Depuis que le monde est monde, et sans doute depuis un peu moins mais au moins depuis Charles Dickens, il ne nous était pas arrivé de voir un tel conte de fée se dérouler sous nos yeux, la nation du Ku Klux Klan et des génocides planétaires, la nation des enfants napalmés, la nations des bombardements massifs de population, la première nation établissant officiellement la torture comme fonctionnement naturel de gestion des récalcitrants à son ordre de fer, la nation exterminatrice des peuples, des âmes et des coutumes non-marchandes, cette nation responsable majoritairement de l’état désastreux de la planète, de l’économie et des peuples humains, cette nation au lieu d’être mise au ban et combattue pour ce qu’elle était, la continuation physique de l’oeuvre nazie, cette nation élisait comme président un Noir non Américain d’origine Africaine, Barak Obama.

Yes they can

Et le monde en fut changé, ces grosses brutes sans compassion ni empathie pour les femmes et les enfants mutilés, sans remord ni vergogne pour les ressources naturelles pillées, sans conscience ni morale face au pillage des économies mondiales, ces maîtres du monde drapés de leur arrogance étoilé, fumant au dessus du tonneau de poudre en ricanant de leurs blagues texanes, ces habitants d’univers impitoyables glorifiant les lois des plus forts, ces assassins de présidents démocratiquement élus, ces formateurs de terroristes, ces créateurs de dictatures parmi les plus sanglantes de l’humanité, ces adorateurs de sectes prévoyant un monde d’élus et d’exterminés, ces fous de dieu, ces nouveaux croisés de la déraison religieuse, devenaient presque nos égaux, pour ainsi dire nos frères revenus à la raison, absous de tout crime, exonérés de toute agression future, alliés en confiance de l’humanité, Margot et Belle Hélène eurent une larme à l’oeil, l’humanité allait survivre.

Il n’était pas encore minuit

Mais le bal commençait, la mythologie des surhommes a tendance à nous leurrer d’espoirs, par ses qualités exceptionnelles le prince charmant aura la force de bousculer le monde dans l’intérêt du plus grand nombre, en s’affranchissant des grands intérêts privés dominant notre société mondiale, aux Etats-Unis et dans l’ensemble du monde, on croit à un nouveau sauveur, Barak Obama, bien aidé en cela par ce que l’on croyait être le pire, la gestion du Parti Républicain, de Reagan à Bush, a été d’une telle agressivité à l’extérieur et d’un tel conservatisme réactionnaire à l’intérieur qu’Obama ne peut apparaître que comme l’incarnation d’un ange progressiste, il va instaurer un système de protection sociale efficace, il stoppera la régression des libertés aux Etats-Unis et obtiendra le procès des gestionnaires et des initiateurs de Guantanamo, il assurera une redistribution juste des revenus entre les américains pauvres (près de 50 millions) et les riches, il dévoilera les dessous des cartes des terribles machinations américaines et fera rentrer tous ses soldats at Home.

But he cannot

Les miracles n’existent pas, la structure de la société américaine s’y oppose, l’inégalité ne cesse d’augmenter, l’écart entre les pauvres et les riches en 1980 était de 1 à 200, en 2006 l’écart est de 1 à 976, l’imposition des privilégiés n’a cessé de baisser, 94 % en 1944, 35 % en 2006, le résultat est l’extraordinaire puissance des plus riches et une plus grande faiblesse de ceux qui n’ont que des revenus modestes, et que dire de ceux qui ont tout perdu récemment et de ceux qui n’avaient déjà rien, Obama veut-il et peut-il bousculer l’ordre intérieur américain, pour ce qui est de la diplomatie extérieure, pour reprendre les mots de Noam Chomsky, c’est la guerre en guise de politique étrangère depuis des décennies, y compris avec les présidents démocrates, les troupes américaines et leurs supplétifs locaux ont multiplié les interventions au détriment de l’indépendance des Etats et des peuples, Washington a, selon des analyses dignes des primates, distingué le Bien et le Mal , dénoncé les Etats Voyous, et violé systématiquement la légalité internationale.

Minuit passé, voici la citrouille

Obama a déclaré fermement qu’il ne stopperait pas les ingérences américaines dans le monde (en Afghanistan, notamment), il ne renoncera pas à une politique de force alors qu’elle soutient l’économie américaine, même si l’affaire irakienne a couté 3 000 milliards de dollars aux contribuables américains, mais rapporté beaucoup plus aux officines privées des faiseurs de guerre qui l’ont laissé accéder à la Maison Blanche, Obama a déjà, dans son discours, retardé le départ d’Irak des troupes US, a annoncé son intention de les redéployer en Afghanistan, il continue à menacer l’Iran, appuyé néanmoins aux Nations-Unies par 118 états, et à soutenir sans réserve Israël contre les Palestiniens, il n’a rien fait pour Gaza, certes la personnalité d’Obama est très petit prince, c’est la loi des contes de fées, en Europe, la citrouille social libérale se fait carrosse périodiquement, cela fait patienter, Obama va offrir aux Etats-Unis discrédités une image plus séduisante, et continuer de bien travailler pour les patrons du monde, c’est à dire faire la guerre et gérer les pauvres d’Amérique à la sauce dictateur, c’est la loi des crises.
Christian Hivert, le libonés, le 17 Juillet 2009