Mardi 26 janvier, 18h14 : Une revue de presse non exhaustive de suivi médias de l’accident.

 

Mardi 26 janvier, 17h05, l’ANDRA a publié un communiqué suite aux évènements qui s’empresse de préciser qu’il n’y a pas et n’y aura jamais de déchets nucléaires dans les galeries du laboratoire. Il faut rappeler que le « laboratoire » est une invention des années 90 pour faire accepter aux populations et autorités locales une phase d’expérimentation initiale de résistance, de techniques d’entreposage, etc. dans des galeries à 500 m sous terre. Il n’était ainsi pas question à l’origine d’entreproser des fûts nucléaires à cet endroit. A présent on se retrouve avec un réseau de 300 km de tunnels de stockage de déchats à haute activité radioactive sous le village de Bure et un stockage de surface des déchets de moindre activité radioactive. Bref, dire qu’il n’y aura jamais de déchets dans ces tunnels c’est cacher la forêt de fûts qui viendront s’entreposer dans des conditions similaires à quelques centaines de mètres de là, durant de centaines de milliers d’années.

M. Bouillon, le nouveau directeur de l’ANDRA arrivé en novembre 2015, déclarait à son investiture qu’il s’investirait personnellement « auprès des citoyens dans un débat transparent, argumenté et dépassionné sur un enjeu éthique et de responsabilité pour notre société« . On attend la transparence sur les conditions de l’accident, sur ses implications dans le processus de réversibilité qui doit être consacré par une loi en juin 2016 (possibilité de revenir en arrière durant 100 ans dans l’enfouissement).

Mardi 26 janvier, 12h30, grand soleil et chaleur inhabituelle sur le village de Bure. Les oiseaux pépient. Soudain un camion de pompier passe à vive allure toute sirène résonnante, direction du labo. Quelques minutes passent, puis un autre le suit dans le sillon de son écho. Le téléphone se met à sonner. « Allô ! Tu as vu ? » « Quoi ? » « Il y a eu un éboulement souterrain à l’ANDRA, deux personnes sont blessées, ils en ont parlé à la radio ! ». L’AFP relaie depuis déjà 10 minutes, la presse régionale et Europe 1 reprennent. « Ah mais c’est complètement dingue ! « . Les minutes passent, les coups de téléphone des charognards de l’actu s’enchaînent. « Allô c’est BFM TV on cherche des infos, on voudrait confirmer s’il y a bien un mort et un blessé grave, on n’est pas sûr ». Nous les éconduisons, et c’est ainsi qu’on commence à comprendre que le pire est arrivé : il y a bien un mort et un blessé grave.

Un sentiment curieux s’empare de nous, entre tristesse et rage pour les travailleur-euses victimes de cette folie, et le constat amer de voir le colosse aux pieds d’argile se tirer une balle dans le pied. Ou plutôt perdre les pédales, façon glissement de terrain. Contrairement à ce que certains  médias racontent ce n’est pas le premier accident mortel qu’il y a eu sur ce site : en 2002 il y a déjà eu un mort, Eric Joly, sur le chantier de construction du laboratoire (Un documentaire de Camile Saïsset revient sur cet « accident » étouffé : http://perline.org/?La-verite-au-fond-du-puits-de-Bure-en-Barrois). Les procès et les enquêtes n’ont pas empêché le chantier de redémarrer bien vite, toute honte bue. Comme pour le chantier de l’EPR de Flamanville criblé de multiples scandales, dont 2 morts en 2011. Nous espérons qu’il en sera autrement aujourd’hui et que ce terrible accident signera l’arrêt définitif du projet de poubelle nucléaire, et de la filière dans son entier.

En effet alors que nous nageons en plein délire autour de l’estimation des coûts du CIGEO, cela laisse présager sans peine à quels points ces « accidents » – qui ne sont pas de petites bévues ponctuelles dans une industrie bien rôdée mais bien les conditions mêmes de la monstrueuse machine de mort nucléaire – se multiplieront si la construction de la poubelle est autorisée. Qu’elle coûte 35 milliards ou qu’on la ramène, selon les décrets proprement soviétiques de Ségolène Royal, à 25 milliards (au prix d’énormes réductions sur la « qualité » et la « sécurité » des chantiers, ou de recours à des travailleurs sous-traitants que l’industrie nucléaire aime tant exploiter…), les résultats seront les mêmes : une catastraphophe sociale, sanitaire, économique et écologique. Dont les morts seront directes et indirectes.

Voilà, on en est là : il n’y a pas de déchets nucléaires à Bure, et nous nous battons pour qu’il n’y en ait jamais, mais leur machine monstrueuse a d’ores et déjà semé la mort. Tout notre soutien et nos condoléances vont aux victimes d’aujourd’hui et d’hier de la folie nucléaire, à leurs familles, à leurs ami-e-s et leurs proches… Honte sur l’ANDRA et sa machine de mort !