Le sommet pour l’emploi qui se tient ce jour — 18 janvier 2012 — rassemble les élites politique, économique patronale et syndicale ; des personnes totalement déconnectées de la réalité. Nous sommes des citoyens lambdas, chômeur-euse-s ou non, qui pensent primordial d’engager la discussion sur le terrain, avec les plus concerné-e-s : les sans-emploi et les agents de Pôle Emploi.
Le rendez-vous était fixé hier, 17 janvier à 11h Place du Peuple (feu Place Royale). Ce moment faisait écho à la mobilisation nationale du 17 janvier « Occupons Pôle Emploi ». Nous y étions peu nombreux, mais bien motivé-e-s. Nous avions opté pour une introduction sous forme de vœux de Liberté, d’Egalité, de Solidarité. Nous voulions entre autres, engager le débat sur le non sens de la centralité du travail, dans une société qui produit de plus en plus, et ce malgré un taux de chômage galopant.
Notre petit groupe a donc pris la direction de l’agence Sainte Thérèse en tramway dans une ambiance bon enfant. Nous pensions laisser derrière nous les CRS dépêchés à notre encontre sur la Place du Peuple. Quelle ne fut pas notre surprise quand deux fourgons ont traversé la ligne de tramway pour nous intercepter. Une troupe s’est hâtée de nous barrer l’accès à l’agence; un service dit public. Très vite quatre autres camions, deux voitures de police, et une troisième, banalisée, sont arrivés en renfort. Nous avons compté un rapport de 7 policiers pour un-e manifestant-e.
Malgré quelques tentatives, il nous fut impossible de pénétrer dans l’agence et de mener à bien notre action. Le dispositif policier a totalement bloqué l’accès à l’antenne. N’ayant que faire du risque de radiation, les forces de l’ordre ont refoulé les sans emplois convoqués en entretien au même titre que nous.
La direction de l’antenne n’a pas daigné engager le dialogue certainement par crainte de voir ses agents se rapprocher des chômeurs. Nous avons donc distribué les tracts à des chômeurs — refoulés eux aussi de l’agence — aux passants et à des automobilistes. Les témoignages de soutien furent nombreux, l’indignation générale face à ce déploiement de forces démesuré.
Ne voyant pas d’issue à la situation, nous avons pris la route du retour, toujours en tramway. Deux agents en civil dans le wagon voisin, deux voitures — l’une siglée roulant sur les rails, l’autre banalisée sur la chaussée — nous escortaient. Il fut impossible de se défaire des deux agents en civil de tout l’après midi. En passant à pied devant l’antenne Pôle Emploi de Viarme (rue d’Erlon), nous avons pu constater la présence d’un dispositif policier. Plusieurs personnes nous ont fait état de leur omniprésence ce jour dans les rues de Nantes.
Plutôt que de chercher les causes d’un mécontentement bilatéral — chômeurs et agents de Pôle Emploi — par le dialogue et le respect, l’administration a réagi en fermant sa porte, preuve du mépris le plus total à l’égard de son public. Monsieur Daubigny, Préfet de Région, n’aura pas lésiné sur les moyens pour avorter un mouvement social dont nul ne peut nier la légitimité. En prétextant la notion très floue de « risque de trouble à l’ordre public », et des « des peurs de dégradation », l’Etat et ses réactions policières à géométrie variables portent des atteintes manifestes à nos libertés.
Ces faits renforcent la légitimité de nos actions citoyennes, et accroit notre motivation à résister et dénoncer les injustices, les inégalités et les manquements démocratiques que nous subissons tous quotidiennement.
Nous dénonçons la recrudescence du contrôle, qu’il s’agisse de celui de Pôle Emploi à l’encontre des usagers, ou de celui des forces de l’ordre qui étouffent nos libertés. Nous réprouvons les procédés violents et inégalitaires auxquels ont recours les institutions pour nous faire accepter l’inacceptable (radiations, délation, fichageS, coercition policière…).
Pas de Paix sociale sans Justice sociale