LE PARTI SOCIALISTE FRANÇAIS AU SERVICE DU DISPOSITIF ISRAÉLO-AMÉRICAIN D’AGRESSION DE L’IRAN

L’échéance en serait rapprochée, voire très rapprochée, car la machine à intoxiquer le public parle désormais d’une attaque au mois d’avril (mois se trouvant coïncider avec celui de l’élection présidentielle, pour ce qui concerne la France, même si ce paramètre est fortuit et secondaire).

Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée Nationale, puis dans la foulée l’ineffable Jack Lang, conseiller « spécial » de la candidate Ségolène Royal, sont ainsi montés au créneau jeudi pour dénoncer les propos « impardonnables » qu’auraient tenus Jacques Chirac sur le dossier nucléaire iranien.

Cette polémique intervient dans le cadre d’un matraquage croissant de l’opinion publique mondiale sur la « dangerosité intrinsèque » non plus seulement des dirigeants de la République islamique, mais des Iraniens tout court, décrits de plus en plus souvent comme des « chiites qui mentent tout le temps » (ledit Chirac s’exprimant en termes à peine moins racistes lorsqu’il parle des Iraniens comme de « chiites ayant depuis l’origine une culture de minoritaires, ce qui forge un tempérament particulier » ; l’an dernier, Chirac avait d’autre part montré qu’il n’était pas moins belliciste que ses alliés israélien et américain, en menaçant l’Iran d’une attaque nucléaire française, si d’aventure les « approvisonnements énergétiques » de la France venaient à être perturbés).

Or, qu’a donc dit Chirac, dans une interview accordée lundi à trois représentants du Nouvel Observateur, du New York Times et de l’International Herald Tribune ?

Sur le dossier nucléaire iranien, rien en fait qui s’écarte de la ligne de confrontation et de menace développée par Israël et ses soutiens occidentaux (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne), autant de puissances possédant l’arme nucléaire (et s’en étant déjà servie, dans le cas des Etats-Unis) : l’Iran ne doit pas acquérir l’arme nucléaire, et ne doit pas recourir à l’étape technologique (l’enrichissement de l’uranium) qui en entr’ouvre la porte.

Chirac a de ce point de vue répété que l’éventuelle acquisition, par la République islamique, de l’arme nucléaire était une éventualité « dangereuse », « très dangereuse », avant de souligner que ce danger n’était pourtant pas d’ordre strictement militaire.

A supposer que l’Iran acquière d’ici quelque temps « une bombe nucléaire, peut-être une deuxième un peu plus tard, cela ne lui servira à rien », a dit Chirac. En effet, a-t-il poursuivi, « Où l’Iran enverrait-il cette bombe ? Sur Israël ? Elle n’aura pas fait 200 mètres dans l’atmosphère que Téhéran sera rasée ». Le danger, a enfin indiqué Chirac, tiendrait au risque de prolifération régionale (à l’Arabie saoudite, à l’Egypte …), sans bien évidemment rappeler que le premier facteur de prolifération régionale est depuis des années constitué par les armes de destruction massives israéliennes.

Les experts militaires du monde entier, qu’il s’agisse de généraux israéliens, iraniens ou occidentaux, savent parfaitement que Chirac, en résumant le rapport de forces, y compris futur, entre un Iran éventuellement nucléaire, et un bloc israélo-occidental possédant des milliers de bombes atomiques, est exact.

Israël, qui semble jouer présentement le rôle moteur, au sein du couple qu’il forme avec les Etats-Unis, pour déclencher des bombardements sur l’Iran, s’est même récemment doté de ce que les stratèges appellent une « capacité de deuxième frappe » au cas où des centres vitaux du pays seraient touchés : il s’agit, en l’occurrence, de sous-marins (achetés à l’Allemagne) spécialement reconfigurés pour emporter des missiles à têtes nucléaires, susceptibles d’être tirés depuis n’importe quel point du globe, vers n’importe quelle cible.

Cela n’empêche pas les dirigeants israéliens (et leurs alliés dans le monde entier, de la Maison-Blanche à Berlin, en passant par le CRIF ou le Parti socialiste) de faire campagne pour détruire le programme nucléaire iranien, quand bien même celui-ci n’aurait que des applications civiles.

Détruire les installations nucléaires iraniennes (et tuer quelques milliers, dizaines ou centaines de milliers d’Iraniens victimes de « dommages collatéraux ») n’est pas une mesure de défense militaire, a avoué récemment, dans le Jerusalem Post, le général Ephraim Sneh, le dirigeant israélien le plus virulent, dans ses propos, sur le dossier iranien.

C’est néanmoins une nécessité absolue pour sauvegarder « le rêve sioniste », a-t-il poursuivi. En substance, a expliqué le général, vice-ministre de la Défense, si l’Iran acquiert la maîtrise du nucléaire, quand bien même celui-ci ne serait que civil, cela aurait pourrait avoir un effet dévastateur sur la démographie juive d’Israël : moins de Juifs candidats à l’immigration, et plus d’Israéliens (juifs) candidats à l’émigration. « On ne peut pas prendre de risques, il faut éviter un Iran nucléaire, à n’importe quel prix », martèlent donc Sneh et les siens.

La candidate du PS à l’élection présidentielle, Ségolène Royal, a publiquement endossé ce point de vue, lors de son voyage en Israël aussitôt après son intronisation, en étant la première à se prononcer, en termes encore plus explicites que Sneh, sur son opposition à toute accession de l’Iran au nucléaire, même exclusivement civil. Dans la bouche d’un chef d’Etat (emploi auquel aspire Ségolène Royal), cela équivaut à une déclaration de guerre à l’Iran.

Ségolène Royal n’est pas revenue sur sa déclaration, et ses lieutenants Ayraud et Lang non plus. Et le CRIF, qui organise un meeting, le 13 février prochain à la Mutualité à Paris, « Contre la menace iranienne », indique sur son site que Ségolène Royal a donné son « accord de principe » pour y participer (tout comme l’auraient donné, toujours selon le CRIF, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Bertrand Delanoë ou la sénatrice communiste Nicole Borvo)

Par CAPJPO-EuroPalestine

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