Les salariés de Pôle emploi sont des précaires comme les autres

Martine Mégret est salariée de la Maison de l’emploi dans la ville de Loudéac (22). Avant d’entrer dans le service public de l’emploi, elle a travaillé dans « l’agro », dans les Côtes d’armor, secteur réputé pour ses conditions de travail pénibles voire insupportables. On imagine qu’elle s’est dit pouvoir trouver dans ce nouvel emploi, à l’ANPE, un lieu stable jusqu’à la retraite. Le nom de « service public » faisant écho à la possibilité d’offrir une entraide à quiconque et non pas à celle de fliquer des employés comme des usagers ou de rechercher la productivité à n’importe quel prix.

Malheureusement pour elles et pour tant d’autres, cette image s’est quelque peu abîmée avec le temps. En lieu et place du poste stable attendu, elle a multiplié les contrats à durée déterminée depuis 7 ans ! En lieu et place d’un poste où l’on fait bénéficier à tous des solidarités de la collectivité et spécialement de ceux qui se trouvent en avoir le plus besoin, elle a vu ANPE et ASSEDIC devenir de plus en plus des outils de flicage pour forcer chacun à accepter de se vendre sur le marché du travail dans n’importe quelles conditions, non sans user d’un odieux chantage aux allocations et devenir de moins en moins un outil de conseil aux chômeurs et précaires.

A la fin, après que la direction de Pôle emploi ait menacé de ne même plus renouveler son CDD comme 1799 autres conseillers, on lui indique avec insistance qu’un petit « boulot alimentaire » dans l’agro-alimentaire ne serait pas si mal et « qu’il va bien falloir penser à une reconversion »… A 57 ans, il ne lui reste que quelques années pour éviter les mirifiques 735 euros du minimum vieillesse. A part les boulots dont personne ne veut à raison, il lui sera quasi impossible de trouver un travail régulier, qui ne soit pas payé au lance-pierre et compléter ainsi ces annuités de cotisations.

Nous ne savons pas comment Martine Mégret se rapporte à l’institution Pôle Emploi, à ses multiples injonctions à gérer le « stock » de chômeurs de la manière la plus rentable, productive et profitable.
Ce que nous constatons pour autant : c’est que le discours de Pôle emploi et du gouvernement L’Oréal présentant les employés de pôle emploi comme des travailleurs modèles, hyper-productif à quoi ils opposent des chômeurs rétifs et suspects par définition ne tient pas. Le cas de Martine illustre une nouvelle fois cette porosité de conditions entre précaires et conseillers à l’emploi que la direction de Pôle emploi s’est employée à dénier. C’est que Pôle emploi est géré comme n’importe quelle entreprise : sous-traitance, pression à la productivité (pour faire disparaître les chômeurs des chiffres), etc
C’est pourquoi il nous semble politiquement essentiel d’affirmer que les conseillers à l’emploi sont des précaires comme les autres et que Police emploi est une entreprise comme les autres.
Ce que nous savons aussi c’est qu’il est essentiel pour les conseillers à l’emploi en résistance comme pour les collectifs de chômeurs et précaires de construire des solidarités fortes et qu’il faut les rendre visible partout où cela est possible, sans quoi nous nous acheminerons inexorablement vers une dégradation des conditions de vie au travail analogues à celles des anciens services publics du type France telecom…

Qu’on cesse de fliquer et de culpabiliser ceux qui touchent quelques allocations de misère. Qu’on les laisse vivre. Qu’on s’occupe plutôt de ceux qui s’engraissent de profits sur la précarité et l’exploitation des uns et des autres.
Que le service public de l’emploi soit disposé à véritablement soutenir sans infantilisation ceux qui en font la demande.

Mieux vaut pour la Direction de Police emploi ne pas oeuvrer trop rapidemment à un rapprochement entre chômeurs et conseillers en maintenant sa position déraisonnable vis-à-vis de Martine ou en mettant ces menaces de sanction et de plainte à exécution contre les conseillers qui ont légitimement retenu le directeur territorial de Pôle emploi pour lui faire entrendre raison. Les chômeurs et précaires ne manqueraient pas de se solidariser. Allons Nadine, réfléchis-bien !

Un CDI pour Martine immédiatement !
Nous nous lèverons à 4h30 s’il le faut pour soutenir Martine et on sera nombreux !
Nadine Crinière, même pas peur !
Abrogation de l’Offre Raisonnable d’Emploi (ORE) !
Abrogation du Suivi Mensuel Obligatoire !
Un revenu sans condition pour tous au moins égal au SMIC !
Grève des chômeurs !

Le 7 décembre 2010,
Collectif en marche contre l’injustice sociale de Brest, Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes