Pour ma part je suis arrivé quelques minutes en retard et les discours avaient commencé. Ils y avaient une soixantaines d’allocataires (sur 3000 invitations envoyées) assi-se-s face à une tribune où siégeaient quatre personnes, soit deux élus du conseil général et deux professionnelles du secteur sociale. Ils et elles ont monopolisées la paroles pendant une heures pour nous dire que c’était nous qui allions avoir la paroles et que le groupe ressource était notre groupe et que nous pourrions en faire ce que nous voulons. Pour bien qu’on comprenne, ils et elles nous ont montré une présentation power-point avec des schémas. Le groupe ressource sert à informer le conseil général des dysfonctionnements du RSA, mais aussi des choses qui marche bien. Sur l’écran, un encadré « nous informer » s’affiche en grand. De son côté, le conseil général nous informe des nouvelles mesures ou de petites astuces. Sur l’écran l’inscription « vous informer » s’affiche sous la première, relié par une flèche dans un sens et une autre de l’autre sens. C’est nous qui auront le pouvoir dans le groupe ressource. Si on en fait la demande, on peut même inviter des professionnel-le-s – par exemple du pôle emploie – pour les rencontrer. Au cours de ce brillant exposé un des mecs de la tribune dit à propos de je ne sais plus quel sujet qu’il espère qu’il n’y aura pas de perturbation pendant la réunion. Devinant qu’il fait allusion à un sujet qu’il aurait évoqué avant mon arrivée, je demande à ma voisine ce qu’il en est. Apparemment un groupe de gens aurait prévu de perturber le bon fonctionnement de la réunion. Je souris intérieurement « à deux, on risque pas de perturber grand chose». Au bout d’un moment on est invité à former quatre petits groupes d’une quinzaine pour pouvoir discuter plus facilement. Nous nous réunissons donc autour de quatre animatrices pour répondre à trois questions assez bateau qu’on nous proposait. Les questions étaient manuscrites sur une grande feuille de papier affiché au mur près de l’animatrice. De mémoire les questions étaient quelque choses comme :

Qu’est ce qu’on a compris du « groupe ressource » ?
Pourquoi on est venu ?
Quels sont nos difficultés ?

Les gens qui voulait prendre la paroles le faisaient et l’animatrice écrivait ce qu’elles et ils disaient en dessous de l’une des trois questions. Au besoin, elle reformulait et synthétisait les interventions. Puis l’animatrice demande un volontaire pour rapporter ce qui s’est dit en grand groupe et les quatre groupes se réunissent de nouveau.

Là, un des élus s’excuse longuement des conditions d’accueil assez froides, du flicage et des contrôles à l’entrée. Lui, il aurait bien voulu que les portes soient grandes ouvertes et que tout le monde puisse rentrer normalement, mais c’est pas de sa faute, c’est de la faute des gens qui voulaient perturber cette réunion. J’en profite pour demander la parole et on me tend un micro. Je me présente comme membre du Collectif des Chômeurs-euses et Précaires en Lutte de Nantes (j’avais pas compris qu’on s’appelait pas comme ça) et j’explique que je me sens un peu visé, mais que tout ce que je voulais faire c’est relayer le message de la coordination des chômeurs-euses et précaires en lutte et le mot d’ordre de grève des chômeurs-euses à partir du trois mai. Je dis aussi que je trouve dommage d’essayer d’empêcher la diffusion de cette information, et que j’ai justement le texte d’appel sur moi et que je vais le lire. Apparemment, les élus ont hésité à couper le micro puis ont préféré me laisser parler. J’ai donc lu le texte du collectif du 3 mai (le même qui a été lu sur le plateau de france 2). A la fin, les allocataires ont applaudit le texte et les élus se sont précipité pour me féliciter et pour re-préciser que bien-sûr ils trouvaient très bien qu’il y ait des interventions de la sorte, que ça faisait vivre le débat démocratique et qu’ils n’ont jamais voulu censurer ce genre de chose mais seulement empêcher des éléments perturbateurs. Pendant le reste de l’après midi, j’ai dû endurer les clins-d’œils complices de nos deux politiciens.

La mascarades de grande consultation des allocataires dans un simulacre de démocratie participative a pu reprendre tranquillement. Des rapporteuses-eurs des différents groupes se sont succédé-e-s au tableau. Une animatrice re-synthétisait chaque choses. Une image reste gravée dans mon esprit, celle d’une animatrice qui tient un micro pendant qu’un allocataire rapporteur parle dedans. Il n’arrive pas toujours à relire se qu’elle a écrit, alors elle lui souffle les phrases à voix basse pour qu’il les répète dans le micro. Une femme dit qu’elle a hésité à venir, parce qu’elle ne savait pas ce que ça pouvait lui apporter. L’animatrice a proposé de reformuler en « quel plus-value je pourrais en retirer » et l’a marqué au tableau. Pari gagné pour le conseil général, 60 des 3000 allocataires invité-e-s ont pu exprimer leur avis sur ce qui les tenait à cœur.