« je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez exprimer vos idées». Cette phrase, devenue incantatoire, face à l’indéfendable  comme le négationnisme, est attribuée à Voltaire.
On connaît la démonstration sous jacente, se battre pour le droit à l’expression de farfelus qui nient l’extermination, et les chambre à gaz, serait alors le test ultime de la liberté d’expression ? Avec à peine voilé la réhabilitation du nazisme…

Ceux qui comme Bricmont adoptent cette position peuvent alors se payer le luxe de n’avoir rien à voir avec le nazisme dont ils se font de fait les promoteurs mais d’être simplement des disciples de Voltaire… CQFD…

La liberté d’expression est menacée par le monopole des sources dans des domaines gravissismes comme la paix et la guerre.  La liberté d’expression basique du citoyen est attaquée dans bien des lieux, ne serait que les droits de travailleurs alors pourquoi faire de l’absurdité négationniste le test ultime ? Parce que justement il faut tolérer l’insupportable et se battre pour qu’il ait droit de cité. CQFD…

Il y a là un dévoiement de la réalité, de toutes les réalités, qui s’opère sous le masque de cette affirmation de Voltaire pour unique argument : une citation devenue incantation…

Comble d’absurdité, Voltaire n’a jamais rien dit de tel…

Cette phrase a d’abord été pensée en anglais « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it »? » et elle appartient bien à l’univers anglosaxon et pas à la pensée française.  Elle a été imaginée  longtemps après la mort de son pseudo-auteur puisque que c’est en fait une auteure anglaise biographe de Voltaire, Evelyn Beatrice Hall qui l’a inventée en 1906, en  prétendant résumer ce qui lui semblait être la position de Voltaire.

Comme l’affirmait Thomas Mann à propos du nazisme, quand la tolérance couvre la malfaisance elle est un crime. Justement parce qu’il y a eu le mensonge destabilisateur nazi aux conséquences effrayante, érigé en vérité, justifiant tous les crimes, on aurait cru pouvoir s’épargner cet appel au droit à la tolérance au crime. Tous les crétins à l’esprit court se croient pourtant investi d’un droit moral à la diffamation, à l’ignominie lorsqu’ils proclament cette phrase attribuée à Voltaire.  Cette phrase est devenue le cache-misère de l’indéfendable et la prostitution de la liberté d’expression qu’elle met en maison de tolérance… Elle retourne en son contraire la pensée de Voltaire en soumettant la vérité au dogme.

Cette substitution de la fausse référence à la vérité comme justification de n’importe quoi donne le vertige… quand la citation de l’Almanach Vermot prend la place de la pensée et invente une citation qui n’a pas existe…

Danielle Bleitrach

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Note du posteur : pour plus d’info sur le hoax en question se reporter à http://www.rue89.com/hoax/2011/04/14/arretez-avec-le-je…99690

Pour en savoir plus sur l’auteure : http://fr.wikipedia.org/wiki/Danielle_Bleitrach