Un regard sur le système de la République Islamique en Iran à travers des
évènements récents

Le peuple iranien s’est élevé contre trente ans de dictature et de
bâillonnement de la République Islamique. Le coup d’état électoral de
Khamenei – Ahmadinejad a été une étincelle dans une poudrière de trente
ans de colère et de dégoût du peuple iranien contre tout le système de la
République Islamique. Nous assistons à l’expression d’un ras le bol
général dont il faut le distinguer des contradictions et ambitions
politiques des factions au sein du régime de la République Islamique.

La protestation populaire se poursuit en Iran, malgré la répression
impitoyable de la milice islamiste (bassidj), les forces de l’ordre, les
gardiens de la révolution (Sepahe Pasdaran) et les civils du ministère de
l’information. Malgré les déclarations successives de Moussavi et sa vague
verte, destinés à inciter les gens à rentrer chez eux, depuis 13 juin
2009, sous prétexte qu’il n’a pas l’autorisation du ministère de
l’intérieur pour la manifestation et la tentative de la vague verte de
récupérer les protestations populaires à son compte, en propageant des
slogans religieux dans les manifestations, force est de constater que les
jeunes continuent à combattre dans les quartiers, qu’ils affirment avec
détermination et courage le sens de leur lutte en visant le régime de la
République Islamique dans sa totalité. C’est donc bien l’avenir du pays,
et non celui de Moussavi qui est en jeu.

Les luttes du peuple iranien contre le système de la République Islamique
datent de 30 ans. Elles ne sont pas commencées depuis le coup d’état
électoral. Mais ce coup d’état était un élément déclencheur des
protestations récentes. Dans ce sens, la dynamique qui traverse
actuellement la société iranienne, aujourd’hui la rend transparente, et le
monde entier peut voir cette ligne de démarcation qui partage le peuple et
son ras le bol, de ce régime sinistre avec ses différentes composantes qui
s’affrontent entre eux.

Depuis l’annonce de la réélection d’Ahmadinejad le 12 juin 2009, la
concurrence larvée entre les différentes factions au pouvoir s’est
transformée en guerre ouverte. Quatre candidats, issus du sérail
islamiste, ont eu la bénédiction du « Conseil de Surveillance » à
concourir, mais le Guide suprême et le clan au pouvoir avaient désigné le
vainqueur bien avant les élections. Ceux qui « défient » le clan
Ahmadinejad ne sont pas des opposants traditionnels de la République
Islamique, mais il s’agit des fidèles et acteurs clés ayant joué un rôle
majeur dans la mise en place du système de la République Islamique en
1979.

Le clergé chiite, malgré des contradictions importantes en son sein, a
toujours eu de l’influence dans des différentes institutions du régime,
car il est la colonne vertébrale du régime. Tant que Khomeiny était
vivant, il arrivait unir toutes ces institutions parallèles au sein du
pouvoir. Chaque fois qu’il y avait divergences entre les composantes du
système, il mettait l’accent sur l’intérêt de l’islam et ainsi il jouait
le rôle de l’unificateur au sein du régime. Mais avec la mort de Khomeiny,
non seulement son successeur n’avait pas le même profil mais aussi il
était contesté par une grande partie du clergé. Ainsi à sa mort, les
divergences entre les factions du régime ont éclaté.

Bien que les deux tendances rivales soient d’accord sur l’existence du
système de la république islamique mais ils veuillent assurer cela avec
deux méthodes différentes. Les « réformateurs » veulent, tout en
augmentant le contrôle sur la société, assouplir un peu le cadre strict de
la vie sociale. Par exemple autoriser les femmes de devenir président de
la république ou laisser les femmes de sortir du pays sans avoir
l’autorisation préalable de leurs époux. Mais la tendance « conservatrice
» estime qu’il faut continuer la répression de la population pour pouvoir
préserver le système de la république islamique.

La candidature de Mohsen Rézaï, 1er dirigeant des pasdarans (Les gardiens
de la révolution) désigné par Khomeini dès 1979, contre Ahmadinejad,
lui-même ancien pasdarans, indiquait déjà les divisons qui traversent
cette organisation militaire placée sous l’autorité directe du guide
suprême. Selon plusieurs sources, une vingtaine d’officier des Pasdaran de
haut rang auraient été arrêtés.

Khamenei, dans son prêche du 19 juin 2009 (1er après les élections et
ensuite la révolte populaire), contrairement à ce qu’attendait son
entourage, s’est montré incapable de trouver les mots réconciliant toutes
les fractions du régime afin de rétablir l’ordre au sein du pouvoir. Il
était net et précis. Khamenei s’est aligné sur Ahmadinejad. Il a en fait
annoncé officiellement sa complicité dans le coup d’état électoral.

Ce discours a bien changé les mots d’ordre des manifestants du jour au
lendemain. « Moussavi, nous te soutenons », « ou est passé mon vote »,
etc. sont transformés à « à bas Khamenei », « à bas la république
islamique». Les femmes et les jeunes dépassent complètement, depuis
longtemps, le cadre du système islamique avec leurs luttes quotidiennes.

Bien loin de soutenir Moussavi, la population, par sa mobilisation
spontanée, a accentué les divisions au sein du sérail, affaiblit la
dictature religieuse et a poussé celle-ci à l’implosion.

La répression sanglante, les arrestations, l’interdiction des journalistes
et la coupure des réseaux téléphoniques et d’Internet n’ont pas empêché le
développement du mouvement. Le discours menaçant de Khamenei le 19 juin
2009 et l’interdiction des manifestations n’ont pas entamé leur
détermination. Les forces anti-émeute, la police secrète, les bassidjis et
les nervis à la solde du régime ont tout fait pour empêcher la
manifestation du samedi 20 juin sans succès. A Téhéran, les affrontements
ont éclaté rapidement et le bilan est sanglant : des dizaines de morts,
des centaines d’arrestations et de blessés et un nombre indéterminé de
disparus.

Depuis, les nervis du régime et les bassidjis quadrillent Téhéran et les
grandes villes, empêchant tout rassemblement. Pour autant, pas un jour ne
passe sans tentative de manifestation et la mobilisation prend d’autres
formes. Les protestations sont maintenant propagées dans tous les
quartiers au lieu d’un seul lieu de rassemblement ou un seul parcours de
manifestation. Les mères des prisonniers politiques et des disparus ont
appelé à se rassembler dans tous les parcs des différentes villes tous les
samedis de 19 heures à 20 heures.

Contrairement aux adjectifs que les médias occidentaux collent sur les
candidats officiels de la République Islamique, comme « démocrate » ou «
conservateur », les 4 candidats font parties des composantes de système de
la République Islamique. C’est très difficile d’appliquer l’étiquette
«démocrate» à ces personnages candidats aux élections qui ont tous exercé
et exercent toujours des fonctions extrêmement importantes au sein du
régime. Il faut rappeler que les quatre candidats s’estiment fidèle à la
constitution islamiste et au guide suprême et insistent sur l’existence du
système de la République Islamique. Dans la Constitution de la République
Islamique, il est clairement stipulé que le pouvoir appartient au Dieu et
son représentant qui est le « guide suprême ». Ce raisonnement qui
gouverne depuis 30 ans en Iran, montre bien que l’étiquette de « démocrate
» ne colle à aucun des candidats.

Les 4 candidats ont participé aux exécutions sommaires des années 80 des
communistes et progressistes et des minorités, la fermeture des
universités pendant 2 ans pour les « purger des éléments athées », le
massacre à Kurdistan et Turkmène Sahara, et la mis en place des lois de la
Charia, etc. (la liste est longue !)

Il faut noter que Moussavi n’est pas un réformateur, c’est la tendance
modérée des conservateurs. Le « meilleur réformateur » que la République
islamique n’ait jamais eu au pouvoir c’est Khatami, qui n’a jamais rien
réformé. Le réformisme au sein du régime n’est qu’une illusion dans le but
de sauver le régime de sa crise politique. Durant 30 années de la
République Islamique, les différentes tendances au sein du clergé ont
essayé de mettre à jour l’islam en tant qu’un système politique mais en
vain. En fait, la réforme pour un système basé sur les lois divines sera
de le vider de son contenu religieux. Autrement dit, il sera la question
de la séparation complète de la religion et le pouvoir politique.
C’est-à-dire le clergé prendrait son retrait de la scène politique. D’où
l’échec du régime dans ses tentatives de « moderniser » l’islam.

L’étiquette « réformatrice » et « conservatrice » pour les candidats
présidentiel en Iran, sont des étiquette fabriquées par les médias
occidentaux pour distinguer les uns aux autres et à l’occasion cultiver
l’illusion sur une tendance au sein du régime. Ces étiquettes ne collent
pas à la réalité politique de différentes factions du gouvernement
iranien!

Pour connaître mieux la situation politique actuelle en Iran, c’est
nécessaire de connaître les 4 candidats pour les élections
présidentielles.

Mohsen Rezaï : En 1981, Rezaï a été désigné par Khomeiny, pour diriger le
corps des Pasdaran (gardiens de la révolution), l’armée d’élite de la
République islamique. Il est resté à ce poste jusqu’au 1987. C’est la 1ère
force de répression en Iran. C’est une sorte d’armée séparée avec sa
propre marine, son aviation, son ministère et sa milice de volontaire :
les « bassidjis » qui tabassent actuellement les manifestants.
L’organisation des gardiens de la révolution islamique supervise aussi la
milice islamiste (les bassidjis). En dehors de son passé criminel à
l’intérieur du pays entre 81 et 87, Rezai est visé par un mandat d’arrêt
international lancé par l’Argentine pour son rôle dans l’attentat à la
bombe commis en 1994 contre le siège de l’organisation juive Amia (85
morts).

Après sa démission des corps de Pasdaran, il a été désigné par Khomeiny,
en tant que secrétaire du Conseil de Discernement. Il dirige la commission
de l’économie du Conseil. Il est aussi dans le groupe de travail du
gouvernement pour mettre en place le plan politique pour attirer les
investissements étrangers.

A 72 ans, Karoubi, qui a présidé deux fois le Parlement (dont de 2000 à
2004), était arrivé troisième au premier tour en 2005. Lors de cette
élection, il avait mis en cause une ingérence des milices islamiques qui
appuyaient Ahmadinejad. il est également le chef du parti de la Confiance
nationale. Karoubi avait été désigné par Khomeiny, en 1980, pour diriger
la fondation de martyre, le centre financier le plus important des clergés
en Iran. Il a été mis en cause indirectement pour des grandes corruptions
au sein de cette fondation.

Quant à Moussavi, qui se proclame réformateur pour cristalliser tous les
espoirs et récupérer le mouvement grandissant, le peuple iranien n’a rien
à en attendre :

Mir Hossein Moussavi, dite un « conservateur modéré » et principal rival
d’Ahmadinejad pour la présidentielle du 12 juin 2009. Il était passé dans
l’ombre après avoir servi comme Premier ministre pendant la guerre irano
irakienne.

Il a été un des fondateurs du parti islamique qui a soutenu Khomeiny après
le départ du Shah.

Moussavi connu pour son rôle dans « le massacre des prisons » durant les
années 80. De dizaines de milliers de prisonniers politiques avaient alors
été exécuté.

Moussavi a dirigé le gouvernement iranien de 1981 à 1989. A peine 2 ans
après la révolution islamique en 1979, Khomeiny lui a confié cette
responsabilité des années les plus sombres du régime islamiste. Il est
connu pour être l’un des principaux acteurs de la répression de
l’opposition durant cette période. Il a été aussi le chef de gouvernement
qui envoyait, pendant la guerre contre l’Irak, les enfants en première
ligne dans les champs de mines avec en pendentif une clef en plastique
pour le paradis d’Allah.

Donc Moussavi est bien depuis 1979 l’un des principaux piliers de ce
sinistre régime. Après avoir été Premier Ministre il a ensuite servi de
conseiller aux présidents Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997), et
Mohammad Khatami (1997-2005).

Il se définit très attaché aux principes de la révolution islamique de
1979. Dans son programme, Il fait de l’économie sa priorité et entend
s’attaquer à l’inflation (supérieure à 35 % en Iran).

Il veut remettre en place cette politique « pure » des années 80 et
revitaliser les principes fondamentaux de la république islamique.

Il est par ailleurs membre du Conseil de discernement, un organe
d’arbitrage dirigé par Hashemi Rafsandjani.

Dans son programme il s’est engagé à ramener la stabilité dans une
économie secouée par la politique menée par Ahmadinejad. En politique
étrangère, il veut changer l’image « extrémiste » du pays à l’extérieur.
Une référence aux déclarations d’Ahmadinejad, que ce soit contre Israël ou
les occidentaux.

Dans sa 5ème déclaration daté du 21/06/09, il dit clairement : « le fait
que les jeunes ont crié Dieu est grand dans les rues, c’est un miracle
puisqu’ils s’étaient éloignés des valeurs divines. Il reproche à ses
adversaires de traiter ces jeunes qui crient « Dieu est grand », de
vouloir faire une « révolution de velours ». Ainsi il se passe pour le
sauveur de la République Islamique en donnant un tournant divin à la
compagne électorale et ainsi en ramenant les jeunes vers les valeurs
islamiques. Il finit sa déclaration ainsi :

« En tant qu’un frère pour trouver de nouvelles solutions, je demande,
spécialement au jeunes de ne pas laisser les menteurs et les tricheurs de
vous voler le flambeau de défense de système islamique. Ne pas les laisser
de vous confisquer l’héritage précieux de la révolution islamique. Ayez
confiance en Dieu et l’espoir en avenir en vous reposant sur vos
capacités, menez vos démarches désormais sans violence et selon la
législation. Le bassidji (milice islamiste) n’est pas en face de nous mais
il est notre frère. Le pasdar (gardien de la révolution) n’est pas en face
de nous mais il le protecteur de la révolution et notre système islamique.
L’armée n’est pas en face de nous, elle est protectrice de nos frontières.
Nous ne sommes pas en face notre système sacré et ses structures légales.
Ces structures assurent notre indépendance, notre liberté et notre
république islamique ».

Le régime de la République Islamique n’est pas par nature une démocratie.
C’est un régime théocratique islamique. Le coran et la Charia sont sources
de loi et le régime est en fait conduit par un « guide spirituel » : hier
Khomeiny aujourd’hui Khamenei.

Moussavi parle clairement dans sa neuvième déclaration datée du 30/06/09
de la confiance du peuple à la République Islamique depuis 30 ans et qui a
été brisée le 12 juin 2009 suite à la fraude électorale ! Il demande aux
dirigeants de se saisir sinon il y a un danger potentiel contre le système
islamique. Il leur dit « nous devons retourner vers l’islam, l’islam pur
du Mohamed. Nous devons retourner vers notre constitution que nous l’avons
ouvré avec beaucoup d’espoir ».

Alors que ce que nous avons assisté ces derniers temps, a montré
clairement le ras le bol général d’une population qui ne supporte plus ce
régime et qui n’a jamais eu confiance en régime.

Cette constitution dont Moussavi instamment s’y inscrit, a pour
caractéristique de considérer le peuple comme un troupeau et le guide
comme berger qui et représentant de dieu sur terre! Nous citons ici
quelques articles de cette constitution que Moussavi et sa vague verte
veulent renforcer:

Article 2 de la Constitution de la République Islamique d’Iran qui traite
des Principes Fondamentaux:
« La République islamique est un système basé sur la croyance en
un seul Dieu. Sa souveraineté exclusive et son droit de légiférer et la
nécessité de soumission à ses commandements. »

Article 56 :

« La souveraineté absolue sur le monde et l’homme appartient à Allah.. ».

Article 57 :

« Les pouvoirs de gouvernement dans la République islamique sont investis
dans la législature, le pouvoir judiciaire et les pouvoirs exécutifs,
fonctionnant dans la surveillance du Leader religieux absolu ».

Nous trouvons aussi la trace de cette constitution, basée sur la charia,
dans le code pénal islamique* d’Iran :

Article 91 du code pénal islamique : « Chaque musulman adulte de l’un et
l’autre sexe, coupable du crime d’adultère sera puni publiquement, s’il
est célibataire avec une pénalité de cent coups du fouet et
l’emprisonnement d’une année. Autrement la peine de mort en lapidant, sera
prononcée quant à un couple marié ou divorcé. Quant à une femme enceinte
la peine de lapider ou fouetter sera différée jusqu’à après l’accouchement
.. ».

En effet, Moussavi voulait renforcer l’application d’une constitution avec
laquelle le régime de la République Islamique a instauré ses 30 ans de
terreur en réprimant les luttes des peuples en Iran.

Ahmadinejad, 52 ans veut « juste servir le peuple ». il se présente comme
un dévot de l’islam et un homme du peuple. Il fait ainsi fréquemment
référence au « Mehdi », le douzième imam de l’islam chiite, dont les
fidèles croient qu’il reviendra sur terre pour y instaurer un règne de
justice.
Il a aussi conservé une apparence très simple, se vêtant modestement avec
un blouson.

Il est notable de signaler que les dirigeants de la République Islamique,
pendant la guerre irano-iraquienne, reconnaissait imam Hussein (le 3ème
imam des chiites) comme symbole de martyre pour l’Islam. Nous trouvons les
références de cet imam dans tous les discours guerriers de dirigeants de
l’époque pour motiver la troupe de continuer la guerre sainte ! Mais il se
trouve que cet imam ne les a pas conduits à la « victoire sacrée » qui
était « la conquête de Karbala » et il les a plutôt conduits à l’échec. Le
slogan du régime étant « la guerre sainte jusqu’à la victoire », avec
Mehdi, il trouve son compte puisque pour l’apparition de Mehdi, il faut
mener la guerre sainte jusqu’à la disparition de pêchés sur terre ! Il
faut savoir que ces références de l’islam chiite ont toujours eu un impact
important dans la définition de politique intérieur et extérieur du régime
quelque soit la tête qui dirige le pays.

Ahmadinejad, c’est le populiste fasciste, qui joue sur la peur de
l’étranger et le pseudo postures nucléaires et négationnistes. Il incarne
le refus de l’Iran de suspendre son programme nucléaire. Sur ce terrain,
il réuni toutes les tendances du régime autour de lui ; « conservateurs »
et « réformateurs ».

Son bilan économique est désastreux comme celui des autres candidats. Il a
entraîné une forte inflation mais aussi plus de pauvreté et de chômage.
Depuis la révolution islamique, le taux de la misère et du chômage n’a
jamais cessé d’augmenter. Les gouvernements successifs ont dépouillé la
richesse du pays chacun à son tour.

Ahmadinejad prétendait, lors de la campagne électorale de 2005 de « mettre
l’argent du pétrole sur la table des gens » !!

Ahmadinejad a donné aux « pasdaran » des postes clés dans des ministères
importants comme le pétrole ou le nucléaire.

Il a annoncé sa fidélité aux valeurs de la révolution islamique et a
bénéficié jusqu’ici d’un soutien quasiment sans faille du guide suprême,
l’ayatollah Ali Khamenei.

Que se passera-t-il ? Difficile à prévoir. Quoi qu’il advienne, les choses
ont déjà changé. Le Guide suprême est contesté dans son choix. Or
précisément, un Guide suprême n’est pas censé se tromper. Les choses ont
changé car le régime dans sa totalité a peur. Il a peur parce que le
peuple l’a désavoué dans les rues. Khamenei tremble sur son trône de cette
déstabilisation politique sans précédente.

Ainsi, les candidats à la présidentielle ne le sont que parce qu’ils ont
reçu l’autorisation de ce régime de se présenter à cette élection. Ce sont
tous des candidats « officiels » !

Comme toujours en république islamique, les candidats sont des caciques du
régime, qui représentent des intérêts différents. Il s’agit d’une lutte
d’influence acharnée entre les factions au pouvoir. L’enjeu est le
contrôle de la rente pétrolière, de l’import-export et de l’économie plus
largement et mener à bien le capital.

Les médias veulent transformer Moussavi en dirigeant de ce mouvement alors
qu’il n’est rien d’autre qu’un fidèle au système de la République
Islamique. Par conséquent, il ne peut pas diriger un mouvement qui vise le
système de la république Islamique dans sa totalité.

Le régime de la République Islamique se maintient par la terreur et
l’oppression depuis 30 ans, mais cela ne fonctionne que tant que les
masses demeurent effrayées et inertes. Le régime veut se venger des jeunes
qui ont affirmé leur opposition au mépris de la peur et de la mort. Une
fois que le peuple laisse sa peur du régime de côté et entre en action, la
répression, la police secrète et toutes ses effroyables méthodes s’avèrent
souvent impuissants.

La ligne de démarcation avec le régime de la République Islamique dans sa
totalité, peut donner à ce mouvement la cohésion et la force nécessaires.
La lutte pour de véritables droits démocratiques, la liberté d’expression,
le droit de grève, le droit de tenir des élections libres, de constituer
des syndicats libres et des partis politiques ainsi que pour la justice
sociale et l’abolition de toutes les lois discriminatoires et châtiments
islamiques contre les femmes, séparation de la religion et l’état, et les
droits des peuples opprimés et des minorité religieuses passera par le
renversement du système de la République Islamique en tant qu’une
structure économique, politique, culturelle et juridique.

Ces Iraniens, qu’Ahmadinejad a traités de « poussières », se sont
soulevés. Et ces grains de poussière marqueront l’histoire.

Mahchid MODJAVERIAN et Azar DARAKHSHAN

Article publié le 4 septembre sur le site de la CGT ADDSEA :

http://cgtaddsea.wordpress.com/