Sous le titre « Sarkozy, grandi par ses lyncheurs », Ivan Rioufol se livre à une défense et illustration du ministre de l’Intérieur, dont la teneur en dit long sur la dérive d’une droite désormais décomplexée dans la reprise des thèmes extrémistes et autoritaires, sinon ethnicistes.

Exemples : « Sarkozy à son tour, bouc émissaire d’une flopée de bien penseurs en dépôt de bilan » [où I. Rioufol met la gauche, mais aussi le « villepiniste Azouz Begag » et Jean-Louis Debré !], « Les reproches faits au ministre de l’intérieur pour ses opérations de police sont autant d’arguments offerts aux voyous, qui se disent agressés et veulent être vouvoyés. (…) Ni la police, ni l’habitat, ni le chômage ne suffisent à expliquer la dérive des cités (…) L’envie de tuer habite ceux qui tendent des pièges aux policiers (…) Les guérillas civiles, mimant la résistance palestinienne mettent en scène une fracture culturelle. (…) La France saura-t-elle ( …) cesser de se croire coupable ? » Etc.

Mais le plus intéressant est que cette prose s’achève par un éloge inattendu de la démocratie « participative ». Pour finir, Ivan Rioufol salue la « cohérence » de Ségolène Royal, même si « un sérieux doute demeure sur son désir d’appeler un chat un chat. »

Explication d’Ivan Rioufol :

« La droite aurait tort de s’arrêter à son manque apparent d’intuitions [Ségolène Royal]. L’infirmière en chef que joue Royal répond aux attentes de Français qui veulent être écoutés. Et la démocratie participative, déjà testée sur l’agglomération nantaise par Jean-Marc Ayrault, premier ministrable royaliste, pourrait se révéler, pour la droite aussi, un bon outil pour écouter « les battements du cœur et la respiration quotidienne » (Jean-Joseph Régent, Nantes, « Clefs pour le futur », l’Aube) d’une société en constante évolution. »

Peut-être que les historiens du futur noteront ce phénomène insolite de ce début de siècle :

Quand la gauche modérée et la droite la plus dure reprennent au léninisme et au trotskysme leur méthode spécifique, ce génie manageur qui avait déjà permis de neutraliser et de stériliser le mouvement syndical et associatif depuis près de cent ans.
Comment ? En imposant à la société civile un labyrinthe organisationnel et pyramidal, illisible et proliférant, sous prétexte de « proximité » et de « concertation ». Ceci afin d’épuiser les meilleures volontés qui s’y perdent.

Et d’achever de vider de sens la démocratie, au moment où par ailleurs on démolit méthodiquement les conquêtes économiques et sociales de la Résistance et de la Libération, qui fondaient le vivre ensemble.

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Nota : Ivan Rioufol connaît bien la réalité nantaise pour avoir été longtemps journaliste local à « Presse-Océan ».
Jean-Joseph Régent est un ancien chef d’entreprise qui a été désigné en 1996 par le maire socialiste de Nantes Jean-Marc Ayrault pour coiffer le tout nouveau « Conseil de développement », sorte de conseil économique et social consultatif, dont tous les membres sont désignés et non élus par leur base, futur laboratoire nantais des comités de concertation citoyenne, généralisés plus tard par Jospin.

http://www.lesechos.fr/reseaux-pouvoir/ville/nantes/jjregent.htm

http://www.nantes-citoyennete.com/fonction/president.html

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