Procès de l’ARB : un verdict qui met à mal l’accusation

Le verdict mesuré rendu vendredi au procès à Paris des militants indépendantistes bretons accusés d’une série d’attentats, dont celui mortel de Quévert (Côtes-d’Armor), est un camouflet pour une accusation dont la défense n’a eu de cesse de décrier l’argumentaire « mal ficelé ».
Sur les onze accusés initialement poursuivis, devant la cour d’assises spéciale de Paris, pour 17 attentats attribués à l’Armée révolutionnaire bretonne (ARB), quatre ont été acquittés, dont Jérôme Bouthier, qui a fait deux ans et demi de prison et Pascal Scattolin, qui a fait six mois de détention.
Parmi les sept accusés condamnés, l’ancien porte-parole du mouvement indépendantiste breton Emgann Gaël Roblin, 31 ans, l’a été à une peine de prison inférieure à la durée de sa détention provisoire (trois ans, alors qu’il en a passé près de quatre à la prison de la Santé). Contre Roblin, l’avocat général François-Louis Coste avait requis 15 ans de réclusion. Christian Georgeault (condamné à 11 ans de réclusion), Pascal Laizé (8 ans de prison), Stéphane Philippe (6 ans de prison), ont eux aussi eu des peines bien inférieures à celles réclamées mardi par le représentant du parquet.
Surtout, les trois hommes, tout comme Gaël Roblin ont été acquittés pour les faits les plus graves qui leur étaient reprochés, à savoir la « complicité » dans l’attentat de Quévert, qui avait provoqué la mort le 19 avril 2000 d’une employée de McDonald’s.
L’instruction attaquée
« Sur Quévert, on manquait dramatiquement de preuves. Dans le doute, les juges ont pris la position la meilleure en acquittant », se félicite l’un des avocats des accusés, Me Omez.
Christian Georgeault et Gaël Roblin étaient suspectés d’avoir participé à l’attentat de Quévert car ils avaient rédigé après le drame un communiqué à en-tête de l’ARB niant la responsabilité du groupe armé dans cette attaque. Mais en l’absence de toute preuve matérielle indiquant qu’ils avaient pu poser la bombe ou ordonner de le faire, l’accusation s’est fondée sur ses seules « certitudes » – l’appartenance revendiquée de Georgeault à l’ARB, le radicalisme de Roblin – pour forger sa conviction.
« Je n’ai pas la preuve que Roblin a lui-même déposé la charge mais j’ai la certitude que son rôle est décisif dans la définition de l’objectif », avait ainsi estimé Mr Coste dans son réquisitoire.
« C’est une thèse [.] une construction intellectuelle qui ne résiste pas au débat devant une cour d’assises », avait répliqué Me Omez, jugeant que Roblin était avant tout victime d’une « image » qui « agace » avec son « romantisme teinté de mysticisme malvenu ».
Mais au-delà de l’accusation, le verdit met aussi à mal l’instruction menée par le juge anti-terroriste Gilbert Thiel. Durant le procès, les accusés ont presque tous dénoncé son « acharnement » et sa volonté de désigner Georgeault et Roblin comme « cibles ».