Lettre à l’opinion française

La Bolivie, au cours de son histoire a vu se succéder des dictatures et la « démocratie ». Mais, quel que soit le régime politique, elle a toujours été sous la coupe de quelques familles qui se sont partagées les hautes charges de l’Etat et ont disposé, pour leur seul profit, des ressources naturelles d’un pays où la majorité de la population doit vivre avec 1 dollar par jour.

Sanchez de Lozada est arrivé pour la deuxième fois au pouvoir en août 2002 avec seulement 20% des votes au cours d’élections générales qui n’ont connu que 35% de participation.

Depuis fin Septembre et durant tout le mois d’Octobre, la Bolivie a traversé une crise politique très grave.

La grande majorité du peuple opprimé et extrêmement pauvre s’est organisée afin de répondre à la vente du gaz national. Il n’était plus concevable pour le peuple bolivien que les gouvernements qui se suivent bradent leurs ressources naturelles, comme ce fut déjà le cas des mines, des télécommunications, de l’eau (Entreprise Française), de l’électricité (Entreprise Espagnole) et de bien d’autres.

Face à ce mouvement populaire et spontané, le gouvernement a décidé, dès le départ, de répondre par une répression féroce, active et sans répit. Dès la mi-Septembre, il massacrait à Warisata, puis à El Alto. On dénombre aujourd’hui, plus de 100 morts dans tout le pays.

Après le massacre de Warisata, la ville de El Alto est devenue l’épicentre d’une insurrection qui s’est généralisée à Cochabamba, Potosi ou Oruro, et s’est transformée en un champ de bataille où le peuple bolivien a lutté en transformant chaque coin de rue en barricades pour résister à la répression.

La Centrale Ouvrière Bolivienne (COB) a appelé à une grève générale indéfinie qui, au fil des jours, s’est étendue. Les comités de voisinage (Juntas Vecinales), les différentes organisations de travailleurs, les paysans et les mineurs de l’Altiplano qui ont marché sur La Paz, ont organisé des manifestations de dizaines de milliers de personnes jusqu’au siège du gouvernement afin de demander la démission du président Sanchez de Lozada, ‘El Gringo’, qui a du la donner le 17 Octobre 2003.

Aujourd’hui un nouveau président a assumé le pouvoir mais pour l’instant aucune des demandes populaires n’a été satisfaite.

Le résumé ci dessous de certaines résolutions adoptées en assemblée populaire au sein de la COB exprime pour l’essentiel les demandes exprimées et auxquelles nous apportons notre solidarité :

Annulation de la Loi sur les Hydrocarbures.

Révision de tous les contrats de privatisations.

Annulation de la Loi INRA, respect de la propriété communautaire et opposition à la commercialisation des terres.

Restitutions des droits sociaux aux travailleurs boliviens.

Relance de l’appareil productif national, refus du principe de « libre échange », NON à L’ALCA.

Poursuites pénales contre les responsables du massacre durant la « guerre du gaz », tuerie perpétrée contre la population bolivienne mobilisée pour la défense des ressources naturelles et la « démocratie ».

Annulation de la Loi de Sécurité urbaine.

Enfin, nous avertissons l’opinion française que ces massacres peuvent se répéter.
Pour cette raison, nous exigeons des organismes internationaux et des gouvernements qu’ils cessent de soutenir les gouvernements assassins responsables des massacres des populations et de cautionner le pillage des ressources naturelles par des entreprises transnationales et l’imposition d’un modèle économique qui appauvrit les boliviens chaque jour davantage.

Pour les appuyer activement, il faut que nous organisions ici à Paris et partout en France, comme cela a déjà été fait à Buenos Aires, Sao Paolo ou Mexico; le Collectif Bolivia.
Aussi, nous appelons, les associations populaires et culturelles, les organisations, les travailleurs et individus ainsi que la communauté bolivienne résidant en France à soutenir leurs frères boliviens qui ont combattu et à participer à ce comité formé sur les bases les plus larges possibles en solidarité avec les luttes de tous les peuples opprimés de Bolivie.

Collectif BOLIVIA.
C/O CICP
21 Ter Rue Voltaire
75010 PARIS France