de chantier. La roue trace ses sillons, en passant proche de quelques souches. Drôle de manière de reboiser.
À 16h45, 4 véhicules de gendarmerie débarquent, avec le commandant Dubois à leur tête. Le tableau de famille était ainsi complet. On se croirait ramené 3 mois et demi en arrière, avec vingt degrés et 4 heure de jours en moins.
Une dizaine de hiboux du bois étaient là pour observer et prendre acte de leur retour. À 17h45 les véhicules repartent dans la nuit tombante.
Le même manège est, a priori, censé se répéter pendant les 15 jours. Le 15 décembre une des audiences de l’appel de l’Andra sur le jugement du 1er août aura lieu. Les coups de pression et les patrouilles de flics risquent de se renforcer encore. Tout ça pour nous mettre à bout et expulser ensuite la forêt tranquillement ?
Ça ne se passera pas comme ça ! Même en hiver, les hiboux restent déters !
Avec l’Andra, la novlangue devient réalité : la destruction de la forêt, c’est son reboisement !
Les prochaines dates de la fête de l’éco-enfouissement :
– Tous les jours à venir, en lisière du bois, surveillance et présence auprès de leurs travaux en lisière.
– Jeudi 1er décembre, à 14h, salle des fêtes de Bure, « haie d’honneur » pour la réunion d’enfumage « Ateliers biodiversité et milieux naturels ».
– Vendredi 2 décembre à 19h, assemblée stratégique autour de la forêt à la Maison de résistance à la poubelle nucléaire.
http://vmc.camp/2016/12/01/mercredi-30-novembre-la-fete-de-leco-enfouissement-a-commence/