L’Union des travailleurs sans emploi (UTD) de Gral. Mosconi, avec des communautés aborigènes et des organisations sociales a commencé sa marche de 11 Km. Jusqu’à Tartagal. Sur le parcours se sont réalisés des escraches aux entreprises pétrolières Tecpetrol, Panamercan et Pluspetrol. Des délégations de Córdoba, Jujuy et Buenos Aires du Partido de Liberación, ont rejoint le campement que maintien la UTD et le Polo Obrero face au tribunal du juge Aramayo, exigeant la libération immédiate des détenus. Arrivent des adhésions de toutes les parties du pays ainsi que d’ Espagne et de France.
A Buenos Aires, 1.500 personnes, membres d’organisations de travailleurs sans emploi ont réclamé Place de Mai la libération des détenus. Tandis que le gouvernement fait la sourde oreille, le pouvoir judiciaire de Salta, lié au pouvoir politique, prive de leur liberté 10 activistes sociaux. Les camarades arrêtés furent torturés physiquement et continuent de recevoir des tortures psychologiques. Les prisonniers du pétrole sont accusés sans preuves par l’entreprise pétrolière Tecpetrol.
Le 6 janvier dernier, plusieurs organisations de travailleurs sans emploi, le Front Unique de travailleurs avec ou sans emploi (FUTRADEyO), l’ UTD de Mosconi, le Mouvement de travailleurs sans emploi (MTD) du 26 juin, l’Union des travailleurs avec ou sans emploi et changarines (UTDoch), et l’Union des travailleurs piqueteros (UTP), ont occupé la maison de Salta (sorte d’office de tourisme de la province) pour réclamer la libération immédiate des dirigeants de la UTD de Mosconi, qui furent arrêtés il y a plus d’un mois accusés d’avoir participé à un incendie dans l’entreprise pétrolière transnationale Tecpetrol à Campo Durán.
Après avoir maintenue l’occupation pendant plus de six heures, les représentants de ces organisations se sont réunis avec le Secrétaire Général de la Présidence et le ministre de l’Intérieur à qui ils exigèrent la liberté des camarades emprisonnés.
Cette action a coïncidé avec la mobilisation et les escraches qui se sont réalisés à Gral. Mosconi et Tartagal dans la province de Salta aux entreprises pétrolières de la zone. Dans la province de Santa Cruz, dans la ville de Comodoro Rivadavia, la Coordination des travailleurs sans emploi a marché jusqu’au siège de Repsol-YPF.
Le 2 décembre 2003, à l’aube, des effectifs policiers de la province de Salta ont réalisé des violations de domicile dans la ville de Gral. Mosconi, à la recherche d’ éléments dérobés durant le pillage et l’incendie de l’entreprise pétrolière Tecpetrol. Durant les perquisitions se sont produits les arrestations de Hugo Carabajal, Ruben Sedan, Sebastian Cabral, Oscar « Piquete » Ruiz, Daniel Valencia, Ramon Maldonado et Tito Chanampa, membres de l’organisation autonome Union des Travailleurs sans emploi (UTD) de Gral. Mosconi.
Les habitants ont dénoncé que la police soit entrée dans les maisons en abattant les portes à coups de pieds et en faisant peur à des femmes et des mineurs. Le juge provincial qui a ordonné les perquisitions et les arrestations, Nelson Aramayo, est le même qui enquête sur l’assassinat de Anibal Verón, le 10 novembre 2000 aux mains de la police provincial.

Vendredi 9 janvier 2004

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Contact en France : santelmo@no-log.org

ARGENTINE : LA LUTTE DE LA UTD (Union des Travailleurs sans emploi) DE MOSCONI

par Andrés López d’ Indymedia Argentina, andreslopez@indymedia.org -14 mai 2003 (traduction FG , santelmo@no-log.org)

Le département de Gral. San Martín, dans la province de Salta, où se trouve la ville de Gral. Mosconi, est une zone très riche en gisements pétroliers et gaziers.
Ces gisements furent exploités depuis 1922 par Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF), créée durant le gouvernement H. Yrigoyen. Cette entreprise administrée par l’Etat national signifiait non seulement le contrôle des ressources naturelles non renouvelables mais générait des milliers de postes de travail dans la zone. Le gouvernement de Carlos Menem privatisa YPF entre les années 1991 et 1992 provocant des conséquences sociales et économiques destructrices.
Plus de 5 000 personnes sur une population active de 8 000 se retrouvèrent sans travail. Ce chiffre effrayant est un des facteurs à l’origine de l’organisation des chômeurs, comme l’exprime Hippie Fernández : « elle fut en gestation à travers le chômage qu’il y avait. C’est à dire que les gens l’ont créée, la marginalisation qu’il y avait dans le peuple, c’est cela qui a pratiquement formé la UTD (Union des Travailleurs sans emploi). » La UTD n’est pas un parti politique, ni n’accepte l’insertion d’aucun d’entre eux à l’intérieur de l’organisation.
En 1997 se realisa le premier barrage de route, aussi appelé piquete, organisé par plusieurs secteurs et organisations des villes de Mosconi et Tartagal. Ils réclamaient, entre autres choses, des postes de travail pour les chômeurs de YPF et des impayés de salaires aux entreprises d’Etat.

Puebladas (soulèvements populaires) et piquetes convergent, pour la première fois, ici, où l’expérience du chômage s’exprime brutalement dans le plus cru déracinement affectant les travailleurs qui comptaient sur des carrières stables, quelques uns depuis trois générations, beaucoup d’entre eux travailleurs qualifiés, dans tous les cas, les mieux payés de l’Etat national. « D’un autre côté, nous trouvons les jeunes qui expriment une conscience plus « prolétaire », faiblement qualifiés et parfois sans aucune expérience de travail, mais avec une haute conscience de leur situation de pauvreté. »
Après le second grand barrage de route, en décembre 1999, la UTD de Gral. Mosconi, reçu les premiers plans de chômage , administrés directement par l’organisation.
Rosa, de la UTD de Mosconi, nous relate ces premiers temps de lutte et comment se virent-ils/elles obligé-e-s de continuer de réalisar d’autres barrages de route :  » … nous allions obtenir ce qui devait être pour nous mais ce fut la municipalité qui se l’accapara, les gens de la municipalité avait placé tous les leurs, jusqu’à des gens qui étaient déjà en train de travailler qui furent contractés dans les plans de travail. Ce n’est pas logique que ceux qui se sont battus pour du travail n’en aient pas. Donc, en 98 nous sommes sortis une autre fois, et avons décidé de ne rien demander à la capitale. Donc nous nous sommes indépendantisés de la municipalité, nous avons reçu 1776 plans qui sont actuellement utilisés dans la UTD ; nous continuons à nous battre, parfois 300 personnes ne touchent pas de plans et nous sortons sur la route, le mois suivant c’est la même chose. C’est à cause de cela que nous avons des inculpations. »
Depuis lors, la UTD a élaboré autour de 600 ouvrages. Ils ont créé des potagers et des lieux récréatifs, construit des maisons en dur à la place des cabanes en bois des bidonvilles. Hippie détaille : « On en a montés 96 en pratiquement six ou huit mois, alors que la municipalité en avait fait trente en quatre ans avec le plan « Nouveau Foyer ». » Ils ont aussi construit des salles de premiers soins, des cantines communautaires, des laboratoires et des salons multi-usages. Ils ont rénové des salles de cours dans les écoles. Ils ont installé des jeux pour les enfants sur les places et différentes oeuvres d’infrastructure ainsi que d’autres projets productifs, parmi lesquels cinq fabriques de briques. Ces oeuvres sont réalisées par 1389 femmes et hommes.
La UTD presente des projets pour lesquels ils obtiennent de nouveaux plans sociaux pour les chômeurs. Pour cela ils ont un bureau administratif et un autre technique qui planifie et organise l’execution des projets. Il faut prendre en compte que la UTD de Mosconi a réalisé un travail énorme de reconstitution du tissu communautaire, non seulement dans un contexte de crise et de fragmentation sociale généralisée mais aussi dans un fort isolement géographique par rapport au reste du pays.
Depuis le 30 août 2002, fonctionne une foire-exposition sur la place principale de Mosconi où ils vendent au public différents produits dont ceux des 56 potagers qui sont maintenant des petites unités productives. Ces potagers fournissent des cantines communautaires et l’hôpital. « Et si nous parlons de projets productifs, on a maintenant commencé le recyclage du plastique et se compactage. » Ce plastique compacté et emballé est échangé contre des outils. Rosa travaille dans ce projet de la UTD, elle en est la responsable. Le matériel recyclé est échangé à l’entreprise Refinor contre des outils, du ciment, du fer, de la chaux, différentes machines pour couper la pelouse par exemple. « Nous sommes sur le point d’obtenir une machine à compacter plus grande, nous espérons que nous allons travailler tous unis avec mes camarades et allons sortir par l’avant. »
Parmi les projets actuels actifs se distinguent la construction d’une Université, d’un pôle pétrochimique et les rénovations de l’aéroport et de l’hôpital de Mosconi.
Hippie affirme : « Les oeuvres qu’a réalisée la UTD ont fait économiser beaucoup de millions à la province et à l’Etat national. » Cependant, ces chômeurs connus comme piqueteros, sont réprimés par les gouvernements, par la gendarmerie (corps militaire). Ces répressions ont abouti à l’assassinat de quatre personnes, dont Anibal Veron. Elles ont également fait plusieurs blessés qui ne recoivent toujours pas l’attention sanitaire dont ils ont besoin.
Corina, de la Commission d’enquête indépendante sur les répressions nous décrit la souffrance et l’abandon des blessés. Mis à part Ivan Dorado, qui est interné dans un hôpital de Buenos Aires et qui attend la concrétistion de vaines promesses d’un traitement à Cuba, il y a plus de cas : « Le compañero, Cachito (Frías) a cinq balles dans le corps et le compañero Figueroa en a dans la jambe mais on ne peut les lui enlever car il est diabétique. Il y a un autre compañero Carlos Aranda qui a une balle dans la colonne, il est père de deux enfants et ne peut plus travailler, il fait aussi parti de la Commission. L’hiver, ils souffrent terriblement, nous les voyons pleurer de douleur, nous essayons de les aider, nous essayons d’avoir toujours une aspirine à la maison, nous leur disons que lorsqu’ils sentent la douleur, ils peuvent venir à n’importe quelle heure taper à la porte, si nous avons quelques pesos nous achetons l’injection (…) moi aussi je travaille avec les plans, nous travaillons tous avec les plans, nous gagnons les 150 pesos (50 euros) qu’ils nous donnent qui ne suffisent pour rien (…) dans le nord il y a une pauvreté qui ne peut pas s’expliquer, il y a des mères qui ont 5, 6 enfants, 10 enfants…  »
Corina nous explique aussi quelques unes des raisons pour lesquelles elle coupe la route : « J’ai participé à des barrages de routes pour demander un travail, je suis seule, j’ai deux enfants et j’ai besoin de travailler. J’ai besoin que mes enfants étudient et cela me porte à sortir sur la route, à demander à cris du travail, du pain, de la nourriture. Ce dont nous avons besoin c’est que nos enfants étudient, qu’ils ne soient pas comme nous qui n’avons pu étudier. Je me rend compte maintenant que je suis maman, que le meilleur que puisse donner un parent à son enfant ce sont des études, si tu n’as pas fait d’études tu ne peux pas travailler. »

Version audio (en espagnol) en ligne sur : http://argentina.indymedia.org/news/2003/05/109586.php