En nous efforçant de trouver une signification à ce geste commis par de prétendus anarchistes (comme ils se le réclament dans la lettre de revendication qu’ils ont laissé), au-delà de l’absurdité qu’il devrait inspirer à toute personne dotée de bon sens et de bonne foi, nous ne voyons que l’intention de vider l’anarchisme de son contenu antireligieux. Dans ces temps de grande confusion, comme nous le rappelle tout récemment le fait que des organisations anarchistes ont signé des appels à manifester avec des associations religieuses, des partis politiques, des organisations syndicales et même des syndicats de flics, de magistrats et d’agents de réinsertion, nous reconnaissons le mérite aux compagnons de La Discordia d’ouvrir/d’approfondir de force un débat que beaucoup tentent d’annihiler, et par conséquent, d’avoir pris des positions claires contre la défense de l’islam par une partie de l’extrême gauche, des cercles universitaires et du « milieu » autonome.

La révolte contre les dogmes religieux a toujours fait partie de la critique révolutionnaire, ici en Europe comme dans le reste du monde, où un grand nombre d’athées, de blasphémateurs, de « libres penseurs », de révolutionnaires ou simplement de personnes non conformes à la morale religieuse, se trouvent à affronter une féroce répression de la part des portes-paroles divins.

Nous tenons à exprimer publiquement notre soutien aux compagnons et compagnonnes de La Discordia face à ce geste qui n’est qu’une imbécile et grossière manifestation de l’actuelle « convergence » entre politiciens d’extrême gauche et réactionnaires islamistes, unis par leur rôle commun de récupérateurs de la révolte et leur désir partagé d’accroître leur contrôle et leur pouvoir sur les sujets qu’ils revendiquent. L’idée anarchiste de la liberté n’a rien à voir avec cette convergence d’intérêts entre groupes autoritaires, il est navrant d’avoir à le rappeler, mais visiblement nécessaire au vu de cette « attaque » et de la revendication qui l’accompagne.

Temples, livres sacrés et porte-paroles divins seront toujours d’un seul côté de la barricade, et nous resterons positionnés de l’autre.

Les rédacteurs du journal de rue Paris Sous Tension.

Paris, le 2 février 2016