Compte-rendu Fac de Caen

Caen, le mardi 25 novembre 2003,

L’amphithéâtre le plus grand de la fac dans lequel se tiennent les AG doit être négocié chaque jour avec le service intérieur ce qui est usant et participe de l’intimidation psychologique de la direction de notre université. Pour éviter cette situation l’occupation de cet amphi a été décidée en AG hier. Malheureusement les gros bras à la botte de la direction ont fermé l’amphi. Les grévistes se sont alors replié sur le bâtiment lettres, qu’ils ont occupé calmement (70 personnes environ) en respectant du mieux possible la vie du concierge et de sa famille qui vivent et dorment dans le bâtiment.

Le souci des grévistes était alors de tenir coute que coute le mandat décidé par l’AG de la veille concernant le blocage. Un groupe a élaboré une sratégie pour prendre dans la nuit le bâtiment sciences. Vers 4h du matin 60 étudiants grévistes ont pénétré dans le bâtiment grâce aux travaux en cours qui laissent l’accès à l’intérieur. Grâce à toute sorte d’objets du bâtiment (tables et chaises) et des travaux (fenêtres usagées, palettes, barrières) ils ont barricadé le bâtiment de l’intérieur laissant un seul accès pour les grévistes : une fenêtre.

Des banderoles « non au LMD/ECTS » et « rejet du projet d’autonomie » faisant respectivement toute la hauteur du bâtiment lettres (5 étages) et 1/4 de sa largeur ont été exposé sur la façade toute la journée d’aujourd’hui.

Le matin je vous laisse imaginer que la direction de l’Université était ulcérée, les 3/4 des courts ne pouvant pas se tenir. Malheureusement quelques étudiants non-grévistes, et surtout la direction accompagnée des ouvriers collaborant à la répression ont fini par enfoncer les piquets qui ont tenu 2h (8h-10h). ceci a obligé les grévistes à se retrancher dans le bâtiment lettres où le comité de grève a préparé l’AG… Ensuite l’assemblée générale du campus 1 a rassemblé 800 personnes (ce qui marque un stagnation par rapport à hier), dont 1 délégation significative (100 – 200 personnes) de l’AG du campus 2 (qui a compté 700 étudiants et a voté les piquets), pour que l’AG se passe le mieux possible face aux non grévistes un peu « froissés » par les piquets de grève.

L’AG s’est bien passée, les non-grévistes qu’ils soient pour où contre la grève et surtout contre les piquets ont pu s’exprimer et l’AG a reconduit la grève. Stratégiquement les grévistes n’ont pas reconduit les piquets et repartent faire de l’info dans les cours. Ce « recul » démoralise certains, c’est inévitable. Un forum va se tenir sur 2 jours pour aborder différents points et armer les étudiants contre les réformes. Le campus 3 a reconduit la grève avec les piquets ils ont un soutien très appuyé de leurs profs. La manif est prévue jeudi et la délégation pour Rennes sera élue jeudi.

Vous avez du remarquer le vocabulaire guerrier que j’emploie, mais je vous assure que nous sommes sous le coup de la répression de la grève, de l’intimidation (une plainte a été déposée pour le blocage du bâtiment dans la nuit). Il faur savoir que la présidente de notre Université avait envoyé il y a 15 jours la police pour déloger de son bureau les étudiants sans logement et les syndicalistes les soutenant.

Je tiens à souligner que malgré tout les grévistes restent calmes et déterminés et ne répondent que très rarement à la violence verbale des anti-piquets. Aucune dégradation matérielle n’est à noter dans ces actions radicales.

La direction fait le tour des filières, invitée par les UFR pour « expliquer » la réforme ; elle réalise ainsi des réunions de propagande ehontée dans lesquelles aucune contradiction n’est autorisée (quitte à faire taire de force les porte-paroles des grévistes).

Quand je dis « la direction est venue enfoncer les piquets » c’est au sens propre ; aussi bien hier qu’aujourd’hui ce sont les vice-présidents enseignants du CA et du CEVU qui ont eux-même en costume-cravate, bousculé les étudiants des piquets, menacé ces derniers de sanctions. Il y a même un des VP qui ne supportant pas la contradiction dans une réunion de propagande a invité un gréviste à s’expliquer dehors « entre hommes » le gréviste a décliné l’invitation…

Clément. Bonne grève ! Il faut tenir bon !