« Guerre impérialiste = barbarie »

Le fiasco sanglant auquel a abouti l’invasion de l’Irak par la « coalition » dirigée par les États-Unis en 2003, marque un moment fatidique dans le développement de la guerre impérialiste vers la destruction même de la société. Quatre ans après l’invasion, bien loin d’être « libéré », l’Irak s’est transformé en ce que les journalistes bourgeois appellent pudiquement « une société en panne », où la population, après avoir subi les massacres de la Guerre du Golfe de 1991, puis avoir été saignée à blanc pendant une décennie de sanctions économiques[1], est soumise quotidiennement aux attentats suicides, aux pogromes de divers « insurgés », aux assassinats des escadrons de la mort du Ministère de l’Intérieur ou à l’élimination arbitraire par les forces d’occupation. Et la situation en Irak n’est que l’épicentre d’un processus de désintégration et de chaos militarisés qui s’étend en Palestine, en Somalie, au Soudan, au Liban, en Afghanistan et menace sans cesse d’engloutir de nouvelles régions du globe dont ne sont pas exclues les métropoles capitalistes centrales comme l’ont montré les attentats terroristes à New York, Madrid et Londres pendant la première décennie de ce siècle. Loin de construire un nouvel ordre au Moyen Orient, le pouvoir militaire américain n’a fait que répandre un chaos militaire croissant.

Ce qui est nouveau dans la guerre impérialiste aujourd’hui, ce n’est pas le niveau absolu de destruction, puisque les récents conflits militaires, tout en étant menés avec une puissance de feu bien plus mortelle qu’auparavant, au moins de la part des États-Unis, n’ont pas encore emporté dans l’abîme les principales concentrations de populations au cœur du capitalisme, comme ce fut le cas pendant les Première et Deuxième Guerres mondiales. Ce qui est différent, c’est que l’anéantissement de toute la société humaine qu’apporterait une telle guerre, apparaît aujourd’hui bien plus clairement. En 1918, Rosa Luxemburg comparait la barbarie de la Première Guerre mondiale au déclin de la Rome antique et aux années sombres qui ont suivi. Aujourd’hui, même cette comparaison dramatique semble inadéquate pour exprimer l’horreur sans fin que la barbarie capitaliste nous réserve. Malgré toute la brutalité et le chaos destructeur des deux guerres mondiales du siècle dernier, il existait toujours une perspective – même si elle était en fin de compte illusoire – de reconstruire un ordre social dans l’intérêt des puissances impérialistes dominantes. Les foyers de tension de l’époque contemporaine au contraire n’offrent aux protagonistes en guerre aucune autre perspective que de descendre encore plus dans la fragmentation sociale à tous les niveaux, dans la décomposition de l’ordre social, dans un chaos sans fin.

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[1] La mortalité infantile en Irak est passée de 40 pour 1000 en 1990 à 102 pour 1000 en 2005, The Times, 26 mars 2007.